M. Obama, le premier dirigeant noir des Etats-Unis, doit prononcer un discours à la bibliothèque présidentielle Johnson à Austin (Texas, sud) à l'occasion d'un sommet sur les droits civiques auquel participeront aussi trois de ses quatre prédécesseurs encore en vie: Jimmy Carter, Bill Clinton et George W. Bush.
Cette intervention à l'ombre de "LBJ" (1908-1973) prend une signification particulière pour M. Obama, dont l'approche nuancée de l'exercice du pouvoir est souvent défavorablement comparée au style sans états d'âme de celui qui occupait la Maison-Blanche il y a un demi-siècle.
Le Texan d'extraction modeste, qui gravit toutes les marches du pouvoir (représentant, sénateur, chef de la majorité du Sénat, vice-président et président), est en effet resté célèbre pour le "traitement Johnson", mélange de pressions, de cajoleries et de menaces sur les élus du Congrès, réputé lui avoir permis de faire adopter son programme ambitieux lors de ses cinq années au pouvoir, de fin 1963 au début 1969.
Les réformes de société promulguées par Johnson, des droits civiques (1964 et 1965) à la couverture santé des personnes âgées Medicare (1966) sont en effet restées dans l'histoire, tandis que M. Obama, malgré sa réforme de l'assurance-maladie en 2010, a vu ses ambitions paralysées par le Congrès au bout de deux ans de mandat.
Le président est en outre réputé abhorrer la comédie du pouvoir et les tractations de couloir. Il ne fréquente pas la scène sociale de Washington, préférant passer ses soirées à travailler ou en famille à la Maison-Blanche.
Les collaborateurs de M. Obama ne cachent pas leur irritation lorsque l'on compare le bilan et le style de "LBJ" à celui de l'occupant actuel du 1600 Pennsylvania Avenue. L'un d'entre eux, refusant d'être cité, concède que Johnson a su prendre l'initiative après l'assassinat de son prédécesseur John F. Kennedy, et faire adopter ses réformes dites de la "Grande société".
- Pas d'Obama sans LBJ -
Mais ce responsable note aussi que Johnson a bénéficié de larges majorités au Congrès, alors que M. Obama a été forcé de cohabiter avec des républicains peu enclins au compromis.
Le président a d'ailleurs remarqué, dans des déclarations publiées en janvier par le New Yorker, que l'influence de Johnson avait décliné avec ses majorités au Congrès.
"Il existe certaines réalités institutionnelles structurelles dans notre système politique qui n'ont pas grand chose à voir" avec l'engagement personnel, s'est-il défendu.
Contrairement à M. Obama, Johnson, bourreau de travail et fanatique du téléphone, était "l'animal politique par excellence", estime Randall Woods, auteur d'un livre sur "LBJ".
"Il connaissait tous les élus du Congrès et leurs circonscriptions", ajoute cet historien, en trouvant toutefois des circonstances atténuantes à M. Obama, qui évolue dans une période d'intense polarisation de la vie politique.
Johnson, qui a réussi à contourner les démocrates sudistes, hostiles aux droits civiques, n'a en effet pas dû se heurter à un front du refus républicain.
Pour Patrick Maney, professeur d'histoire au Boston College, "LBJ" n'aurait pas mieux fait que son lointain successeur avec les mêmes cartes en main. Il met d'ailleurs en garde contre une légende embellissant avec le temps.
Le Texan "est devenu presque surhumain", explique-t-il, en soulignant que Johnson et M. Obama sont issus de deux moules très différents. Contrairement à "LBJ", le 44e président était un nouvel arrivant sur la scène politique, et a mené une campagne de "rupture" alors que Johnson incarnait la continuité.
Une chose est sûre, selon M. Woods: il n'y aurait pas eu de président Obama sans l'impulsion de Johnson sur les droits civiques. "Nous aurions eu un président noir, en fin de compte, mais (...) je ne pense pas que cela se serait produit si vite", estime l'historien.
Cette intervention à l'ombre de "LBJ" (1908-1973) prend une signification particulière pour M. Obama, dont l'approche nuancée de l'exercice du pouvoir est souvent défavorablement comparée au style sans états d'âme de celui qui occupait la Maison-Blanche il y a un demi-siècle.
Le Texan d'extraction modeste, qui gravit toutes les marches du pouvoir (représentant, sénateur, chef de la majorité du Sénat, vice-président et président), est en effet resté célèbre pour le "traitement Johnson", mélange de pressions, de cajoleries et de menaces sur les élus du Congrès, réputé lui avoir permis de faire adopter son programme ambitieux lors de ses cinq années au pouvoir, de fin 1963 au début 1969.
Les réformes de société promulguées par Johnson, des droits civiques (1964 et 1965) à la couverture santé des personnes âgées Medicare (1966) sont en effet restées dans l'histoire, tandis que M. Obama, malgré sa réforme de l'assurance-maladie en 2010, a vu ses ambitions paralysées par le Congrès au bout de deux ans de mandat.
Le président est en outre réputé abhorrer la comédie du pouvoir et les tractations de couloir. Il ne fréquente pas la scène sociale de Washington, préférant passer ses soirées à travailler ou en famille à la Maison-Blanche.
Les collaborateurs de M. Obama ne cachent pas leur irritation lorsque l'on compare le bilan et le style de "LBJ" à celui de l'occupant actuel du 1600 Pennsylvania Avenue. L'un d'entre eux, refusant d'être cité, concède que Johnson a su prendre l'initiative après l'assassinat de son prédécesseur John F. Kennedy, et faire adopter ses réformes dites de la "Grande société".
- Pas d'Obama sans LBJ -
Mais ce responsable note aussi que Johnson a bénéficié de larges majorités au Congrès, alors que M. Obama a été forcé de cohabiter avec des républicains peu enclins au compromis.
Le président a d'ailleurs remarqué, dans des déclarations publiées en janvier par le New Yorker, que l'influence de Johnson avait décliné avec ses majorités au Congrès.
"Il existe certaines réalités institutionnelles structurelles dans notre système politique qui n'ont pas grand chose à voir" avec l'engagement personnel, s'est-il défendu.
Contrairement à M. Obama, Johnson, bourreau de travail et fanatique du téléphone, était "l'animal politique par excellence", estime Randall Woods, auteur d'un livre sur "LBJ".
"Il connaissait tous les élus du Congrès et leurs circonscriptions", ajoute cet historien, en trouvant toutefois des circonstances atténuantes à M. Obama, qui évolue dans une période d'intense polarisation de la vie politique.
Johnson, qui a réussi à contourner les démocrates sudistes, hostiles aux droits civiques, n'a en effet pas dû se heurter à un front du refus républicain.
Pour Patrick Maney, professeur d'histoire au Boston College, "LBJ" n'aurait pas mieux fait que son lointain successeur avec les mêmes cartes en main. Il met d'ailleurs en garde contre une légende embellissant avec le temps.
Le Texan "est devenu presque surhumain", explique-t-il, en soulignant que Johnson et M. Obama sont issus de deux moules très différents. Contrairement à "LBJ", le 44e président était un nouvel arrivant sur la scène politique, et a mené une campagne de "rupture" alors que Johnson incarnait la continuité.
Une chose est sûre, selon M. Woods: il n'y aurait pas eu de président Obama sans l'impulsion de Johnson sur les droits civiques. "Nous aurions eu un président noir, en fin de compte, mais (...) je ne pense pas que cela se serait produit si vite", estime l'historien.