Son unique adversaire, Hamdeen Sabbahi, une vieille figure de la gauche et considéré souvent comme un simple faire-valoir, a reconnu sa défaite jeudi, n'empochant que 3,8% des suffrages validés, selon des résultats préliminaires mais portant sur la quasi-totalité des bureaux de vote.
Ce véritable plébiscite, prédit par tous les experts depuis que le maréchal à la retraite Sissi a renversé M. Morsi le 3 juillet 2013, a précipité en pleine nuit dans les rues du Caire des milliers de supporteurs de l'homme fort du pays, objet d'un véritable culte de la personnalité depuis qu'il a chassé du pouvoir des islamistes régulièrement élus mais vite devenus impopulaires.
Concerts de klaxons, feux d'artifice, danses et chants ont retenti toute la nuit et les télévisions publiques et privées, promoteurs unanimes de la Sissi-mania depuis 11 mois, ont rivalisé de longues heures de plateaux peuplés d'experts et commentateurs remplis d'extase.
Cette victoire était cependant courue d'avance dans un pays où toute voix dissidente est réprimée et les opposants décimés, emprisonnés ou devant la justice.
Les pro-Morsi ont été les premières victimes de l'implacable répression des autorités installées par M. Sissi qui a fait plus de 1.400 morts dans leurs rangs, quelque 15.000 arrestations et des centaines de condamnations à mort expéditives. Les mouvements de la jeunesse progressiste et laïque ont ensuite été les cibles des forces de l'ordre et de la justice, qui a interdit le principal mouvement.
Les observateurs de l'UE ont trouvé jeudi que l'élection, qui s'est déroulée sur trois jours, a été "organisée dans le respect de la loi", mais estimé du bout des lèvres que "la non participation de certains acteurs" de l'opposition a "compromis la participation de tous au scrutin".
- La 'légende du sauveur' -
Trois ans après la révolte qui renversa Hosni Moubarak, les militants des droits de l'Homme accusent le pouvoir dirigé de facto par les militaires d'être encore plus autoritaire que celui de M. Moubarak, même s'il jouit d'une grande popularité au sein d'une population majoritairement excédée par trois années de chaos dans un pays ruiné.
Le score de M. Sissi, seul homme à poigne capable de ramener la stabilité et de redresser l'économie en ruines selon ses partisans, "nous ramène à une configuration qu'on espérait ne plus revoir après les révolutions arabes de 2011", déplore toutefois Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques en France.
"Peu de gens auraient imaginé, à la chute de Moubarak, que trois ans plus tard, un maréchal en lunettes de soleil, nouveau pharaon, se ferait élire à 96%, sans même avoir présenté un programme ou fait campagne", poursuit ce spécialiste du Moyen-Orient.
Mais ce score reste suspendu au taux de participation, que les autorités ont voulu doper en ajoutant un troisième jour de scrutin au dernier moment. Il s'établirait finalement à quelque 47%, soit 25 millions de votants, selon le gouvernement.
Comme l'écrit Shadi Hamid, chercheur au Saban Center américain, dans l'immédiat "nous n'avons aucun moyen de vérifier les chiffres du gouvernement, il n'y aucun comptage parallèle et pas assez d'observateurs internationaux".
M. Sissi, qui réclamait avec obsession un adoubement populaire massif, avait espéré pas moins de "45 millions" de voix. Il est finalement élu avec plus de 21 millions des suffrages exprimés. Le taux de participation est inférieur à la présidentielle de 2012 (51,85%), mais le maréchal empoche près du double des voix qu'avait alors recueillies M. Morsi (13,2 millions), fait valoir le camp Sissi.
La coalition pro-Morsi, qui appelait au boycott, s'est félicitée d'avoir remporté "la victoire dans la bataille des bureaux de vote vides", y voyant "la chute du coup d'Etat militaire" du 3 juillet.
Si "les médias officiels ont contribué à forger à M. Sissi une légende de sauveur et d'homme providentiel, ce matraquage n'a pas suffi à mobiliser les masses", le privant du "plébiscite qu'il espérait", analyse M. Bitar.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch souligne en outre "le climat de répression qui sape gravement l'impartialité de cet élection", rappelant les "milliers d'arrestations d'opposants, islamistes et laïques, qui ont verrouillé l'espace politique et privé le scrutin de toute signification".
Ce véritable plébiscite, prédit par tous les experts depuis que le maréchal à la retraite Sissi a renversé M. Morsi le 3 juillet 2013, a précipité en pleine nuit dans les rues du Caire des milliers de supporteurs de l'homme fort du pays, objet d'un véritable culte de la personnalité depuis qu'il a chassé du pouvoir des islamistes régulièrement élus mais vite devenus impopulaires.
Concerts de klaxons, feux d'artifice, danses et chants ont retenti toute la nuit et les télévisions publiques et privées, promoteurs unanimes de la Sissi-mania depuis 11 mois, ont rivalisé de longues heures de plateaux peuplés d'experts et commentateurs remplis d'extase.
Cette victoire était cependant courue d'avance dans un pays où toute voix dissidente est réprimée et les opposants décimés, emprisonnés ou devant la justice.
Les pro-Morsi ont été les premières victimes de l'implacable répression des autorités installées par M. Sissi qui a fait plus de 1.400 morts dans leurs rangs, quelque 15.000 arrestations et des centaines de condamnations à mort expéditives. Les mouvements de la jeunesse progressiste et laïque ont ensuite été les cibles des forces de l'ordre et de la justice, qui a interdit le principal mouvement.
Les observateurs de l'UE ont trouvé jeudi que l'élection, qui s'est déroulée sur trois jours, a été "organisée dans le respect de la loi", mais estimé du bout des lèvres que "la non participation de certains acteurs" de l'opposition a "compromis la participation de tous au scrutin".
- La 'légende du sauveur' -
Trois ans après la révolte qui renversa Hosni Moubarak, les militants des droits de l'Homme accusent le pouvoir dirigé de facto par les militaires d'être encore plus autoritaire que celui de M. Moubarak, même s'il jouit d'une grande popularité au sein d'une population majoritairement excédée par trois années de chaos dans un pays ruiné.
Le score de M. Sissi, seul homme à poigne capable de ramener la stabilité et de redresser l'économie en ruines selon ses partisans, "nous ramène à une configuration qu'on espérait ne plus revoir après les révolutions arabes de 2011", déplore toutefois Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques en France.
"Peu de gens auraient imaginé, à la chute de Moubarak, que trois ans plus tard, un maréchal en lunettes de soleil, nouveau pharaon, se ferait élire à 96%, sans même avoir présenté un programme ou fait campagne", poursuit ce spécialiste du Moyen-Orient.
Mais ce score reste suspendu au taux de participation, que les autorités ont voulu doper en ajoutant un troisième jour de scrutin au dernier moment. Il s'établirait finalement à quelque 47%, soit 25 millions de votants, selon le gouvernement.
Comme l'écrit Shadi Hamid, chercheur au Saban Center américain, dans l'immédiat "nous n'avons aucun moyen de vérifier les chiffres du gouvernement, il n'y aucun comptage parallèle et pas assez d'observateurs internationaux".
M. Sissi, qui réclamait avec obsession un adoubement populaire massif, avait espéré pas moins de "45 millions" de voix. Il est finalement élu avec plus de 21 millions des suffrages exprimés. Le taux de participation est inférieur à la présidentielle de 2012 (51,85%), mais le maréchal empoche près du double des voix qu'avait alors recueillies M. Morsi (13,2 millions), fait valoir le camp Sissi.
La coalition pro-Morsi, qui appelait au boycott, s'est félicitée d'avoir remporté "la victoire dans la bataille des bureaux de vote vides", y voyant "la chute du coup d'Etat militaire" du 3 juillet.
Si "les médias officiels ont contribué à forger à M. Sissi une légende de sauveur et d'homme providentiel, ce matraquage n'a pas suffi à mobiliser les masses", le privant du "plébiscite qu'il espérait", analyse M. Bitar.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch souligne en outre "le climat de répression qui sape gravement l'impartialité de cet élection", rappelant les "milliers d'arrestations d'opposants, islamistes et laïques, qui ont verrouillé l'espace politique et privé le scrutin de toute signification".