Pérès: Une "colombe de paix" qui n'a jamais voulu du rameau d'olivier


Samedi 1 Octobre 2016 - 10:14
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Tunis - L’ancien président israélien Shimon Perez s’est éteint mercredi à l’aube à l’âge de 93 ans, ses funérailles viennent d'avoir lieu ce vendredi avec les hommages qu'on doit à une grande figure de l'Histoire.


Bien qu’il ait été consacré Prix Nobel de la Paix, Shimon Pérès, comme les autres dirigeants israéliens, avait eu de lourdes responsabilités dans l’embrasement du conflit israélo-palestinien et dans la situation trouble du Moyen-Orient de manière plus générale. 

Né en 1923, à Wiśniew en Pologne (actuellement Vishnyeva en Biélorussie) et arrivé en Israël en 1934, Shimon Pérès est mort mercredi dernier, à Ramat Gan en Israël. Avec son départ c’est toute la page de ceux qui ont édifié l’Etat juif qui est désormais tournée, puisqu’il en était le dernier des survivants, après David ben Gourion, Menahem Begin, Ariel Shoron et Yssac Rabin,etc .

L’histoire retiendra certainement que Pérès était un homme de paix puisqu’il a été lauréat du Prix Nobel 1994 - avec Yasser Arafat et Yitzhak Rabin - pour sa participation aux pourparlers de paix avec les Palestiniens qui ont mené aux accords d'Oslo. Les funérailles internationales qui lui ont été réservées ce vendredi, témoignent de la volonté de graver cette idée dans la mémoire collective universelle.

Près de 90 délégations de 70 pays, composées de chefs d’Etats et de gouvernements, outre les diplomates de tous bords et les représentants de plusieurs États et organisations internationales, ont accouru au Mont Herzl, à Jérusalem, pour rendre un dernier hommage à la défunte «colombe de paix».

Le président palestinien, Mahmoud Abbas était au premier au rang de la cérémonie, oubliant les colonies, al-Qods, Gaza 2014 et tout le reste, pour savourer ce moment de «grandeur» larmoyante aux côtés d’Obama, Clinton, Blair et les autres. Sauf qu’il en a essuyé un nouvel affront de la part des Israéliens qui n’ont pas fait la moindre allusion à sa présence dans leurs allocutions, le figeant ainsi dans ce statut d'alibi, de prête-nom encombrant.

Obama, lui, a remarqué que Abbas était là et a trouvé que sa présence était «une initiative et un rappel que la paix n’est pas encore réalisée» et qu’il fallait poursuivre le chemin afin d’y parvenir. Piètre consolation pour le «représentant» d’une si grande cause que celle de la Palestine devant son ennemi arrogant et méprisant!

L’Histoire retiendra-elle que juste deux ans après son sacrement par le Comité Nobel, Pérès, réaffirmant toujours sa volonté de poursuivre le processus de paix en tant que, à la fois, Premier ministre et ministre de la Défense, à l'époque, avait lancé l'opération militaire "Raisins de la colère" dans le sud du Liban ?

L’Histoire retiendra-elle que le bombardement israélien de Cana en avril 1996 dans le cadre de cette opération, avait fait 106 morts parmi les civils dont la majorité étaient des femmes et des enfants, tous abrités dans les locaux de la FINUL? Le massacre avait certes, un temps, terni l'image de Shimon Peres, mais la colombe avait bien rapidement retrouver un plumage immaculé. 

Nourri de la haine distillée par les milices sionistes de la Haganah (organisation militaire colonialiste fondée à Jérusalem en 1920) où David Ben Gourion l’avait désigné, dès son plus jeune âge, responsable du personnel et des achats d'armes, Pérès ne s’en est, en fait, jamais débarrassé, malgré ses discours sur la nécessité d’instaurer paix et concorde entre Israéliens et Palestiniens.

Après de nombreuses décennies dans les fonctions exécutives, militaires et législatives les plus importantes de son pays (48 ans membre de la Knesset), il n’a jamais laissé une trace palpable de cette volonté d’instaurer la paix ou de rendre justice à un peuple spolié de ses terres, dépossédé de son patrimoine et menacé dans son identité.

L’Histoire retiendra-elle toutes les exactions, toutes les guerres israéliennes contre la Palestine alors que feu Pérès était ministre de la Défense, premier-ministre ou encore président de l’Etat hébreu ?

Retiendra-elle par exemple à l'échelle de la région, qu’il était le stratège de l’agression d'Israël contre l’Egypte en 1956?

L’Histoire retiendra-elle au moins que Pérès était un des principaux architecte du projet militaire et nucléaire israélien?

L'Histoire pourra elle un jour enfin redessiner l'image de cette "colombe" qui n'a jamais voulu du rameau d'olivier ?


           

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