Sahel: des jihadistes d'Al-Mourabitoune font allégeance au groupe EI


Jeudi 14 Mai 2015 - 18:52
AFP


Un chef du mouvement jihadiste Al-Mourabitoune a annoncé l'allégeance à l'organisation Etat islamique (EI) du groupe de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar actif au Sahel.


Sahel: des jihadistes d'Al-Mourabitoune font allégeance au groupe EI
L'annonce a été faite par Adnan Abou Walid Sahraoui dans un enregistrement audio mis en ligne par l'agence privée mauritanienne Al-Akhbar, qui publie régulièrement les communiqués de jihadistes et a assuré avoir identifié la voix de ce responsable d'Al-Mourabitoune.

"Le mouvement Al-Mourabitoune annonce son allégeance au calife des musulmans Abou Baqr al-Baghdadi, bannissant ainsi les divisions et les dissensions au sein de la Nation (communauté musulmane, NDLR)", affirme M. Sahraoui dans cet enregistrement écouté jeudi par un journaliste de l'AFP à Nouakchott. Le correspondant n'a pu en confirmer l'authenticité dans l'immédiat auprès d'autres sources.

Le responsable islamiste a invité "tous les mouvements jihadistes à prêter allégeance" au chef de l'EI "pour unifier la parole des musulmans et resserrer leurs rangs".

L'EI, qui contrôle de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, est devenue une franchise de choix dans le monde jihadiste, attirant des combattants de l'étranger et l'adhésion de groupes islamistes comme Boko Haram, actif au Nigeria et dans des pays voisins.

Al-Mourabitoune est né en 2013 de la fusion des "Signataires par le sang" de Mokhtar Belmokhtar - un ex-chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cerveau d'une massive et meurtrière prise d'otages sur un site gazier algérien - et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes jihadistes ayant contrôlé le nord du Mali pendant près d'un an, entre le premier trimestre 2012 et début 2013.

Adnan Abou Walid Sahraoui s'est plusieurs fois exprimé au nom du Mujao mais aussi d'Al-Mourabitoune, notamment pour revendiquer des enlèvements, attaques ou attentats suicides dans le nord du Mali s'étendant sur trois régions administratives (Tombouctou, Gao et Kidal).

- "Changement de cap idéologique" -

Le Mujao, Aqmi et d'autres groupes jihadistes ont en grande partie été chassés de ces régions par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l'initiative de la France et toujours en cours.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle du pouvoir central malien, où les groupes continuent de mener des opérations violentes, récemment étendues à d'autres localités.

Al-Mourabitoune a ainsi revendiqué le premier attentat contre des Occidentaux à Bamako, la capitale, le 7 mars, ayant visé un bar très fréquenté par les locaux et les expatriés. Bilan: cinq morts sur place et dans les environs (trois Maliens, un Français et un Belge).

Les forces maliennes ont, depuis, tué un suspect présenté comme un des auteurs de l'attaque. Trois de leurs complices présumés ont été arrêtés. Selon des sources proches du dossier, les recherches ciblaient au total une dizaine personnes qui seraient de "véritables terroristes organisés".

Al-Mourabitoune a aussi revendiqué un attentat suicide commis le 15 avril contre le contingent nigérien d'une base de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), ayant tué deux civils dans le Nord.

L'agence Al-Akhbar a par ailleurs rapporté que Adnan Abou Walid Sahraoui était désormais le nouvel "émir" (chef) d'Al-Mourabitoune.

Pour l'expert mauritanien du jihadisme dans le Sahel, Isselmou Ould Salihi, cette déclaration d'allégeance pose des questions "au sujet du mouvement et de son chef Belawar" (le Borgne), surnom de Belmokhtar.

"La montée en puissance d'Adnan (Abou Walid Sahraoui), qui signe le communiqué en lieu de son chef attitré, et le changement de cap idéologique ainsi annoncé par le mouvement qui quitte Al-Qaïda pour l'EI est la première lecture que l'on peut faire d'une perte de vitesse évidente du mouvement", a affirmé M. Ould Salihi.


           

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