Samsung: le parquet sud-coréen fustige l'héritier au début du procès


Vendredi 7 Avril 2017 - 11:31
AFP


L'héritier de Samsung a essuyé vendredi les foudres du parquet, à l'ouverture de son procès à Séoul, où est examiné son rôle dans le scandale de corruption qui a précipité la destitution de l'ex-présidente Park Geun Hye.


Lee Jae-Yong, vice-président de Samsung Electronics, le navire-amiral du groupe, est arrivé menottes aux poignets dans la salle d'audience du tribunal du district central de la capitale.

Le fils du président du mastodonte sud-coréen et petit-fils du fondateur de ce groupe qui pèse un cinquième du PIB sud-coréen est inculpé et détenu pour "corruption, abus de biens sociaux, dissimulation d'actifs à l'étranger et parjure".

M. Lee, 48 ans, est notamment accusé d'avoir versé près de 40 millions de dollars de pots-de-vin aux fondations contrôlées par Choi Soon-Sil -la confidente de l'ombre de l'ex-présidente- en contrepartie de faveurs politiques.

Quatre autres cadres de Samsung sont également inculpés.

Il s'agit d'une "affaire caractéristique des relations malsaines entre les milieux politiques et les milieux d'affaires", a estimé dans son propos liminaire le procureur spécial Park Young-Soo.

"Pour fournir des pots-de-vin, Lee Jae-Yong a détourné l'argent de son entreprise, illégalement transféré à l'étranger des actifs, dissimulé des revenus perçus illégalement et commis un parjure devant le parlement", a-t-il poursuivi.

- 'Profonde cicatrice' -

Comme ils l'avaient fait début mars lors d'une audience préliminaire, les avocats de la défense ont catégoriquement nié ces accusations.

Le premier conglomérat sud-coréen a toujours soutenu que les paiements effectués aux fondations de Mme Choi, bien que faits sous la contrainte de celle qui a été surnommée "Raspoutine", avaient été de réelles contributions caritatives et en aucun cas des pots-de-vins.

La défense s'est donc échinée à pointer la faiblesse des éléments de preuves rassemblés par le ministère public, dénonçant des accusations se fondant sur des "préjugés".

"L'affaire Choi a laissé une profonde cicatrice mais elle offre aussi une occasion de rétablir l'Etat de droit", a cependant affirmé le procureur.

Le verdict est attendu fin mai.

Le scandale est centré sur Mme Choi, l'amie de 40 ans de Mme Park, accusée de s'être servie de son influence pour soutirer près de 70 millions de dollars à diverses entreprises et se mêler des affaires de l'Etat.

Mme Park, dont la destitution a été confirmée début mars, a été placée la semaine dernière en détention provisoire dans le cadre de ce vaste scandale de trafic d'influence.

Samsung serait le conglomérat qui s'est montré le plus généreux envers les fondations douteuses de Mme Choi. Il lui aurait également versé des millions d'euros, sous couvert de financer en Allemagne les entraînements sportifs de cavaliers sud-coréens, parmi lesquels la fille de Mme Choi.

- Bénéfice insolent -

Vendredi, le procureur a accusé M. Lee d'avoir demandé à la présidente des faveurs en échange de ses versements lorsqu'il l'a rencontrée seul à trois reprises en 2015 et 2016. Ce que les avocats de la défense démentent.

L'accusation estime qu'une des contreparties de ces pots-de-vin a été le feu vert du gouvernement à la fusion controversée de deux unités de Samsung, Cheil Industries et C&T, en 2015.

Cette opération avait été dénoncée par certains actionnaires qui estimaient que C&T avait été délibérément sous-évaluée. Mais la Caisse nationale de retraites, gros actionnaire de Samsung sous tutelle du ministère des Affaires sociales, l'avait soutenue.

L'ancien ministre des Affaires sociales a été inculpé pour abus de pouvoir.

L'arrestation de l'héritier du chaebol, comme sont appelés les conglomérats sud-coréens, a fait l'effet d'une bombe alors que le groupe avait eu à gérer le fiasco monumental du Galaxy Note 7, dont la production avait dû être annulée en raison de batteries explosives.

En dépit de ces revers, Samsung Electronics a annoncé vendredi qu'il tablait au premier trimestre sur un bénéfice opérationnel insolent de 9.900 milliards de wons (8,3 milliards d'euros), en hausse de près de 50%.

Le scandale a jeté une lumière crue sur les liens étroits qui unissent traditionnellement les pouvoirs politique et économique. Les chaebols suscitent de plus en plus l'opprobre pour leur structure et leur gouvernance opaques ainsi que leurs promotions intra-familiales.


           

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