Ouverture du procès de la meurtrière du banquier Edouard Stern


Mercredi 10 Juin 2009 - 10:48
Reuters


La Française Cécile Brossard, 40 ans, comparaît ce mercredi devant la cour d'assises de Genève pour le meurtre, qu'elle a avoué, de son amant de longue date, le sulfureux banquier Edouard Stern.


Edouard Stern
Edouard Stern
Trente-huitième fortune de France, ami du président Nicolas Sarkozy et de l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius, Stern avait été retrouvé abattu dans sa garçonnière de Genève le 28 février 2005, à l'âge de 50 ans.

Revêtu d'une combinaison intégrale en latex de couleur chair, que la police a associé à une pratique sadomasochiste, son corps était criblé de quatre balles, dont deux dans la tête, que Brossard a dit avoir tirées avec le pistolet de son amant à la suite d'une dispute d'argent.

Ce meurtre, associant sexe, pouvoir et richesse, avait secoué les milieux soucieux de discrétion de la finance de la cité riveraine du lac Léman.

Le différend financier portait sur une somme de plus d'un million de dollars que Stern avait déposé sur le compte bancaire suisse de sa maîtresse à la demande de celle-ci au titre de "preuve de son amour pour elle".

Le banquier français s'était ensuite ravisé, avait demandé à Brossard de lui restituer la somme et, devant son refus, en avait bloqué l'utilisation. "Un million, c'est cher payé pour une pute", aurait-il dit, selon les avocats de Brossard, la nuit de leur altercation fatale.

"Cette phase est extrêmement humiliante et marque la fin de tous les espoirs qu'elle avait placés dans leur relation", a expliqué à Reuters Me Alec Reymond, qui plaidera les circonstances atténuantes et affirme que sa cliente "a une grande soif de s'expliquer.

"UNIS POUR LA VIE"

L'accusée a déjà expliqué aux enquêteurs qu'elle entretenait depuis quatre ans des relations sadomasochistes avec son amant, dont l'avocat de famille, Me Marc Bonnant, s'efforcera de récuser l'idée d'un meurtre passionnel.

Le jury, dont le verdict est attendu le 19 juin, devrait trancher entre l'accusation de meurtre, qui fait encourir à la Française un peine de 20 ans de prison, et celle du crime passionnel, qui ne l'expose qu'à dix ans de détention.

Me Bonnant, qui représente les trois enfants adultes de Stern et son ex-épouse Béatrice David-Weill, fille d'un banquier new-yorkais de Lazard Frères, plaidera le meurtre car, pour lui, le crime passionnel suppose "que la victime n'était pas innocente, qu'il aurait joué un rôle dans sa propre mort".

"Je ne veux pas que le procès de Cécile Brossard devienne le procès d'Edouard Stern, qui a quand même reçu deux balles dans la tête."

"Les circonstances sont sexuelles, mais n'ont pas causé sa mort. Ce n'était pas un acte sexuel qui a dérapé, un rituel que les participants n'ont pas maîtrisé, c'était un meurtre commis à un moment de sexe, mais ce n'était pas un crime de sexe."

Pour Me Bonnant, Brossard était "très organisée, effaçant méthodiquement ses traces et créant un faux alibi" après le crime.

D'après Me Reymond, Brossard est sortie il y a trois semaines de son 12e séjour dans une clinique psychiatrique depuis son incarcération. Elle assurerait être toujours en contact avec son défunt amant et penserait "qu'ils sont unis pour la vie".


           

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