Entretemps, des flots de tweets indignés ou moqueurs ont dénoncé des "propos insultants" et une paranoïa digne de la série à succès "Homeland", qui met en scène le retour d'un otage soupçonné d'avoir été converti par ses ravisseurs islamistes radicaux.
Interrogé depuis Moscou par la presse sur les propos de Marine Le Pen, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a répondu : "Vous croyez que ce genre de propos mérite le moindre commentaire? Non, aucun".
Acte 1 : la présidente du Front national qui, comme son père, n'a jamais craint de dénoncer ce qu'elle considère comme un "système" politico-médiatique, casse le consensus autour de la libération des quatre hommes retenus trois ans durant au Sahel dans des conditions extrêmes.
Sur Europe 1, elle assure que la séquence du retour retransmise en direct, mercredi à la télévision, l'a laissée "dubitative". "J'ai trouvé ces images étonnantes, cette extrême réserve étonnante, leur habillement étonnant".
"J'ai ressenti un malaise et je pense que je n'ai pas été la seule", poursuit Mme Le Pen. "C'est ce qu'ont ressenti beaucoup de Français".
Pressée de s'expliquer, l'eurodéputée développe : "on avait l'impression d'avoir des images d'hommes qui étaient très réservés, c'est le moins qu'on puisse dire, les deux qui portaient la barbe taillée d'une manière assez étonnante, l'habillement était étrange".
"Cet otage avec le chèche sur le visage...Tout ça mérite peut-être quelques explications de leur part", risque-t-elle.
Pense-t-elle qu'ils ont été islamisés pendant leur détention par des ravisseurs extrémistes ? "Je n'irai pas jusqu'à faire des théories, je ne serais pas dans mon rôle".
Acte 2 : Les twittos se déchaînent. "A venir dans le programme du #FN, une police de la pilosité politique", s'interroge l'un d'eux. Le père Noël fera-t-il les frais de la suspicion anti-barbes, ironise un autre.
Le Monde daté de vendredi clame en une "Le dérapage de Marine Le Pen".
Les réactions politiques s'amorcent. Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, dénonce dans un tweet une "invraisemblable indécence". Porte-parole du PS, Eduardo Rihan-Cypel assure: "On a le sentiment que Mme Le Pen est tellement aveuglée par la haine des musulmans qu’elle n’arrive pas à partager la joie de toute la nation".
Sur son compte twitter, le Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, condamne des "déclarations honteuses et antipatriotiques".
Acte 3 : Marine Le Pen s'efforce de revenir sur ses propos. "Manifestement, je me suis exprimée de manière maladroite puisqu'il ne s'agissait en aucun cas dans mon esprit, d'émettre la moindre critique à l'égard des otages", assure-t-elle sur RTL. "Dont, tout à fait évidemment je me réjouis de la libération".
Elle explique ensuite dans un communiqué qu'elle avait dans son viseur non pas les otages, mais
"Il faut rompre avec ce qui est devenu une tradition française profondément malsaine d'instrumentalisation politique des libérations d'otages. Elles ne sont ni des meetings électoraux ni des émissions de téléréalité", tance-t-elle. "Il serait bon que nos dirigeants s'en souviennent".
Des explications qui n'avaient nullement tari, à la mi-journée, les commentaires caustiques et parfois très violents contre elle sur les réseaux sociaux.