Otages japonais de l'EI: Tokyo active tous les canaux internationaux


Mercredi 21 Janvier 2015 - 17:42
AFP


Tokyo - Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a donné mercredi l'ordre à son gouvernement d'activer tous les canaux internationaux pour faire libérer deux ressortissants du Japon menacés d'exécution par le groupe Etat islamique (EI), qui lui a posé mardi un ultimatum de 72 heures.


Otages japonais de l'EI: Tokyo active tous les canaux internationaux
"C'est une bataille difficile contre le temps, mais j'ai enjoint aux ministres de faire tous les efforts possibles pour obtenir la libération des deux otages en employant tous les canaux diplomatiques et autres voies possibles", a déclaré le chef du gouvernement nippon qui a de nouveau affirmé qu'"il ne céderait pas aux menaces des terroristes".

Tout juste rentré d'Israël après un séjour écourté au Proche-Orient, M. Abe venait de présider une réunion avec ses équipes.

"J'ai rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas et je lui ai demandé sa coopération", a expliqué à la presse M. Abe qui dit avoir fait de même avec les dirigeants d'Egypte, de Jordanie et de Turquie via des entretiens téléphoniques.

"Ils m'ont assuré de faire de leur mieux pour trouver une issue favorable", a poursuivi le Premier ministre, visiblement tendu et prudent dans le choix de ses mots.

- Une vidéo retouchée ? -

L'organisation jihadiste a averti mardi qu'elle exécuterait les Japonais Haruna Yukawa et Kenji Goto à moins que ne lui soit versée dans les 72 heures une rançon de 200 millions de dollars, montant égal à l'aide non militaire promise par M. Abe aux pays touchés par l'offensive de l'EI qui s'est emparé de larges pans de territoire en Syrie et en Irak.

Le Japon, qui a confirmé mercredi l'identité des deux hommes, a réagi avec fermeté pour exiger la libération "immédiate" des otages.

Les Etats-Unis ont eux aussi demandé qu'ils soient relâchés sur le champ, "soutenant pleinement" leur allié nippon.

L'authenticité de la vidéo postée par l'EI n'a pu être formellement établie, mais la mise en scène est comparable à celle des précédentes vidéos dans lesquelles l'EI avait revendiqué l'exécution de deux journalistes et trois humanitaires occidentaux, enlevés en Syrie.

D'aucuns soulignent cependant des bizarreries, comme la direction divergente des ombres des deux otages prétendument filmés au soleil ainsi que les mouvements non synchrones de leurs tuniques en apparence agitées par le vent.

Des spécialistes japonais supposent qu'il s'agit d'un montage et que le tournage a pu avoir lieu en plusieurs fois, à l'intérieur, avec des éclairages artificiels.

Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a indiqué que Tokyo "vérifiait la vidéo". Il a ajouté qu'une cellule de crise avait été installée en Jordanie où est dépêché le vice-ministre des Affaires étrangères, Yasuhide Nakayama.

La chaîne de télévision NHK dit quant à elle s'être entretenue par messagerie en ligne avec un "porte-parole de l'EI" qui "de facto reconnaît les faits" et ajoute à propos de la rançon exigée: "ce n'est pas que l'on ait besoin d'argent. Il ne s'agit pas d'un combat économique, c'est un combat psychologique".

- Tokyo compte sur l'appui de la France -

Face à ce défi, le Japon a aussi sollicité mardi l'aide de la France sur ce dossier "qui rappelle à l'archipel que le terrorisme n'est pas lointain", comme le souligne la presse de mercredi.

Le ministre des Affaires étrangères, Fumio Kishida, en visite à Londres, a téléphoné mardi soir à son homologue français, Laurent Fabius, qui s'est engagé à agir "en étroite collaboration avec les autorités nippones pour parvenir à une solution la plus rapide possible", selon les diplomates japonais.

M. Kishida, qui a qualifié de "déplorables" les actes terroristes, a aussi appelé mercredi matin le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, qui a jugé "inadmissible la façon de procéder du groupe EI" et s'est engagé à livrer des informations au Japon entre autres formes de soutien.

Les deux otages étaient entrés en Syrie pendant l'été et l'automne derniers, et le contact avait été perdu avec eux depuis plusieurs semaines.

L'un d'eux, identifié comme Haruna Yukawa, 42 ans, était apparu dans une précédente vidéo diffusée en août dans laquelle on le voyait être brutalement interrogé par ses ravisseurs, vraisemblablement dans la province septentrionale d'Alep. Il dirige une petite firme appelée Private Military Company (PMC) dont la mission est "de secourir des Japonais à l'étranger".

Le second otage, Kenji Goto, né en 1967, est un journaliste indépendant qui fournissait des reportages sur le Moyen-Orient aux chaînes de télévision japonaises et était aussi actif dans le domaine humanitaire.


           

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