Prix littéraire pour le conte et le rêve d'une jeune bédouine


Jeudi 16 Août 2012 - 11:22
AFP


WADI ABU HINDI (Territoires palestiniens) - C'est la destruction par des soldats israéliens des maisons de sa communauté bédouine qui a inspiré Salha Hamadin. Le conte de cette adolescente de 14 ans qui reflète la dure réalité de la vie quotidienne en Cisjordanie a gagné le prix Hans Christian Andersen.


Prix littéraire pour le conte et le rêve d'une jeune bédouine
La jeune fille qui réside près de Jérusalem a ainsi remporté une rude compétition face à 1.200 concurrents du monde entier âgés de 11 à 16 ans.

La compétition centrée sur la littérature enfantine et les contes du nom du célèbre auteur danois a eu lieu comme chaque année dans le ville italienne de Sestri Levante.

Intitulé "Hantouch," l'histoire de Salha débute par une scène où un bulldozer militaire surgit pour démolir le foyer familial ce qui pousse son agneau favori surnommé Hantouch à l'amener en voyage.

L'agneau, qui peut voler, la transporte en Espagne où elle rencontre le célébrissime joueur de football Lionel Messi qui revient avec elle en Cisjordanie où il promet de réparer le terrain de foot de la communauté bédouine.

Il lui offre aussi une place dans son équipe mais elle refuse, affirmant qu'elle est la seule à pouvoir s'occuper du troupeau de moutons de la famille car son père est en prison.

"C'est la réalité que je vis qui m'a inspirée", raconte Salha à l'AFP sur la colline pelée surnommée Wadi Abou Hindi où elle habite. "J'ai l'habitude de penser et rêver à une meilleure vie ici", ajoute-t-elle.

Membre de la communauté des bédouins Jahalin, sa famille vit en zone C de Cisjordanie restée sous le contrôle total d'Israël. Environ 300 bédouins résident à Wadi Abou Hindi où il n'y a ni eau courante ni électricité.

Salha a entendu parlé de Messi en regardant la télévision et en lisant un journal lors d'une visite familiale à Naplouse dans le nord de la Cisjordanie.

Le terrain de foot que Messi est censé réparer dans l'histoire se réduit en fait un petit terrain sablonneux où des enfants tapent dans un ballon.

Son père, Souleiman, 44 ans, purge actuellement une peine de 25 ans de prison en Israël. Salha est impatiente de lui rendre visite et de lui annoncer son prix.

Selon les chiffres du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 2.300 bédouins vivent dans 20 campements sur des collines à l'est de Jérusalem, dont deux tiers sont des enfants.

Bien que plus 80% d'entre eux aient le statut de réfugiés, la plupart de leurs habitations, de leurs écoles et de leurs bergeries, sont sous le coup d'ordres de démolition, les autorités israéliennes refusant de leur accorder des permis de construire, affirme Ocha.

Malgré son succès, Salha ne veut pas déménager dans l'espoir que "l'imagination devienne un jour réalité, que cet endroit soit reconnu et que les enfants puissent s'ébattre sur des terrains de jeux".

Pour le moment, le terrain de jeu improvisé est utile, affirme son oncle Moukhtar Mohammed Hamadin: "cela montre aux gens que des être humains vivent ici".


           

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