"Rester Vertical", un film cru et onirique dans la France rurale


Vendredi 19 Août 2016 - 10:52
AFP


Accouchement et sexe féminin filmés au plus près, sodomie avec un mourant: avec "Rester Vertical", en salles mercredi, le cinéaste atypique Alain Guiraudie signe un nouveau film cru mais aussi onirique, aux allures de conte dans la France rurale.


Le réalisateur de 52 ans, qui avait fait sensation en 2013 avec "L'Inconnu du lac" -montrant des ébats dans un lieu de drague homosexuelle-, n'hésite pas à déranger dans ce nouveau film, présenté en compétition au dernier Festival de Cannes.

Il se défend pourtant de toute volonté provocatrice, "dans le sens où la provocation ça serait peut-être de rendre le glauque encore plus glauque".

"Au contraire, moi j'ai envie de rendre ces choses là très évidentes, c'est à dire de filmer très simplement, de façon frontale", expliquait-il à l'AFP à Cannes, où il était pour la première fois en compétition pour la Palme d'or.

Dans "Rester Vertical", Alain Guiraudie aborde la paternité, la création et la déchéance sociale à travers l'errance de Léo, un scénariste indécis en quête de sens.

A la recherche d'un loup sur un causse de Lozère, Léo (Damien Bonnard) rencontre Marie (India Hair), une bergère avec qui il noue une relation et qui donne naissance à un enfant.

Mais en proie au baby-blues, lassée des hésitations de Léo, Marie l'abandonne avec le bébé et le laisse seul face à son rôle de père.

Alors qu'il n'arrive pas à écrire son scénario, Léo va sombrer peu à peu dans la précarité, qui le ramène vers les causses de Lozère.

- 'Un film plus bordélique' -

"Le film part de l'image d'une jeune femme qui garde les moutons en France aujourd'hui avec un fusil. C'est une image de western je dirais", a expliqué Alain Guiraudie, fidèle à son Sud-Ouest natal, qui a voulu faire un film "entre légende et réalité".

Tout au long de son parcours, Léo va rencontrer des personnages ruraux et marginaux, du père de Marie, éleveur bourru (Raphaël Thiéry, dont c'est le premier film) à un vieil homme râleur (Christian Bouillette) en passant par un jeune homme qui l'attire (Basile Meilleurat).

Il entretient des rapports troubles avec plusieurs d'entre eux, entre attirance sexuelle et répulsion.

La quête de ce personnage qui veut "rester bien droit", c'est aussi celle d'un "retour à un monde originel, où on dort dans la bergerie auprès des animaux, un monde complètement perdu", souligne Alain Guiraudie.

La nature, des causses de Lozère à Brest, en passant par le Marais poitevin, est au coeur du film, plongé dans une lumière qui magnifie les paysages.

Alain Guiraudie n'hésite pas également à mélanger les genres, passant de la poésie, du rêve et de la mythologie -celle du loup, ou d'une fée guérisseuse dans les bois- à des scènes crues mais aussi à des moments comiques.

"Je voulais revenir à quelque chose qui aurait brassé plus de choses, même en termes de tons, entre la comédie et la tragédie", souligne-t-il.

Il dit aussi avoir voulu "revenir à une forme plus onirique de son cinéma, à un film plus bordélique".


           

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