Ramadan confronté à une de ses accusatrices françaises


Mardi 18 Septembre 2018 - 11:46
Reuters


Paris - L’islamologue Tariq Ramadan, visé en France et en Suisse par des plaintes pour viols, entend demander de nouveau sa libération, selon son avocat, pour qui c’est un enjeu de la confrontation de son client ce mardi avec une de ses accusatrices.


Le théologien suisse de 56 ans, populaire dans les milieux musulmans européens mais controversé, est incarcéré en France depuis le 2 février et a vu jusqu’ici toutes ses demandes de libération rejetées bien qu’il souffre de sclérose en plaques.

“A partir du moment où la confrontation aura eu lieu, les juges devraient le remettre en liberté”, soutient Me Emmanuel Marsigny. “Je reposerai une demande de remise en liberté.”

La confrontation mardi avec l’une des accusatrices françaises identifiée sous le prénom de Christelle était initialement prévue en juillet mais avait été reportée, la plaignante ayant fait savoir qu’elle était souffrante.

Cette quadragénaire handicapée depuis un accident de voiture accuse le petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans de l’avoir violée en octobre 2009 dans sa chambre d’hôtel à Lyon. Il nie avoir eu des relations sexuelles avec elle mais elle a notamment décrit une cicatrice qu’il arbore à l’aine.

Me Marsigny laisse pour sa part entendre qu’elle aurait pu avoir connaissance de ce détail anatomique par des femmes avec qui Tariq Ramadan a eu des relations. Un élément que l’avocat entendait soulever mardi.

En France, Tariq Ramadan est également mis en examen pour viol sur la personne d’une ex-salafiste, Henda Ayari, qui l’accuse de l’avoir agressée en marge d’un congrès de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) en 2012.

Son témoignage est cependant fragilisé par son incapacité à se souvenir de la date exacte à laquelle elle dit avoir subi des violences sexuelles : le 26 mai 2012, date qu’elle avait avancée après avoir déjà changé de version, elle était au mariage de son frère à Rouen, ce que les enquêteurs ont pu vérifier, et non à Paris, à l’hôtel où elle disait avoir rencontré Tariq Ramadan.

OUVERTURE D’UNE INSTRUCTION À GENÈVE
Selon Me Marsigny, les juges chargés du dossier l’ont questionnée avec insistance sur ce point lors d’une confrontation le 19 juillet.

Tariq Ramadan est également visé par une plainte aux Etats-Unis et une autre en Suisse pour des faits similaires.

La plainte suisse a abouti à l’ouverture début septembre d’une instruction par le parquet de Genève, ce qui équivaut à une mise en examen, selon l’avocat de la plaignante identifiée sous le prénom de Brigitte, Me Romain Jordan.

Les faits dénoncés par sa cliente remontent à octobre 2008 et ressemblent à ceux décrits par les autres accusatrices : une rencontre lors d’une conférence suivie d’une phase d’échanges sur les réseaux sociaux et un rendez-vous en apparence anodin.

“Ils ont pris un café ensemble. Après, il lui a demandé de l’aider à porter des objets dans sa chambre d’hôtel. A partir du moment où elle est entrée dans sa chambre ça a été un cauchemar, toute une nuit jusqu’au petit matin”, a dit à Reuters Me Jordan. “Ce sont des faits constitutifs à notre sens de viol avec cruauté, contrainte sexuelle et séquestration.”

La plaignante, une Suissesse convertie à l’islam depuis l’adolescence, avait une quarantaine d’années lors des faits.

Selon Me Jordan, le procureur de Genève se rendra prochainement en France pour entendre Tariq Ramadan, détenu à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne).


           

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