Sarkozy choisit Fillon et la continuité pour préparer la bataille de 2012


Lundi 15 Novembre 2010 - 10:43
AFP


Paris - Le président français Nicolas Sarkozy a finalement reconduit dimanche François Fillon à la tête d'un nouveau gouvernement marqué par le maintien des poids-lourds et une inflexion à droite pour partir au combat de l'élection présidentielle de 2012.


François Fillon et Nicolas Sarkozy
François Fillon et Nicolas Sarkozy
Annoncé il y a cinq mois par un chef de l'Etat au plus bas dans les sondages et censé donner un nouveau souffle à son action, ce remaniement s'est résumé en grande partie à un jeu de chaises musicales noué en un week-end.

Le premier acte s'est joué samedi soir quand François Fillon a présenté la démission de son gouvernement. Le suspense des derniers jours évanoui, il a été reconduit dans ses fonctions dès dimanche matin.

"Après trois années et demie de réformes courageuses, conduites malgré une sévère crise économique et financière mondiale, je m'engage, sous l'autorité du chef de l'Etat, avec détermination, dans une nouvelle étape", a annoncé le Premier ministre.

Sobre, parfois austère, cet homme de 56 ans, au physique de notable de province, a réussi à imposer son propre style, à l'ombre de l'"hyperprésident" Nicolas Sarkozy. Il fut ainsi le premier, à droite, à assumer la mise en oeuvre d'une politique de rigueur économique.

Bien placé dans les sondages, il a surtout le soutien de la droite traditionnelle qui a quasiment imposé sa reconduction à ce poste qu'il occupe depuis 2007, au risque de mécontenter la composante centriste de la majorité dont la place au gouvernement s'est fortement réduite.

Le week-end aura été marqué par d'intenses tractations de dernière minute, et trois fois dans la journée le chef du gouvernement s'est rendu à l'Elysée.

Finalement, Michèle Alliot-Marie (64 ans), abonnée aux ministères prestigieux (Justice, Défense, Intérieur), prend les Affaires étrangères où elle remplace l'ex-French Doctor Bernard Kouchner. Figure de la droite française et proche de l'ex-président Jacques Chirac, elle est la première femme chef de la diplomatie française.

Alain Juppé (65 ans), ancien Premier ministre et ex-chef de la diplomatie, revient aux affaires à la Défense où ce technocrate brillant souvent taxé de raideur fait son retour après une longue traversée du désert.

Forte de la reconnaissance de ses pairs étrangers, Christine Lagarde (54 ans) se maintient au ministère stratégique de l'Economie alors que la France a pris vendredi la présidence annuelle du G20, en pleine "guerre des monnaies", et qu'elle assumera à partir de janvier celle du G8.

L'opposition socialiste s'est insurgée contre ce choix de la continuité d'un président qui s'est toujours réclamé de la "rupture" pour changer la France et qu'elle accuse de ne pas écouter les angoisses des Français.

"La confirmation de M. Fillon, c'est une fin de non recevoir adressée par le président de la République aux Français", a ainsi estimé la patronne du Parti socialiste Martine Aubry. Ce gouvernement "est essentiellement clanique", a-t-elle ajouté, parlant de "droite dure".

Le chef de l'Etat, en pleine crise de confiance avec les Français après l'adoption au forceps d'une douloureuse réforme des retraites, espère trouver un nouveau souffle alors qu'il perd encore trois points à 32% d'opinions favorables, selon un sondage à paraître lundi.

Il mènera ses dernières réformes (fiscalité et vieillesse) avec un gouvernement resserré (31 membres) et la disparition du très contesté ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale dont les dossiers échoient à Brice Hortefeux, un proche du président qui conserve l'Intérieur.

Quelques grandes absences se font remarquer. Exit les centristes de premier plan, comme l'ex-ministre de l'Ecologie à la fibre sociale Jean-Louis Borloo, pressenti jusqu'à ces derniers jours pour prendre la tête du gouvernement, les les personnalités venues de l'opposition de gauche en 2007 et plusieurs ministres issus des minorités ethniques.

"J'attendais un geste de rassemblement (...) j'ai vu apparaître une équipe de campagne électorale UMP", a critiqué le centriste Hervé Morin, ministre sortant de la Défense.

Fadela Amara, ex-secrétaire d'Etat d'origine algérienne et chargée des banlieues, a dénoncé "le poids de l'inertie et du sectarisme".


           

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