Peine symbolique pour le couple à l'origine de l'affaire Benalla


Vendredi 8 Février 2019 - 14:37
Reuters


Paris - Le jeune couple par lequel l’affaire Benalla a fait irruption dans le quinquennat d’Emmanuel Macron a été condamné vendredi à une peine symbolique de 500 euros par personne pour violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique.


Chloé P. et Georgios D. ont reconnu et regretté devant le tribunal correctionnel de Paris avoir lancé au soir des manifestations très tendues du 1er mai 2018 des projectiles sur des CRS, dont une bouteille d’eau en matière plastique et une carafe prise à la terrasse d’un café place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de Paris.

Le ministère public avait requis pour chacun deux mois de prison avec sursis et une amende de 400 euros. Leur avocat avait demandé une dispense de peine.

La présidente du tribunal a estimé que leurs actes envers des policiers ne pouvaient rester impunis. Mais elle a jugé que cette graphiste de 30 ans originaire de Jersey et ce cuisinier de 29 ans, venus à Paris ce jour-là pour fêter leurs six ans de vie commune, ne méritaient pas plus qu’une amende de 500 euros.

“Il y a assez peu de risque que vous recommenciez”, a-t-elle expliqué, “et on peut penser que ce qui a suivi cet événement a développé la conscience que vous avez de la gravité des faits.”

La diffusion en juillet de vidéos montrant l’ex-chargé de mission de l’Elysée Alexandre Benalla, autorisé en tant qu’”observateur” à assister aux opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations du 1er-Mai, interpellant manu militari Chloé P. et Georgios D. place de la Contrescarpe, a déclenché un scandale politique.

RATTRAPÉS PAR LA JUSTICE

Le jeune homme et sa compagne ont raconté s’être trouvés pris un peu par hasard dans les échauffourées entre groupes de manifestants et policiers et avoir réagi de façon “irréfléchie”.

“Cela s’est passé très vite (...) On ne voulait faire de mal à personne, on l’a regretté tout de suite”, a ainsi déclaré à la barre Chloé P. “On n’a jamais fait de manifestations de notre vie, c’est une réaction stupide.”

Les deux jeunes gens, emmenés avec plusieurs dizaines d’autres personnes arrêtées ce jour-là, parmi lesquelles des “black blocs”, à Aubervilliers, ont été remis en liberté le soir même après une simple vérification d’identité.

Mais ils ont été rattrapés par la justice en raison de l’affaire Benalla, qui a attiré sur eux l’attention du parquet et des médias et bouleversé leur existence.

Leur avocat, Sahand Saber, a souligné qu’ils subissaient de ce fait une inégalité de traitement par rapport à des dizaines d’autres personnes interpellées le 1er mai et restées anonymes.

Protagonistes de ce qui est devenu un volet secondaire d’une affaire qui les dépasse, même s’il en a été le révélateur, ils sont eux-mêmes parties civiles dans l’une des procédures visant l’ex-homme de confiance d’Emmanuel Macron et Vincent Crase.

Alexandre Benalla et son ami gendarme réserviste, à l’époque employé par La République en Marche et impliqué dans les mêmes faits, ont notamment été mis en examen pour violences en réunion et immixtion dans l’exercice d’une fonction publique.

Mais ce n’est qu’un fil d’un écheveau dont chaque nouvelle révélation - sur les avantages dont Alexandre Benalla a bénéficié à l’Elysée, ses relations avec le chef de l’Etat, l’usage qu’il a continué à faire de passeports diplomatiques malgré son licenciement, ses voyages en Afrique, ses relations amicales et d’affaires parfois troubles - dévoile la complexité.


           

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