Sans tabous et imaginative, la littérature ado rapproche les générations


Mercredi 20 Avril 2011 - 17:52
AFP


Paris - La série et les livres "Buffy contre les vampires" à Normale Sup, "Twilight" chez les quadras : avec ses héros sans tabous, en prise avec l'actualité mais dans un monde imaginaire, la littérature ado s'émancipe des frontières de l'âge, analysent des éditeurs et des auteurs.


Sans tabous et imaginative, la littérature ado rapproche les générations
Avant "Harry Potter", "on avait la littérature pour enfants et celle pour adultes. La littérature jeunesse était enfermée dans un enclos 9-12 ans", analyse Thierry Laroche, responsable éditorial chez Gallimard jeunesse.

Les fans du petit sorcier "ont grandi avec lui, il a intéressé leurs parents". Le succès de la saga de J.K. Rowling "montre le côté transgénérationnel" d'une société où "la culture adolescente a pris de plus en plus de place, dans la mode, le cinéma, le langage... et qui est elle-même adolescente", dit-il.

Les grandes marques surfent sur cette confusion des générations et "les 30-40 ans ont du mal à couper avec l'adolescence. Cette littérature s'en nourrit", ajoute-t-il, citant "Twilight", saga culte de Stephenie Meyer, vendue à plus de 120 millions d'exemplaires dans le monde et publiée en France depuis janvier dans une collection "Jeunes adultes" du Livre de poche jeunesse.

Signe de ce bouleversement, relève Stéphane Marsan des éditions Bragelonne, un colloque organisé récemment à l'Ecole normale supérieure sur "Buffy contre les vampires", héroïne de l'Américain Joss Whedon et série télévisée culte novellisée ensuite, qu'il considère comme "une oeuvre majeure de la pop-culture du 21e siècle".

Les ressorts de cette littérature sont doubles, dit M. Laroche : "l'identification avec le héros et un imaginaire fort qui emmène les lecteurs hors de leur quotidien".

"On s'adresse à des jeunes en comprenant qu'ils ont déjà des questions sur le sexe, la mort", dit M. Marsan, citant comme "sommet" du genre "Ephémère", de Lauren Destefano (Castelmore), qui interroge sur la place des femmes.

Une vision partagée par Natacha Derevitsky, directrice littéraire de Pocket jeunesse : ces romans "font réfléchir sur la société". "Hunger Games", de Suzanne Collins (Hachette), ou "Uglies", de Scott Westerfeld (Pocket jeunesse), qui dénoncent téléréalité et dictature des apparences, étaient "inimaginables il y a 10 ou 15 ans".

Ces "dystopies" ou anti-utopies parlent d'un monde hostile où le héros parvient "grâce à des valeurs morales, d'amitié et d'amour, à s'extraire de situations extrêmes en portant un message positif", ajoute Cécile Terouanne de Hachette jeunesse.

Les romans s'inscrivent "dans une réalité contemporaine renouvelant les archétypes", analyse-t-elle. Elle cite "Delirium", de Lauren Oliver (Hachette/Blackmoon), un monde où l'amour est considéré comme le plus terrible des maux.

Les "Eveilleurs", de Pauline Alphen (Hachette), décrit un monde autodétruit à force de nier la nature. Dans "Promise", trilogie de l'Américaine Ally Condie (Gallimard-jeunesse), l'héroïne se rebelle contre le totalitarisme.

Sexe, addictions... La littérature adolescente n'a pas de tabous.

Si "La vie en gros", de Mickaël Olliver (Folio Junior), aborde l'obésité, Oksa Pollock (XO éditions), héroïne née à 13 ans et qui en a 16 aujourd'hui, touche aux "secrets de famille", comme l'inceste, expliquent ses créatrices, Anne Plitocha et Cendrine Wolf, soulignant l'importance du "choix des mots".

Manon, 12 ans, aime beaucoup Oksa : "elle est courageuse, déterminée. On s'identifie à elle", explique cette adolescente qui adore aussi "Maintenant, c'est ma vie", de Meg Rosoff (Albin Michel), histoire d'une ado new-yorkaise anorexique qui découvre la liberté et la passion amoureuse sur fond d'attentat à Londres et de guerre totale.


           

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