Rabie Kati parle de son travail au cinéma et à la télévision


Lundi 16 Février 2009 - 09:50
Magharebia.com/Imane Belhaj


Rabie Kati est un jeune acteur marocain qui a déjà révélé son talent et son intelligence dans toutes sortes de rôles. A la fois fois beau garçon et modeste, Kati suscite une grande admiration chez de très nombreux fans. Il a déjà excellé au cinéma et à la télévision, et a encore énormément à offrir à son large public. Il a parlé de ses nouveaux projets à Magharebia.


Rabie Kati parle de son travail au cinéma et à la télévision
Magharebia : Qui est Rabie Kati ? Quels sont ses nouveaux projets artistiques ?
Rabie Kat i: Je suis africain, arabe et marocain. Je suis acteur professionnel depuis 2003. Après avoir obtenu mon diplôme de l'Institut Supérieur du Théâtre et de la Promotion Culturelle, j'ai débuté ma carrière sur scène, avec des rôles dans trois pièces en Europe, en Belgique et en France. Parallèlement, j'ai participé à plusieurs séries télévisées égyptiennes, marocaines et syriennes.
Puis est venu le cinéma national, avec lequel j'ai eu mon premier rôle dans le film Abwab Al Jenna (Les Portes du Paradis), des frères Soheil et Emad Nouri. A suivi un deuxième film du réalisateur Hassan Benjelloun - "Fin Machi y'a Moshé" (Où vas-tu, Moshé ?). Mon premier téléfilm a été "L'Arbre du Mausolée".
J'ai connu également des expériences importantes au plan international. J'ai joué le rôle de "Abou" dans un film français, "Terre de Lumière". Aujourd'hui, je suis sur le point de débuter un nouveau téléfilm. Je pense que ce sera un tournant dans le domaine des téléfilms, car il réunit toutes les exigences professionnelles. C'est une énorme production en arabe classique, qui devrait sortir pour le prochain Ramadan. J'y joue le rôle du héro, "Niran", un chef suprême chargé de protéger un royaume contre ses ennemis.
Magharebia : Quel est le rôle qui vous a fait connaître du public marocain ?
Kati : Le public m'a connu [dans] mon premier rôle à la télévision. Je crois qu'à chaque nouveau rôle, je me rapproche toujours plus du public. C'est parce que je m'efforce de faire apparaître chaque fois un nouveau personnage, porteur d'un nouveau message, dans un nouveau rôle dont je souhaite qu'il se distingue des précédents.
Magharebia : Quel est le rôle que vous préférez, celui que vous aimez le plus jouer ?
Kati: Je choisis mes rôles. Je n'ai jamais été contraint d'en choisir un. Je dois être convaincu par chaque rôle avant [de l'accepter]. En fait, j'essaie de choisir une variété de rôles pour pouvoir mieux montrer mes compétences.
Mais j'ai une préférence pour les rôles historiques. L'histoire est très importante pour comprendre notre présent et notre avenir. Je crois toutefois que nous ne traitons pas encore de l'aspect historique dans nos séries télévisées, bien que nous ayons un passé ancien et glorieux. Nous devons en tirer profit dans nos productions. J'aime aussi beaucoup la mythologie. Notre histoire regorge de mythes, qui symbolisent la culture et l'identité, qui devraient être utilisés dans notre cinéma. Chaque société arabe est truffée d'histoires et de mythes qui sont toujours le produit d'une certaine pensée et qui, tous, peuvent constituer la matière première d'un magnifique chef d'œuvre.
Magharebia : Y a-t-il un rôle que vous refuseriez s'il vous était proposé ?
Kati : Bien sûr, je me suis fixé certaines lignes rouges et je n'accepterai aucun rôle qui les transgresse. C'est l'une de mes fortes convictions artistiques en tant qu'acteur. Je rejette par exemple tout rôle qui présenterait une image déformée de l'Islam ou une quelconque désacralisation de nos icônes nationales ou de l'identité arabe.
Magharebia : Que signifie pour vous une participation à des films étrangers ? Cela vous rapproche-t-il du statut de star internationale ?
Kati : Le cinéma du Nord est un cinéma évolué, qui rassemble toutes les exigences professionnelles. Cela est dû à l'expérience et à la longue histoire que ce cinéma [a connues]. Je n'établis ici aucune comparaison entre le cinéma américian ou européen et notre propre cinéma. Le cinéma marocain est encore jeune et en est encore au stade de l'expérimentation. Mais travailler avec les étrangers enrichit votre expérience et vous fait découvrir le cinéma et la culture de l'autre. Les conditions de travail pour un film étranger ne sont pas les mêmes que pour un film marocain. On a affaire aux professionnels qui créent le cinéma. Je ne sous-estime en rien notre cinéma, mais en tant qu'acteur, je veux parler le langage du cinéma. Je rencontre les réalisateurs où qu'ils se trouvent pour découvrir les particularités des autres écoles du cinéma, que ce soit au niveau de la réalisation, du scénario ou de la direction des acteurs.
Magharebia : Y a-t-il un acteur mondial qui soit un modèle pour vous ?
Kati : Non, je n'ai pas de modèle dans ma vie. Je m'efforce de toujours vivre mon expérience personnelle sans suivre les traces de quiconque. Il est vrai que je profite, par exemple, d'acteurs très connus qui eux-mêmes tirent profit d'autres acteurs.
Magharebia : Quel est le réalisateur international avec lequel vous aimeriez travailler ?
Kati : Je serais heureux de pouvoir travailler avec n'importe quel réalisateur étranger. Comme je l'ai dit, c'est une occasion de travailler avec d'autres et d'approfondir l'expérience. Néanmoins, cela reste une occasion de travailler, ni plus, ni moins. Je laisse donc au destin la possibilité de pouvoir travailler avec des réalisateurs internationaux et je vis dans le présent. Il y a des maîtres de grand renom, mais je ne veux pas m'accrocher à des illusions ni à des espoirs. Peut-être qu'un jour, la chance ou le destin me mettra sur le chemin de l'un d'eux.
Magharebia : Comment jugez-vous les réalisateurs marocains ?
Ka t: Les réalisateurs marocains sont encore de jeunes réalisateurs, mais ils sont conscients de la révolution qui se produit actuellement dans le monde du cinéma. Parler des réalisateurs marocains ne permet pas de parler d'avant 1970, avec le film "Wechma" d'Hamid Benani. Nous n'en sommes encore qu'aux débuts, nous manquons encore de réalisateurs formés de manière académique. Ils sont quelques-uns, mais nous sommes confiants dans les nouveaux talents, car quelques jeunes réalisateurs qui ont étudié à l'étranger souhaitent se pencher sur les opportunités offertes au Maroc. Je voudrais confirmer ici un point précis : l'affiliation et l'identité doivent être présentes chez un réalisateur marocain.
Magharebia : Votre rôle dans les Portes du Paradis porte-t-il un message pour la jeunesse d'aujourd'hui ? Si oui, lequel ?
Kati : Oui. Dans les Portes du Paradis, j'ai eu l'occasion de tenir un rôle principal, celui d'un jeune homme vivant une polarisation culturelle, qui croit en l'immigration et rêve d'une vie meilleure à l'étranger. Par le biais du personnage de Nay, j'ai tenté de faire passer un message aux jeunes qui rêvent de partir. Ce rôle a été l'occasion de dire que le paradis n'est pas à l'étranger, mais ici même, au Maroc. Ce film a également été une occasion de connaître des jeunes qui écoutent du hip hop, de parler avec eux et d'échanger des points de vue.
Magharebia : A ce propos, comment voyez-vous la jeunesse actuelle ? Est-elle, comme on le dit, indifférente ? Frustrée ou impressionnable ?
Kati : Notre jeunesse est consciente et compétente, mais elle n'a pas encore trouvé l'objet de son désir. Ces jeunes n'ont pas trouvé une société civile qui les accepte et les forme. Ils n'ont pas encore trouvé une éducation qui corresponde au niveau de leurs ambitions. Mais je crois qu'ils tentent de sortir de leur frustration et de faire valoir leurs talents et leurs capacités dans d'autres domaines. La jeunesse du hip hop qui excellait dans le domaine musical et a trouvé sa place dans la société a donné un exemple vivant de cette interaction au sein même de la société, et non à l'extérieur d'elle. Nos jeunes ne sont pas susceptibles ou impressionnables, comme vous l'avez dit. Ce sont plutôt des jeunes qui n'ont pas encore trouvé les moyens nécessaires à l'amélioration de leur condition. Les clubs de jeunes qui existent au Maroc peuvent être des lieux parfaits pour jouer cet important rôle culturel permanent basé sur les fondements nationaux et la citoyenneté.
Magharebia : Comment Rabie Kati voit-il ses fans ? Et comment accepte-t-il la critique ?
Kati : Je respecte énormément les spectateurs marocains et je fais très attention au choix de mes rôles, pour ne pas m'éloigner d'eux. J'espère toujours répondre aux attentes de mon public. Ce sont eux les juges et les véritables soutiens qui nous aident financièrement et nous encouragent moralement. Je m'excuse donc auprès d'eux pour toute erreur, décalage ou travail qui ne leur paraîtrait pas satisfaisant. Quant aux critiques, j'accepte tout ce qui peut m'aider à corriger mes erreurs et me pousse à avancer sur la voie de la performance.
Magharebia : En parlant de critiques, votre film "Fin Machi y'a Moshé" en a reçu un grand nombre. Qu'en pensez-vous ?
Kati : Au contraire, ce film véhicule un message fort. C'est l'histoire d'un jeune Musulman, Hassan, qui tombe amoureux d'une Juive marocaine. Ils sont confrontés à la décision prise par les autorités de renvoyer les Juifs en Israël. Les Juifs marocains se trouvent alors pris entre le Maroc, la terre de la paix, de la coexistence et des bonnes relations qui n'établit aucune discrimination entre les religions, et la "terre promise", dont ils pensent qu'elle leur assurerait une vie meilleure. Le message de ce film est clair. Et tous les Juifs, même ailleurs qu'au Maroc, en ont été émus. J'ai assisté à une projection de ce film à l'étranger, et ai vu un Juif pleurer. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il pleurait, il m'a répondu que ce film lui rappelait de magnifiques souvenirs et des moments historiques qu'il avait partagés avec ses frères musulmans sur le sol marocain.


           

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