"Pluto", hommage vibrant d'Urasawa à Tezuka, le père du manga


Samedi 25 Septembre 2010 - 13:35
AFP


Paris - Naoki Urasawa, auteur du célèbre thriller psychologique "Monster", rend un hommage vibrant à Osamu Tezuca, père du manga japonais, dans "Pluto", prolongement postmoderne d'"Astro le petit robot", dont le cinquième des huit tomes qui composent la série vient de paraître.


"Pluto", hommage vibrant d'Urasawa à Tezuka, le père du manga
Publié entre 2003 et 2009 au Japon, "Pluto" revisite l'oeuvre maîtresse de Tezuka, "Astro le petit robot", en prenant pour base une de ses aventures, intitulée "Le robot le plus fort du monde".

Dans un monde alternatif où êtres humains et robots cohabitent, une loi régit la vie des machines, leur interdisant notamment de tuer les hommes. L'un de ces androïdes, l'inspecteur Gesicht, est chargé d'enquêter sur une série d'assassinats qui visent les robots les plus puissants de la planète.

Sept d'entre eux sont menacés, dont Gesicht lui-même, et Astro.

Le "petit robot" de Tezuka n'est cependant pas le personnage principal de "Pluto" mais Gesicht, à la psyché bien plus complexe, et en plein questionnement existentialiste.

Et c'est l'humanité de Gesicht, de Pluto et des autres êtres artificiels du récit, dotés de pouvoirs surnaturels mais aussi capables de compassion, de tristesse, de joie ou de haine, qu'Urasawa veut explorer.

Tout en traitant l'histoire sous l'angle du suspense policier qui a fait sa renommée depuis "Monster", l'auteur japonais dresse également un pont entre deux autres oeuvres références du genre: "Les Robots" d'Isaac Asimov et "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?" de Philip K. Dick, adapté au cinéma par Ridley Scott sous le titre de "Blade Runner".

Déroulant un scénario au mécanisme diabolique, digne des meilleurs polars, Urasawa signe un manga bien plus sombre et desespéré, adulte en somme, que l'oeuvre originelle de Tezuka, initiée en 1952.

"Astro" fut considéré à son époque au Japon comme un symbole de confiance en l'avenir qui accompagna la montée en puissance du pays, après le drame de la Seconde guerre mondiale.

Un aspect qui a disparu plus d'un demi-siècle plus tard chez Urasawa, dont le style réaliste appelle à l'anticipation objective et non à la science-fiction idéaliste.

Depuis ses débuts, Urasawa a coutume de faire évoluer ses personnages hors du Japon. Sa description de l'ancienne République fédérale d'Allemagne et des pays de l'Est des années 60-70 dans "Monster" était saisissante. Ici, le lecteur est emmené à Düsseldorf, Istanbul ou encore en Ecosse, avec un souci du réalisme imparabale.

Ces partis pris contemporains n'empêchent toutefois pas "Pluto" de délivrer, comme "Astro", un message de paix et de fraternité, thèmes majeurs de l'oeuvre de Tezuka.

Toutes ces qualités font de Naoki Urasawa l'héritier d'Osamu Tezuka, et le premier ambassadeur du manga dans le monde aujourd'hui.

("Pluto", tomes 1 à 5 - scénario et dessin Naoki Urasawa, adaptés d'"Astro Boy" d'Osamu Tezuka - Kana - 202 p. - 7,35 euros)


           

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