Paris rappelle son ambassadeur en Syrie


Jeudi 17 Novembre 2011 - 11:52
AFP


La France a annoncé mercredi le rappel de son ambassadeur en Syrie, une décision qui rompt une partie de son lien officiel avec Damas et qui accompagne une position déjà adoptée par les Etats-Unis et plusieurs pays arabes.


Alain Juppé
Alain Juppé
"Le régime s'entête, de nouvelles violences ont eu lieu en Syrie, ce qui m'a amené à fermer nos agences consulaires d'Alep (nord) et de Lattaquié (nord-ouest), nos instituts culturels et à rappeler notre ambassadeur à Paris", Eric Chevallier, a annoncé à l'Assemblée nationale le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Samedi soir, le consulat honoraire de France à Lattaquié et la chancellerie détachée à Alep avaient été la cible d'attaques, avait annoncé dimanche le Quai d'Orsay. Le ministère avait précisé dimanche que l'ambassadeur de Syrie en France, Mme Lamia Shakkour, avait aussitôt été convoquée au ministère, sans dire que l'ambassadeur français allait être dans la foulée rappelé à Paris.

L'entourage d'Alain Juppé a précisé mercredi que ce sont ces violences qui ont conduit au rappel de l'ambassadeur. Ce rappel entre "dans le cadre d'un tableau d'ensemble" qui ne cesse de voir la liste des victimes s'allonger en Syrie, a-t-on précisé de même source.

Selon l'ONU, la répression en Syrie a fait au moins 3.500 morts depuis le début de la contestation en mars.

La décision française suit un rappel aux Etats-Unis de l'ambassadeur américain et ceux de plusieurs pays arabes, en application d'une demande de la Ligue arabe.

Le "rappel pour consultations" d'Eric Chevallier est par nature "temporaire", indique-t-on de source diplomatique.

Aucune durée de séjour en France ou d'échéance pour un éventuel retour en Syrie n'a toutefois été avancé par les autorités françaises. En son absence, l'ambassade de France sera dirigée par un chargé d'affaires, a précisé le Quai d'Orsay.

Le départ de l'ambassadeur français de Syrie pourrait aider à une reconnaissance du Conseil national syrien (CNS) qui regroupe différents courants de l'opposition syrienne. Le CNS n'a été reconnu jusqu'à présent que par les nouvelles autorités libyennes.

La présence de l'ambassadeur français en Syrie, qui garantissait le maintien d'un lien officiel entre la France et les autorités syriennes, était souvent avancé ces dernières semaines dans les milieux diplomatiques français pour expliquer que cette reconnaissance ne pouvait avoir lieu rapidement.

"Le peuple syrien va gagner son combat et la France continuera à tout faire pour l'y aider", a souligné devant les députés le ministre des Affaires étrangères. "L'étau se reserre autour de ce régime complétement autiste et qui continue à pratiquer une répression sanglante", a ajouté Alain Juppé, en précisant que la France est "en train de travailler à l'Assemblée générale (des Nations unies) avec la Ligue arabe pour faire adopter un projet de résolution" condamnant le régime du président Bachar al-Assad.

Le ministre a notamment salué "le tournant" pris par la Ligue arabe qui a suspendu de l'organisation la Syrie, "pris des sanctions économiques et politiques" à son encontre et "invité l'opposition au Caire".

Mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU, dans un rare élan unanime à l'égard de Damas, avait "condamné dans les termes les plus fermes" les attaques récentes perpétrées contre plusieurs ambassades et services consulaires en Syrie. Damas s'était excusé lundi pour ces attaques.

Outre celles visant la France, des manifestants syriens pro-régime du président Bachar al-Assad ont attaqué et mis à sac samedi l'ambassade d'Arabie saoudite à Damas, en signe de protestation contre la décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie. Des centaines de manifestants ont aussi attaqué les ambassades du Qatar et de Turquie, et ce mercredi celle du Maroc.


           

Nouveau commentaire :

Actus | Economie | Cultures | Médias | Magazine | Divertissement