Procès Kerviel: la banque était menacée, il fallait "déboucler", selon un témoin


Mardi 22 Juin 2010 - 13:58
AFP


Paris - La Société Générale était en "faillite potentielle" et n'avait d'autre choix que de "déboucler" (solder) les positions prises par Jérôme Kerviel, avec 4,9 milliards d'euros de perte à la clé, a déclaré mardi au tribunal le trader qui avait mené à bien cette opération.


Jérôme Kerviel
Jérôme Kerviel
Premier témoin cité au 10e jour du procès de l'ex-trader, Maxime Kahn, 39 ans, trader expérimenté de la Société Générale, s'était vu confier le lundi 21 janvier 2008 la tâche de "déboucler" pour près de 50 milliards d'euros pris par Jérôme Kerviel.

Ce montant "astronomique" représentait "dix fois la totalité des risques des 2.500 (traders) de la Société Générale, 25.000 fois le risque moyen que prend un trader!", a expliqué M. Kahn, d'une voix posée et assurée.

Quant aux "limites de risque" habituellement admises, Jérôme Kerviel les avait dépassées de 50.000%, a-t-il ajouté.

Au final, après trois jours de "débouclage" (ou "débouclement"), la perte globale enregistrée était de 4,9 milliards d'euros, alors que les marchés étaient "volatils" depuis le vendredi 18.

C'était la période où la Société Générale "commençait à afficher des pertes sur les portefeuilles de crédit liés à l'immobilier américain" (les subprimes), a expliqué le trader.

Jérôme Kerviel refuse d'assumer la responsabilité de cette perte, estimant que le débouclage a été fait à un très mauvais moment et qu'il aurait pu lui-même "se refaire" si on lui en avait laissé le temps.

Maxime Kahn, qui a actuellement 90 traders sous sa responsabilité, a contesté cette analyse. Il fallait "déboucler", a-t-il dit, "parce que la banque était en faillite potentielle".

Au mieux, selon lui, à quelques jours près, la perte aurait pu être réduite de 1,5 milliard. Mais elle aurait aussi pu atteindre 30 milliards d'euros si les positions avaient été conservées jusqu'à l'année suivante.

Le tribunal devait entendre en fin de matinée un ancien secrétaire général de l'autorité des marchés financiers (AMF), Gérard Rameix. L'ancien PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, est quant à lui attendu en fin de journée.

Jérôme Kerviel, dont le procès s'achève vendredi, encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.


           

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