"C'est Sisyphe. Ca ne finit jamais!", selon une source sécuritaire française. "La définition de la guerre asymétrique, c'est ça". Elle rappelle que l'opération française Barkhane a "neutralisé" des dizaines de "terroristes", mais souligne que la situation s'est "aggravée".
Burkina Faso, Mali, Niger... Il ne se passe pas une journée ou presque sans une attaque. Le nombre de victimes se chiffrent en milliers malgré le déploiement massif de forces de sécurité.
13.000 hommes de la force onusienne au Mali, 4.500 de Barkhane au Sahel, 5.000 pour la force G-5 Sahel (Mali, Niger Burkina, Mauritanie, Tchad). Sans compter les armées nationales constamment sur la brèche...
Jeudi, le Niger a annoncé avoir lors d'une opération conjointe avec la force française Barkhane et les Etats-Unis avoir "neutralisé 18 terroristes" et en avoir arrêté cinq.
"En dépit des opérations répétées, il y a toujours cette capacité à frapper assez régulièrement. Chaque mois il y a des opérations assez complexes, des poses d'IED (engins artisanaux), donnant le sentiment d'un +rythme de croisière+ de l'insurrection qui a tendance à s'accroître lentement mais sûrement", souligne un expert sous couvert de l'anonymat. "Le nombre d'incidents et de victimes ne se réduit pas, bien au contraire", ajoute-t-il, parlant de "sentiment d'impasse sur un bilan plus que mitigé".
"On pourrait penser que l'EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara, présent au Mali, Niger, Burkina) qui a quand même subi des coups assez forts, perdu des chefs, était en phase de rétractation et là, depuis plusieurs semaines ils ont quand même réussi plusieurs opérations spectaculaires", analyse Jean-Marc Balencie, responsable Afrique au sein du cabinet de conseil Risk&Co.
"Il y a sûrement effectivement une stratégie d'évitement des opérations militaires françaises consistant à abandonner le terrain et se replier sur des positions moins exposées", souligne M. Balencie. "Il y a un vrai sujet de préoccupation qui est la capacité de résilience et de récupération par rapport aux pertes infligées".
Les forces armées agissent surtout "en réaction", faute de renseignements. Il n'y a pas de ligne de front mais des zones d'insécurité où l'on sait que l'adversaire est présent sans pouvoir l'identifier.
"Ils (jihadistes) se fondent dans la population. Ils lancent des attaques sporadiques", explique Mahamadou Savadogo, chercheur au Cerrad (Carrefour d'études et de recherche d'action pour la démocratie et le développement, université Gaston Berger, Sénégal).
"La solution ne peut être qu'endogène. Les armées exogènes se heurtent au problème du renseignement. Pour le moment, les population semblent plus enclins à renseigner les groupes armés que les armées locales" et a fortiori les armées étrangères, juge-t-il.
De plus, les groupes armés ont su attiser les conflits intercommunautaires, qui non seulement compliquent une situation déjà explosive, mais ont généré méfiance, voire haine, envers les armées locales.
Parallèlement, la présence de forces étrangères est mal acceptées par une partie de la population des pays concernés.
Fin mai, une manifestation a rassemblé à Niamey un millier de personnes qui ont scandé "à bas les bases militaires étrangères", "à bas l'armée française" tout en montrant leur hostilité aux groupes armés: "A bas les jihadistes et Boko Haram".
Au Burkina, il n'est pas rare que des badauds expliquent que la montée en puissance des groupes jihadistes dans le pays est une conséquence de la présence française et non la raison de sa présence: "Avant l'arrivée des Français (forces spéciales et Barkhane), il n'y avait pas de jihadistes", disent-ils.
Les hommes politiques se nourrissent aussi de cette méfiance, explique M. Savadogo. "Ils n'hésitent pas à rejeter la faute sur les autres structures", G5 Sahel ou armées occidentales.
Il cite notamment des déclarations du ministre burkinabè de la Défense, Cheriff Sy, à l'hebdomadaire sud-africain, Mail&Guardian: "Les Français ont près de 4.000 hommes dans la région, ils disposent de toutes les ressources militaires et technologiques, aussi suis-je étonné qu'ils n'aient pas été en mesure d'éradiquer cette bande de terroristes".
Burkina Faso, Mali, Niger... Il ne se passe pas une journée ou presque sans une attaque. Le nombre de victimes se chiffrent en milliers malgré le déploiement massif de forces de sécurité.
13.000 hommes de la force onusienne au Mali, 4.500 de Barkhane au Sahel, 5.000 pour la force G-5 Sahel (Mali, Niger Burkina, Mauritanie, Tchad). Sans compter les armées nationales constamment sur la brèche...
Jeudi, le Niger a annoncé avoir lors d'une opération conjointe avec la force française Barkhane et les Etats-Unis avoir "neutralisé 18 terroristes" et en avoir arrêté cinq.
"En dépit des opérations répétées, il y a toujours cette capacité à frapper assez régulièrement. Chaque mois il y a des opérations assez complexes, des poses d'IED (engins artisanaux), donnant le sentiment d'un +rythme de croisière+ de l'insurrection qui a tendance à s'accroître lentement mais sûrement", souligne un expert sous couvert de l'anonymat. "Le nombre d'incidents et de victimes ne se réduit pas, bien au contraire", ajoute-t-il, parlant de "sentiment d'impasse sur un bilan plus que mitigé".
"On pourrait penser que l'EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara, présent au Mali, Niger, Burkina) qui a quand même subi des coups assez forts, perdu des chefs, était en phase de rétractation et là, depuis plusieurs semaines ils ont quand même réussi plusieurs opérations spectaculaires", analyse Jean-Marc Balencie, responsable Afrique au sein du cabinet de conseil Risk&Co.
"Il y a sûrement effectivement une stratégie d'évitement des opérations militaires françaises consistant à abandonner le terrain et se replier sur des positions moins exposées", souligne M. Balencie. "Il y a un vrai sujet de préoccupation qui est la capacité de résilience et de récupération par rapport aux pertes infligées".
Les forces armées agissent surtout "en réaction", faute de renseignements. Il n'y a pas de ligne de front mais des zones d'insécurité où l'on sait que l'adversaire est présent sans pouvoir l'identifier.
"Ils (jihadistes) se fondent dans la population. Ils lancent des attaques sporadiques", explique Mahamadou Savadogo, chercheur au Cerrad (Carrefour d'études et de recherche d'action pour la démocratie et le développement, université Gaston Berger, Sénégal).
"La solution ne peut être qu'endogène. Les armées exogènes se heurtent au problème du renseignement. Pour le moment, les population semblent plus enclins à renseigner les groupes armés que les armées locales" et a fortiori les armées étrangères, juge-t-il.
De plus, les groupes armés ont su attiser les conflits intercommunautaires, qui non seulement compliquent une situation déjà explosive, mais ont généré méfiance, voire haine, envers les armées locales.
Parallèlement, la présence de forces étrangères est mal acceptées par une partie de la population des pays concernés.
Fin mai, une manifestation a rassemblé à Niamey un millier de personnes qui ont scandé "à bas les bases militaires étrangères", "à bas l'armée française" tout en montrant leur hostilité aux groupes armés: "A bas les jihadistes et Boko Haram".
Au Burkina, il n'est pas rare que des badauds expliquent que la montée en puissance des groupes jihadistes dans le pays est une conséquence de la présence française et non la raison de sa présence: "Avant l'arrivée des Français (forces spéciales et Barkhane), il n'y avait pas de jihadistes", disent-ils.
Les hommes politiques se nourrissent aussi de cette méfiance, explique M. Savadogo. "Ils n'hésitent pas à rejeter la faute sur les autres structures", G5 Sahel ou armées occidentales.
Il cite notamment des déclarations du ministre burkinabè de la Défense, Cheriff Sy, à l'hebdomadaire sud-africain, Mail&Guardian: "Les Français ont près de 4.000 hommes dans la région, ils disposent de toutes les ressources militaires et technologiques, aussi suis-je étonné qu'ils n'aient pas été en mesure d'éradiquer cette bande de terroristes".