Ils sont tous mordus de lui : Pierre Palmade, entouré de la troupe du «Comique», des comédiens qu’il a eus pour élèves dans son atelier-théâtre et qu’il avait présentés il y a un an dans son émission «Made in Palmade», sur France 3.
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Depuis vingt ans, il pratique avec succès un humour élégant, caustique mais jamais méchant. Aujourd’hui, il a décidé d’exorciser la face sombre de ses années triomphantes : la fête, les excès, l’ego... Pour se livrer, il a choisi la scène, avec une pièce qu’il a écrite et des comédiens qu’il a formés. «Le comique», au Théâtre Fontaine à partir du 9 octobre, raconte l’histoire de Pierre, humoriste célèbre en panne d’inspiration pour cause de vie débridée. Entre deux éclats de rire, il aborde des thèmes qui le touchent de près : la nuit, l’âge, la célébrité, la famille, la sexualité... A 40 ans, Pierre Palmade assume son statut de «homosexuel qui a été amoureux d’une femme», Véronique Sanson. S’il a rompu avec son mode de vie noctambule, c’est, dit-il, pour ne pas «vieillir et mourir sans avoir rencontré quelqu’un».
Interview Ghislain Loustalot
photo Jacques Lange
Paris Match. Comment l’idée d’une pièce inspirée de votre vie vous est-elle venue?
Pierre Palmade. C’est un mélange de deux envies. Celle de jouer avec la troupe que j’ai constituée pour “Made in Palmade” sur France 3 qui s’est arrêtée faute d’audience. Je tenais vraiment à ce que le public découvre mieux ces acteurs qui me font rire. Surtout, je souhaitais depuis deux ou trois ans évoquer mes années de bringue. Je me suis rendu compte que, quand je parlais de mes quinze années de noctambulisme à des gens bienveillants, ça les faisait plutôt rire. Ils n’en retenaient pas le goût de la luxure mais plutôt l’humour avec lequel je le racontais. Cela m’a donné l’idée d’écrire une pièce sur un humoriste qui me ressemblerait de près. Faire un one-man-show en parlant de mes excès, aller très loin dans la transparence en étant seul aurait été indigeste. Je n’aurais pas assumé.
A quoi cela vous sert-il de tout déballer aujourd’hui?
Si je déballe le sac de nœuds de ma vie, c’est parce que j’espère que les spectateurs qui ont aussi des problèmes personnels, plus ou moins importants, pourront s’y reconnaître. Il s’agit de rire d’une histoire humaine qui finalement est un peu commune à tous. Je souhaite pouvoir faire du bien en disant haut et fort ce que l’on tait habituellement. Il y a une très jolie phrase de Paul Valéry qui résume parfaitement ma démarche : “Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent et se ressemblent par ce qu’ils cachent.”
Est-ce également une façon d’exorciser celui que vous avez été et qu’apparemment vous n’êtes plus?
Pour que le public se repère, j’ai été noctambule très tôt, à partir de 21 ans. J’ai adoré la nuit, les boîtes de nuit, les boîtes de nuit gays, jusqu’au petit jour. Ça a été un extraordinaire voyage de tous les soirs, une véritable aventure. Cela fait trois ans que j’ai changé de vie. Au début j’ai diabolisé totalement celui que j’étais avant. J’ai passé mon temps à faire le tour des gens que j’avais pu croiser pour m’excuser, leur dire à quel point j’étais désolé de m’être montré comme ça. Et puis un jour un ami m’a répondu : “De temps en temps, on voyait bien que tu souffrais mais en général tu étais drôle, ne t’inquiète pas.” Ça va beaucoup mieux depuis quelques mois.
Que cherchiez-vous dans la vie nocturne?
D’abord, j’ai adoré aller tester ma célébrité. Je n’en revenais pas d’être connu et reconnu. C’était un pouvoir et un jouet extraordinaires, une façon de prolonger le spectacle. J’allais donc là où il y avait des spectateurs pour le show permanent. Les boîtes sont des lieux de spectacle, autrement il n’y aurait pas de carré VIP et de fosse.
Vous êtes-vous servi de ce pouvoir qui vous était conféré par la célébrité?
Je prenais ma revanche sur les gens beaux. J’ai toujours trouvé injuste qu’ils détiennent cette faculté d’attirer l’attention immédiatement. Etre célèbre me conférait un pouvoir supérieur. En boîte, j’allais prouver aux gens beaux que j’étais plus fort qu’eux. Sur leur territoire, c’est moi qui ramassais la mise. J’aurais pu m’intéresser à d’autres combats, vous me direz, mais c’était le mien. Mon combat de tous les instants pour séduire tout le monde.
Le moment où tout bascule dans la pièce c’est quand votre personnage, Pierre Mazar, accepte l’aide des autres. Il y a comme un déclic. Quel a été le vôtre?
J’ai décidé de changer de vie en septembre 2005 parce que je me suis rendu compte que je me trompais. Plusieurs raisons ont motivé cette décision mais la vraie, la plus importante, c’est que je me suis dit que je ne pourrais jamais construire un vrai couple solide tant que je serais dans les excès de la nuit. Ça a ruiné ma vie privée. J’étais marié avec la fête et aucun couple ne résiste à ça.
Est-ce cela qui a détruit votre relation et votre mariage avec Véronique Sanson?
Ah oui, entre autres, bien sûr!
Voulez-vous dire que vous pourriez être encore ensemble?
Bien sûr! Euh... Enfin... Je ne sais pas. Je crois que je suis un homosexuel qui a été amoureux d’une femme et je pense que c’était forcément limité dans le temps.
Véronique Sanson n’était pas la première pourtant...
Non, elle n’était pas la première mais je suis beaucoup plus confortable avec les hommes. Et même si tout à coup je me trouve beau dans les yeux d’une femme et que je peux tomber amoureux d’elle, je suis de toute façon rattrapé par mon homosexualité.
Tomber amoureux d’une femme, ça veut dire passer à l’acte sexuel aussi?
Bien sûr, mais alors là il faut appeler mon psy parce que c’est compliqué.
Vous faites un travail sur vous-même?
Depuis peu, oui. Je me vantais d’être un fêtard. J’imaginais que je pouvais arrêter quand je voulais. Et puis non. J’ai décidé il y a trois ans que je souffrais d’une maladie. On peut appeler ça l’alcoolisme, on peut appeler ça l’addiction sexuelle, comme vous voulez, mais j’ai cessé de nommer ça la fête. Parce que la fête, c’est fêter quelque chose.
Et ça marche d’accepter l’aide des autres, de ne plus être dans la toute-puissance?
A partir du moment où j’ai demandé de l’aide, les gens de la nuit ont disparu. Je pensais d’ailleurs que j’aurais plus de mal à me débarrasser d’eux. Erreur. Quand on a vraiment décidé de vivre le jour, les loups s’enfuient et les gens du jour vous tendent la main et vous souhaitent beaucoup plus bonne chance que je ne l’aurais cru. Je croyais qu’on m’avait enterré.
Etes-vous sauvé?
Je ne suis pas dans une posture arrogante qui me permettrait d’affirmer : j’ai claqué des doigts et j’ai arrêté. Qui me dit que je ne replongerai pas dès mon prochain chagrin d’amour? Qui me dit que je ne vais pas me décevoir, décevoir les gens? Donc j’adopte la démarche volontariste des alcooliques anonymes qui n’ont comme perspective que le présent immédiat : aujourd’hui tout va bien. Demain? Je sens, et on me prévient de cela, qu’il ne faut pas que je pérore là-dessus. C’est fragile. Mes angoisses et mon mal de vivre sont toujours là.
Qu’est-ce qui vous donne l’espoir que cela dure?
La quête du grand amour que je ne pourrai trouver qu’en vivant une vie normale. Aucun noctambule ne va pouvoir le trouver ou alors il rencontrera quelqu’un qui se met dans le même état que lui et ça ne donnera que l’addition de deux solitudes. Donc je suis très motivé par cette recherche.
Au lycée vous sortiez avec des filles, mais vous étiez déjà attiré par les garçons. Comment avez-vous composé avec cette ambiguïté?
J’ai vécu mon homosexualité comme une maladie. Dit par un hétéro, cela pourrait être mal pris, je le sais, mais j’assume, moi j’ai le droit.
Mais être homosexuel n’est pas une maladie!
Evidemment, mais je l’ai pensé longtemps, jusqu’à l’âge de 35 ans. Je commence petit à petit à envisager d’être ami avec mon homosexualité. Aujourd’hui encore il m’arrive de très mal le vivre et parfois je donnerais tout pour être hétéro. Quand je me regarde dans un miroir, je me dis que je suis un homme qui est fait pour protéger une femme, pour la faire rêver et je ne me vois pas être l’amant d’un autre homme, je ne me reconnais pas dans cela. Pourtant mon corps est électrisé par un beau mec, je suis sexuellement attiré par les hommes donc je suis foncièrement homosexuel. Mon personnage le dit dans la pièce : j’ai le sentiment d’être un homo dans le corps d’un hétéro. C’est étrange. Et complexe. Beaucoup plus que de dire, à propos de mon mariage avec Véronique, que je tentais de me cacher vis-à-vis du public, que c’était un problème d’image. Non, c’était entre moi et moi. Je l’aimais et en même temps je pouvais me dire, intimement, qu’il y avait une erreur. Une erreur de la nature qui me tombait dessus.
Pourtant l’amour entre vous était évident. Il fallait être aveugle pour croire que c’était bidon.
Nous sommes deux personnes fondamentalement honnêtes, nous n’aurions jamais pu tricher avec ça. Ce qui est sûr, c’est que vivant cette relation vraie j’ai voulu l’exagérer jusqu’au mariage pour pouvoir me dire : “Ça y est, je suis guéri, elle m’a guéri de mon homosexualité. Formidable, cette histoire que je vis avec Véronique, cet amour, le fait qu’on soit amants, va me permettre de me dire, de dire à ma mère et au monde entier que je suis hétéro.” Voilà, je l’ai tellement crié qu’on a pu croire que c’était faux. La base, le big-bang de notre histoire d’amour étaient purs et, ensuite, par ma démarche exagérée, le costume d’homme marié est devenu un peu trop grand pour moi.
Vous dites souvent que les rapports de séduction étaient très importants dans votre famille. Vous voulez dire avec votre mère?
Le lien est très fort. Mais il s’agit plus d’une relation d’homme à femme que de fils à mère, c’est sûr... Je le vis assez bien. D’autant que mon homosexualité de plus en plus assumée fait que je ne vais plus jamais lui opposer une autre femme... Ça a posé des problèmes quand j’ai voulu faire exister à tout prix mon hétérosexualité. Ma mère m’en empêchait, enfin je veux dire dans ma tête, ça me bloquait. Maintenant c’est clair : ma mère est la femme de ma vie et il y a peu de chances qu’elle soit remplacée.
Qu’aurait pensé votre père de votre homosexualité? Vous posez-vous la question?
J’ai le souvenir d’un homme qui nous portait un tel amour, je veux dire un amour intelligent. Mon père était un intellectuel de gauche, très ouvert. Je crois qu’il aurait pu avoir peur, légitimement, du sida, par exemple, mais que jamais, jamais il n’aurait eu honte.
Vous, ça ne vous gène pas d’en parler?
L’idée de ne pas faire homo et de dire que je le suis, de garder ce paradoxe-là, me plaît. Enfin bon, idéalement on ne devrait pas s’intéresser à la sexualité des gens. Ceux qui s’y intéressent c’est peut-être qu’ils ont envie de coucher avec moi, non?
Ça vient d’où cette colère en vous, cette fuite dans la nuit, qu’est-ce qui les a créées?
Ça vient du fait que quand vous devenez l’homme de la famille à 8 ans, à la mort de votre père, vous devenez aussi le sauveur des femmes, de votre mère, de vos sœurs.
Est-ce que ce n’est pas un peu trop lourd à porter tout ça?
Ah oui! C’est pour ça que vous vous perdez dans la nuit, que vous buvez, que vous ne vous attachez à personne, que vous rendez la vie inconséquente, c’est-à-dire qu’elle est un spectacle et que tout y est faux.
C’est ça qu’il faut régler, non les problèmes liés à l’absence de votre père?
Oui, bien sûr. D’ailleurs je parle toujours de l’absence de mon père, comme vous dites, et non de sa mort. Je n’en ai pas fait le deuil. Absence de père et de repères, tout est lié. Je cherche l’autorité et il n’y en a pas.
Petit, après la disparition de votre père, représentiez-vous cette forme d’autorité au sein de votre famille?
J’étais tout-puissant en tout cas puisque j’étais l’enfant Jésus. On me pardonnait tout, tout ce que je faisais était formidable. J’étais bon élève en plus.
Face brillante, côté obscur…
Je suis ces deux personnages et j’ai voulu les réconcilier dans cette pièce. Je me demande souvent quel regard les gens que je croise dans la rue portent sur moi. Me voient-ils comme l’artiste précoce qui a une vie professionnelle réussie? Ou alors comme le fêtard qui s’est un peu vautré dans la luxure? Il peut y avoir les deux regards, je le sais. Je le devine très vite. Dans la pièce, je tente de manière comique de réunir ces deux images en mettant en scène un artiste brillant qui parle de sa vie dissolue et de ses relations avec son entourage proche. J’en avais marre du bon et du mauvais côté de Palmade. Palmade, c’est pas une boîte, y a pas de côtés, c’est un tout.
On voit aussi dans la pièce qu’il fait du mal à son entourage.
Oui, Pierre Mazar tyrannise des gens proches de lui, qui l’aiment et sont prêts à tout endurer : sa secrétaire, sa sœur, son meilleur ami. La tyrannie est un thème important.
Cela a-t-il été le cas dans votre vie avec votre mère et vos sœurs?
Oui, je crois qu’elles en ont énormément souffert. Avec ce côté connement injuste qu’on pardonne beaucoup de choses à l’artiste qui réussit. On ne devrait pas. Parce que j’ai réussi mon spectacle, cela me donne-t-il le droit de mal parler au serveur du restaurant? Non. Ai-je, du fait du succès, quelques jokers en poche qui m’offriraient le droit de mal me comporter?
Avez-vous utilisé certains de ces jokers?
Oui, mais pas dans le but de faire du mal. Je me suis dit qu’on m’aimait inconditionnellement et que je n’avais pas à me soucier de mon comportement. Et puis j’étais tellement dans la séduction que je m’occupais avant tout des gens à qui je n’avais pas encore plu.
Révéler au public une partie de votre vie, puisque la pièce s’en inspire, n’a-t-il pas été une souffrance de plus?
Absolument pas. Ecrire est un refuge et j’ai vécu des moments d’euphorie incroyables en créant cette pièce. J’ai surtout essayé d’être totalement honnête, d’écrire comme je parle vraiment à mon entourage. Du fait de cette transparence, je me suis dit, quand j’ai tout relu, que certains passages risquaient forcément d’être mal interprétés.
Lesquels, par exemple?
Eh bien, quand je raconte que je drague sur Internet. Dans mon esprit, je suis un Casanova qui cherche le grand amour, c’est ça la vérité. Quand on le voit de l’extérieur, on peut également et légitimement se dire : “Tu parles, c’est juste un gros queutard qui accumule les conquêtes!”
Internet n’est pas non plus forcément le meilleur endroit pour rencontrer le grand amour.
Non, mais je ne vais plus en boîte de nuit alors Internet est devenu ma boîte de jour. On y va pour les mêmes raisons : rire, vite baiser ou tomber amoureux.
Est-ce que votre famille, comme le dit le personnage de votre sœur dans la pièce, a pensé à un moment qu’être artiste c’était une mauvaise idée?
Au départ ils ont cru que c’était un délire post-ado et qu’il fallait me laisser le vivre. En fine psychologue, ma mère n’a pas voulu être responsable d’une frustration et d’une vie d’amertume. Donc elle m’a aidé financièrement pour que je m’installe à Paris. En quatre mois, j’étais déjà dans une émission de télé et elle s’est retrouvée à s’occuper des droits d’auteur, ce qu’elle fait toujours d’ailleurs.
Votre réussite a rassuré tout le monde?
Elles sont fières de moi mais je crois aussi qu’elles ont eu très, très peur quand elles m’ont vu m’enfoncer dans les zones sombres et dangereuses de la nuit. Ma mère a même cru que ça venait d’elle, elle a consulté des associations de parents pour essayer de comprendre.
Cette errance de quinze ans ne semble pas vous avoir abîmé physiquement.
J’ai eu la chance d’avoir une santé de fer. Je me remettais de mes cuites avec une facilité incroyable et “en avant Guingamp!”.
Est-ce qu’il vous est arrivé de boire pour écrire?
Jamais. J’ai toujours écrit à jeun de tout. L’alcool, contrairement à ce qu’on peut croire, n’aide absolument pas à écrire. Et puis, l’aventure de la nuit et ses excès ont toujours été réservés à la vie privée, ça n’empiétait pas sur le travail.
Quel était votre rapport intime à l’alcool?
L’alcool me désinhibait dans le sens où je souffre d’un complexe de supériorité. Très vite, je trouve les gens inintéressants ou immatures. Je peux m’ennuyer rapidement et en m’abrutissant je me sentais moins seul. Je me mettais à la portée de beaucoup d’abrutis. Voilà, j’ai beaucoup plus de possibilités de relations amicales quand j’ai un coup dans l’aile. Quand je suis à jeun, j’ai l’impression que si on n’est pas tout le temps dans la pertinence, entre premiers de la classe, alors ça ne vaut même pas le coup de parler.
Faire un enfant... Votre personnage franchit le pas. Et vous?
Je vais plus loin dans la pièce que dans ma propre réflexion. Moi, je ne sais pas encore. L’idée de faire un enfant, je le dis avec honnêteté, reste encore très égoïste : c’est l’idée de tout connaître dans la vie, la paternité aussi. Je me vois avec un fils. J’aurais envie de lui apprendre comment on devient un homme...
Ce n’est pas lié au manque de votre père?
Si, bien sûr, je crois que j’ai besoin d’entendre prononcer le mot papa dans un sens ou un autre. Et puis je me dis qu’avec les gènes que j’ai, je dois à la société de me reproduire. [Il éclate de rire.] C’était juste pour détendre...
Si vous avez une crise d’angoisse en pleine nuit, avez-vous quelqu’un que vous pouvez appeler?
Non, le premier de la classe que je suis a beaucoup de mal à demander de l’aide, à se montrer fragile auprès de ses amis. Si je dois me plaindre, je préfère le faire auprès d’un inconnu dans un bar. Ça m’est arrivé.
La pièce évoque également la multiplicité des relations sexuelles chez les homos. Comment l’expliquez-vous?
Les homos entre eux sont assez vite d’accord pour une relation sexuelle. On n’est pas obligé d’aller au resto avant, d’offrir des fleurs. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas lié à l’homosexualité, c’est masculin. Les hommes hétéros eux-mêmes, si ça ne tenait qu’à eux, coucheraient très, très vite. Oui, je vois que vous acquiescez. Ce sont les filles qui retardent le moment. Et elles ont raison parce que ça permet d’infuser les sentiments.
Mais comment est-ce qu’on trouve le grand amour que vous cherchez en ayant un partenaire différent chaque jour?
Voilà, c’est pour cela que j’ai changé de mode de vie. Ça veut dire arrêter d’essayer de ne séduire que des beaux mecs comme on collectionne des trophées, mais plutôt essayer de rencontrer quelqu’un qui a pris des coups, qui a un peu plus d’expérience de la vie et puis laisser infuser les sentiments avec lui.
Quand vous faites le bilan de votre passé de noctambule, qu’est-ce qui vous effraie le plus?
J’étais épuisé par la vie que je menais J’en étais, comme mon personnage, incapable d’écrire. Dans la nuit, dans ce long monologue ininterrompu, je ne voyais plus qui étaient mes spectateurs, mes interlocuteurs, mes partenaires d’un soir. Je mélangeais tout et tous. Ils s’en allaient et je n’en gardais aucun souvenir. Je cherchais juste à les épater, à les intimider : “Alors tu te rends compte que tu es avec Pierre Palmade?” Aujourd’hui, je minimise de plus en plus l’importance de ma célébrité. Je ne parle pratiquement plus de mon métier pour laisser plus de place aux autres. Sinon je vais vieillir et mourir sans avoir rencontré quelqu’un.