L’incident de Gojra est un des événements les plus tragiques, les plus vils et les plus condamnables de l’histoire récente du Pakistan.
Selon les autorités, ce sont des extrémistes du Swat et du Malakand qui auraient téléguidé les attentats contre les chrétiens, avec le concours d’une organisation sectaire interdite, le Sipah-e-Sahaba (Armée des compagnons du Prophète), qui a son siège non loin de là.
Lors d’une conférence de presse tenue quelques jours après les émeutes, Shahbaz Bhatti, le ministre fédéral des minorités, déclarait que le gouvernement allait dédommager les victimes et reconstruire les maisons grâce à la création d’un fonds spécial d’un montant 200 millions de roupies (1,7 million d’euros). De plus, 200 personnes ont été arrêtées et inculpées, à commencer par deux édiles (aujourd’hui démis de leurs fonctions) qui avaient fermé les yeux sur l’imminence évidente de ces émeutes.
Une des questions qui se posent à la suite de ces incidents est la façon dont l’Etat gère les partis politiques religieux dans la société pakistanaise. L’Etat fournit à ces groupuscules confessionnels — dont le poids électoral est insignifiant — un espace politique supérieur à celui dont jouissent les principaux partis. L’exemple le plus criant en a été donné à l’occasion des élections de 2002, lorsque l’ex-président Général Pervez Moucharraf avait laissé deux partis religieux, le Jamaat-e-Islami (Parti de l’islam) et le Jamiat Ulema-e-Islam (Conférence des oulémas de l'islam), instaurer des gouvernements provinciaux dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest et au Balouchistan.
L’Etat se repose traditionnellement sur ces partis religieux pour renforcer son emprise sur le pays. Ainsi, en décembre 2003, l’alliance des partis confessionnels au parlement a fait basculer le soutien au 17e amendement à la Constitution, ouvrant ainsi la voie au maintien de Moucharraf à la présidence.
Les partis confessionnels ont souvent joué la division dans la vie sociale et politique pakistanaise, en exacerbant les différences religieuses entre les communautés, voire, au pire des cas, en attisant la violence. On en veut pour exemple leur soutien sans faille à des lois discriminatoires comme la Loi contre le blasphème, à laquelle il est fréquemment fait recours pour juger des non musulmans accusés de profaner le Coran.
Cette fois-ci, les victimes sont chrétiennes. Par le passé, des ahmadis, des chiites et des membres d’autres sectes musulmanes ont été agressés et terrorisés dans leurs maisons et leurs lieux de culte. Aujourd’hui, les citoyens du Pakistan doivent se décider pour la primauté du droit ou celle du dogmatisme religieux.
Des organisations non gouvernementales, comme la Muslim-Christian Federation International et le Interfaith Council of Peace, devraient redoubler d’efforts pour favoriser la tolérance et le respect des autres confessions. Encore faut-il que l’Etat se dote d’une stratégie solide comportant l’introduction, dans les programmes scolaires, de l’enseignement à la tolérance et à une meilleure compréhension de la diversité culturelle et religieuse au sein du Pakistan.
Nous avons aussi besoin du soutien positif et actif des partis politiques, qui doivent apprendre à leurs partisans à savoir dépasser leurs préjugés et à se garder de toute incitation à la dissension religieuse. En l’occurrence, il est évident que les responsables politiques locaux disposaient des moyens et de la force voulus pour maîtriser les émeutiers déchaînés. Un responsable élu n’est-il pas censé savoir convaincre et gérer les foules rétives ? S’ils l’avaient fait, la tragédie de Gojra aurait pu être évitée.
Dans notre nation, la mosaïque des cultures, des langues et des croyances n’est pas une marque de faiblesse, mais bien une force. Faute d’une culture démocratique vigoureuse, capable de maintenir le respect de cette diversité, toute démocratie stable et légitime est impensable.
Selon les autorités, ce sont des extrémistes du Swat et du Malakand qui auraient téléguidé les attentats contre les chrétiens, avec le concours d’une organisation sectaire interdite, le Sipah-e-Sahaba (Armée des compagnons du Prophète), qui a son siège non loin de là.
Lors d’une conférence de presse tenue quelques jours après les émeutes, Shahbaz Bhatti, le ministre fédéral des minorités, déclarait que le gouvernement allait dédommager les victimes et reconstruire les maisons grâce à la création d’un fonds spécial d’un montant 200 millions de roupies (1,7 million d’euros). De plus, 200 personnes ont été arrêtées et inculpées, à commencer par deux édiles (aujourd’hui démis de leurs fonctions) qui avaient fermé les yeux sur l’imminence évidente de ces émeutes.
Une des questions qui se posent à la suite de ces incidents est la façon dont l’Etat gère les partis politiques religieux dans la société pakistanaise. L’Etat fournit à ces groupuscules confessionnels — dont le poids électoral est insignifiant — un espace politique supérieur à celui dont jouissent les principaux partis. L’exemple le plus criant en a été donné à l’occasion des élections de 2002, lorsque l’ex-président Général Pervez Moucharraf avait laissé deux partis religieux, le Jamaat-e-Islami (Parti de l’islam) et le Jamiat Ulema-e-Islam (Conférence des oulémas de l'islam), instaurer des gouvernements provinciaux dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest et au Balouchistan.
L’Etat se repose traditionnellement sur ces partis religieux pour renforcer son emprise sur le pays. Ainsi, en décembre 2003, l’alliance des partis confessionnels au parlement a fait basculer le soutien au 17e amendement à la Constitution, ouvrant ainsi la voie au maintien de Moucharraf à la présidence.
Les partis confessionnels ont souvent joué la division dans la vie sociale et politique pakistanaise, en exacerbant les différences religieuses entre les communautés, voire, au pire des cas, en attisant la violence. On en veut pour exemple leur soutien sans faille à des lois discriminatoires comme la Loi contre le blasphème, à laquelle il est fréquemment fait recours pour juger des non musulmans accusés de profaner le Coran.
Cette fois-ci, les victimes sont chrétiennes. Par le passé, des ahmadis, des chiites et des membres d’autres sectes musulmanes ont été agressés et terrorisés dans leurs maisons et leurs lieux de culte. Aujourd’hui, les citoyens du Pakistan doivent se décider pour la primauté du droit ou celle du dogmatisme religieux.
Des organisations non gouvernementales, comme la Muslim-Christian Federation International et le Interfaith Council of Peace, devraient redoubler d’efforts pour favoriser la tolérance et le respect des autres confessions. Encore faut-il que l’Etat se dote d’une stratégie solide comportant l’introduction, dans les programmes scolaires, de l’enseignement à la tolérance et à une meilleure compréhension de la diversité culturelle et religieuse au sein du Pakistan.
Nous avons aussi besoin du soutien positif et actif des partis politiques, qui doivent apprendre à leurs partisans à savoir dépasser leurs préjugés et à se garder de toute incitation à la dissension religieuse. En l’occurrence, il est évident que les responsables politiques locaux disposaient des moyens et de la force voulus pour maîtriser les émeutiers déchaînés. Un responsable élu n’est-il pas censé savoir convaincre et gérer les foules rétives ? S’ils l’avaient fait, la tragédie de Gojra aurait pu être évitée.
Dans notre nation, la mosaïque des cultures, des langues et des croyances n’est pas une marque de faiblesse, mais bien une force. Faute d’une culture démocratique vigoureuse, capable de maintenir le respect de cette diversité, toute démocratie stable et légitime est impensable.