Primaire: Juppé et Fillon s'écharpent sur l'avortement


Mardi 22 Novembre 2016 - 16:39
AFP


L'entre-deux tours de la primaire de la droite se tend: pour refaire son retard, Alain Juppé pilonne François Fillon en attaquant son programme économique "brutal" et ses positions sur l'avortement ce qui a ulcéré son adversaire jugeant qu'il "tombait bas".


Après avoir dénoncé devant ses soutiens lundi la vision "extrêmement traditionaliste" de la société portée par François Fillon, Alain Juppé l'a appelé mardi à "clarifier" sa position sur l'avortement.

En cause, une sortie du favori des sondages qui avait expliqué en juin que "philosophiquement et compte tenu de (sa) foi personnelle", il ne pouvait pas "approuver l'avortement". Interrogé sur le sujet fin octobre, il distinguait toutefois ses "convictions et l'intérêt général". "Jamais personne et certainement pas moi ne reviendra sur l'avortement", tranchait Fillon.

En déplacement à Viry-Châtillon (Essonne), où Alain Juppé s'était rendu le 8 novembre, François Fillon a vigoureusement réagi: "Jamais je n'aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas!"

"Est-ce qu'une seule fois j'ai pris une position contraire à l'avortement? (...) Que la campagne reprenne sa dignité et qu'on cesse les polémiques qui sont inqualifiables et qui, franchement, abaissent le niveau", a répliqué M. Fillon devant la presse.

Les fillonistes sont venus à sa rescousse, le porte-parole Jérôme Chartier parlant de "polémique honteuse".

Pour Isabelle Le Callennec, membre du collectif "Les femmes avec Fillon", "ce n'est pas un sujet". "François Fillon l'a dit, il ne remet pas en cause le droit à l'IVG", a ajouté députée LR, tout en précisant: "On ne peut pas banaliser l'IVG, ça reste un acte qui n'est pas anodin. C'est le seul message qu'on veut envoyer".

Alain Juppé (28,5%), seize points derrière François Fillon (44,1%) selon des résultats toujours provisoires au premier tour de la primaire, est bien décidé à mettre "toute la gomme" selon son expression pour combler l'écart d'ici le second tour dimanche.

"Nous sommes dans un mode amical et combatif", explique son entourage. Mais s'il rejette l'idée d'une "campagne d'affrontement personnel" avec Fillon, pour qui il a "de l'amitié et de l'estime", le maire de Bordeaux critique de plus en plus clairement son adversaire et aussi son programme économique "brutal" qui selon lui ne se "fera pas", notamment les suppressions de 500.000 postes de fonctionnaires.

- Des sarkozystes redevenus fillonistes -

Alors qu'Alain Juppé promet notamment de renforcer la police "à hauteur de 10.000 personnes", François Fillon a estimé que "la question des effectifs (policiers) n'est pas centrale" lors d'une visite à Viry-Châtillon, où avaient été agressés quatre policiers, déclenchant une vague de colère dans la police.

"S'il faut, on créera des postes. Mais il y a des tâches administratives qui peuvent être supprimées", a expliqué M. Fillon, après avoir taxé dans Le Parisien de "décalé" le programme d'Alain Juppé.

Après ces échanges acerbes, les deux finalistes tiennent meetings mardi soir. A Lyon pour le député de Paris, où s'exprimeront Bruno Le Maire et Laurent Wauquiez, et à Toulouse pour Alain Juppé qui aura le soutien de Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet.

Auparavant, François Fillon rencontrait à la Maison de la Chimie à Paris ses soutiens parlementaires renforcés depuis dimanche par de nombreux sarkozystes, comme Eric Ciotti, Laurent Wauquiez, ou Christian Estrosi, qui le soutenaient en 2012 face à Copé et l'avaient depuis lâché.

Inconnue de l'après second tour: la position qu'adoptera François Bayrou, soutien d'Alain Juppé qui comptait se présenter à la présidentielle face à Nicolas Sarkozy si celui-ci remportait la primaire.

Dans Le Figaro, le maire centriste de Pau dit son "intention de faire mûrir un projet plus juste et plus social" que celui du Sarthois, semblant ouvrir la voie à une candidature. Fillon refuse tout "pronostic" sur le choix de celui avec qui ses relations sont "cordiales".

Grand favori du second tour, le député de Paris continue à cristalliser les critiques des autres partis.

"M. Fillon a coché toutes les cases de la plus grande radicalité de la droite, la droite la plus dure" dit le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, estime lui que le programme de Fillon, "c'est celui de Jacques Chirac en 1986. Il n'y a ni modernité, ni changement". Le FN, lui, dénonce le "passif" de François Fillon comme Premier ministre et son programme "ultralibéral".


           

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