Obama exhorte l'Amérique à s'interroger sur la place des armes à feu


Vendredi 4 Décembre 2015 - 16:02
AFP


"Nous allons devoir nous interroger, en tant que société, afin de prendre les mesures simples qui rendraient non pas impossible, mais plus difficile, l'accès aux armes".


Au lendemain de la fusillade sanglante de San Bernardino en Californie, Barack Obama a jugé jeudi que l'Amérique ne pouvait faire l'économie d'une véritable réflexion sur les armes, quelles que soient les motivations des tireurs qui restent à ce stade mystérieuses: terrorisme, vengeance liée à un conflit sur le lieu de travail, voire un mélange des deux.

Le couple, qui a tué 14 personnes, disposait d'un arsenal colossal: plus de 6.500 cartouches de fusils d'assaut et d'armes de poing ont été retrouvées par la police dans la maison, la voiture et sur le couple de suspects. Douze engins explosifs artisanaux ont été retrouvés à leur domicile.

"Nous ne pouvons pas simplement laisser (les forces de sécurité) s'occuper de ces horribles fusillades. Nous avons un rôle à jouer", a lancé le président américain, la voix blanche, les traits tirés, lors d'une brève déclaration depuis le Bureau ovale.

Depuis son arrivé au pouvoir, en janvier 2009, le président américain affiche sa volonté de durcir la législation sur ce thème. Mais se heurte immanquablement à l'opposition du Congrès (où les deux chambres sont dominées par les républicains).

Tragédie après tragédie, il en est réduit à exprimer sa colère, à constater son impuissance.

"Nous ne devrions jamais considérer que cela fait partie du cours normal des choses", lançait-il mercredi, quelques heures après la fusillade de San Bernardino, déplorant des scènes qui se répètent à travers les Etats-Unis et sont "sans équivalent ailleurs dans le monde".

"Nos pensées et nos prières ne suffisent pas. Cela n'a aucun sens!", lâchait-il le 1er octobre 2015, quelques heures après une fusillade qui a fait dix morts dont le tireur dans une université de l'Oregon.

"Trop longtemps, nous avons ignoré le chaos que les armes à feu provoquent dans notre pays", déplorait-il le 26 juin 2015 à Charleston, en Caroline du Sud, lors de l'éloge funèbre du pasteur Clementa Pinckney, tombé, avec huit autres Noirs sous les balles d'un jeune partisan de la suprématie blanche.

- Deuxième amendement -

Lorsqu'en décembre 2012, 26 personnes dont 20 enfants âgés de 5 à 10 ans avaient trouvé la mort dans une école de Newtown (Connecticut), l'onde de choc fut telle que même les plus sceptiques évoquaient une possible évolution législative. A peine quatre mois plus tard pourtant, les élus sonnaient le glas d'une réforme, M. Obama dénonçait "un jour de honte pour Washington".

Avec environ 270 millions d'armes en circulation, les Etats-Unis sont le pays développé avec le taux le plus élevé d'armes à feu par habitant. Et la plupart des armes utilisées dans les tueries de masse ont été acquises légalement.

Farouchement opposé à tout durcissement de la législation, le puissant lobby des armes invoque immanquablement le deuxième amendement de la Constitution.

Ce dernier stipule qu'"une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un Etat libre, il ne pourra être porté atteinte au droit du peuple de détenir et de porter des armes".

Mais ce paragraphe, ratifié en 1791, donne lieu à de multiples interprétations et est coeur d'innombrables procédures judiciaires.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a dès jeudi matin mis en garde contre toute décision hâtive: "Le pire serait de se précipiter pour +faire quelque chose+ qui ne servirait finalement à rien", a-t-il lancé sur la chaîne MSNBC.

Appelant à d'abord faire appliquer les lois existantes, il a aussi insisté sur les troubles psychiatriques dont souffrent les auteurs de nombre de fusillades, réclamant une réforme en profondeur sur ce thème.


           

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