Q&R - «Pour qualifier l’équipe en Coupe du monde, il faut un entraîneur kamikaze»


Mercredi 22 Juillet 2009 - 10:55
Lejournal-Press


Que pensez-vous du geste royal ?
Le premier sportif du pays, c’est Sa Majesté et la Fédération est une fédération royale. Son apport à la FRMF est un ballon d’oxygène pour qu’elle puisse mettre sur pied un programme qui se tienne en attendant que tous les intervenants puissent se manifester.


Abdallah Benhsaïn
Abdallah Benhsaïn
Est-il normal que le roi intervienne ainsi ?
Le foot étant la locomotive du sport, il fallait lui insuffler cette manne. Les rois ont toujours soutenu le football, peut-être qu’ils n’ont pas trouvé en face des gens capables de concrétiser leur volonté.

Quels sont les problèmes du football national ?
On constate qu’il y a un manque partout : il n’y a pas le spectacle voulu ni les spectateurs voulus. Le football est presque invendable. Le problème numéro un pour moi concerne les infrastructures. Vous ne pouvez pas demander aux gens d’aller dans des stades pour s’asseoir sur du goudron, du ciment, pour regarder un football approximatif dans des terrains qui n’en sont pas, sans parler de l’environnement où il n’y a ni vestiaires ni rien du tout.

Le mal est donc profond…
En tant que président de club, qui est passé voir les amateurs, je vous invite à voir où on joue à Souk Larba, à Assilah, à Fkih Ben Salah. Ces équipes n’ont pas de terrain et sont cependant aux portes de la première division. Aujourd’hui à Rabat, il n’existe pas de terrain de football, à part le complexe Moulay Abdallah. Comment transformer le Wac et le Raja, les professionnaliser alors qu’ils n’ont même pas un terrain ?

Ce n’est donc pas un problème d’ordre financier ?
L’argent n’est pas une solution, il faut sensibiliser les collectivités locales et répercuter cela sur les gouverneurs et les walis. La Fédération doit créer un cahier des charges. Là où je rejoins la volonté royale, c’est que la Fédération peut inciter les gouverneurs et les walis à rendre les équipes professionnelles et s’attacher à monter des stades, à avoir des clubs performants. Si on continue comme cela l’année prochaine, Oujda sera en deuxième division et le football national s’arrêtera à Fès. Tout l’oriental sera exclu. En prenant la carte du Maroc, 50% des clubs jouent sur un espace de 70 kilomètres. Il faut une sorte d’émulation entre les villes pour faire partie d’une ligue professionnelle. La Fédération, quel que soit l’apport de l’argent qu’elle a, ne peut pas le faire car la base, qui est le terrain, n’y est pas.

Vous mettez les clubs et les équipes nationales dans le même sac ?
Une équipe nationale n’est que la résultante d’un football national. Il y a quelque chose contre-nature qui se passe au Maroc. On apporte 120% de joueurs de l’étranger sans aucun égard pour le joueur marocain. On a même eu la stupidité d’aller chercher des gens du Moyen-Orient en ignorant les gens d’ici. Peut-être que le football marocain n’est rien à côté de celui pratiqué en Europe, mais ne me dites pas que le Maroc n’est rien à côté du Qatar ! Les joueurs qui évoluent là-bas sont des pré-retraités.

Les mauvais résultats sont-ils à mettre sur le dos de Lemerre ?
Il est clair qu’il fallait l’éliminer. Mais personne ne parle d’un certain Jean Pierre Morlans qui a été engagé en même temps. Il s’occupe de la direction technique. Celle-ci doit travailler sur le terrain et non pas dans les bureaux, elle doit élargir le champ d’action. Morlans est en train de se morfondre entre les restaurants, chez lui et le bureau de la Fédération. Nous n’avons pas besoin du travail d’un directeur technique. Cela ne veut pas dire que Morlans est mauvais mais que la Fédération n’a pas les moyens de lui donner un outil de travail. Pour toute guerre il faut une stratégie.

Quel serait l’homme de la situation?
Pour qualifier l’équipe nationale en Coupe du monde, il faut une sorte de kamikaze. Je prendrais Philippe Troussier, que je connais bien, pour un contrat de trois matchs qui se terminerait lors du dernier match contre le Cameroun. C’est un bourreau de travail. Sa résidence est au Maroc et il est disponible actuellement. Il est exigeant sur le plan du travail. Je l’ai embauché pour qu’il remporte la Coupe du Trône et je lui avais donné 50 000 dirhams avant et 50 000 après lorsqu’il a gagné. Peut-être que Baddou Zaki sera l’homme de la situation après ces trois matchs…


           

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