Sarkozy espère renouer avec les enseignants et les jeunes


Lundi 12 Janvier 2009 - 15:35
Le Monde.fr/Luc Cédelle


En déplacement lundi 12 janvier à Saint-Lô (Manche) pour des vœux aux personnels de l'éducation nationale, Nicolas Sarkozy entend faire passer le message que le report de la réforme du lycée, le 15 décembre 2008, sous la pression des manifestations de lycéens, n'a pas donné, pour le gouvernement, le signal du renoncement aux réformes.


 Sarkozy espère renouer avec les enseignants et les jeunes
Au contraire, le chef de l'Etat veut montrer qu'il reprend l'initiative sur les thèmes de l'éducation, de l'égalité des chances et, plus largement, du sort de la jeunesse à l'heure où se mène, au plan mondial, la "bataille de l'intelligence".

Le président de la République réaffirme, comme l'avait fait avant lui le ministre de l'éducation, cette fois avec solennité, la nécessité d'une réforme du lycée. Cet impératif n'implique pas, selon lui, de reprendre à l'identique le fil du projet interrompu en décembre, mais plutôt de dépasser le seul cadre de l'éducation nationale pour engager un débat au niveau de l'ensemble de la société. Il veut profiter pour cela du délai donné par le report de cette réforme à la rentrée 2010.

Pour illustrer sa détermination, le président confie à Richard Descoings, l'énergique et médiatique directeur de l'Institut d'études politiques de Paris, une mission "d'analyse, de compréhension, d'écoute et de proposition" sur la réforme du lycée.

M. Sarkozy devait également évoquer les craintes ressenties par la jeunesse qui, en France et selon les sondages, se voit un avenir moins bon que la génération précédente. Le président confie à Martin Hirsch un nouveau commissariat à la jeunesse. L'actuel commissaire aux Solidarités actives élargit donc sa mission.

Agé de 50 ans, conseiller d'Etat, M. Descoings dirige Sciences-Po Paris depuis 1996. Venu de la gauche – il a notamment été, en 1992, chargé de mission au cabinet du ministre de l'éducation, Jack Lang – sa notoriété s'est établie précisément sur les questions de l'égalité des chances et de la promotion de la "diversité", lorsqu'il a créé en 2001, pour accéder à son établissement, une filière dérogatoire au concours à l'intention d'élèves des zones d'éducation prioritaire (ZEP). Cette mesure a suscité de vifs débats sur la discrimination positive et l'opposition résolue de l'organisation étudiante de droite, l'UNI. Aujourd'hui, l'école est en partenariat avec 65 lycées et a accueilli près de 500 élèves dans ce cadre. Par ailleurs, Sciences-Po coordonne, depuis la rentrée 2006, des classes expérimentales, impliquant 250 enseignants et 2 500 élèves dans sept lycées, dont cinq en banlieue parisienne.

Chargé en mai 2008 par Xavier Darcos d'une mission préparatoire de la réforme du lycée, Jean-Paul de Gaudemar restera membre d'une équipe de travail, à laquelle participera également Jean-Louis Nembrini, directeur de l'enseignement scolaire au ministère. D'autres personnalités pourraient s'y joindre. Ce travail aura pour base les "points de convergence" signés en juin et juillet par presque toutes les parties prenantes, dont le syndicat majoritaire dans les lycées, le SNES-FSU, qui s'était ensuite retiré des discussions, ne voulant pas cautionner les suppressions de postes dans l'éducation.

Taux d'encadrement maintenu

Justement : pour que cette réforme ne soit pas considérée comme un habillage de la pénurie, le chef de l'Etat prend l'engagement solennel qu'aucune suppression de poste, dans les lycées, n'en découlera. M. Darcos l'avait déjà promis, mais, outre l'usure de sa parole dans un contexte de conflit, cela ne portait que sur la rentrée 2009.

L'engagement porte maintenant sur toute la réforme, après laquelle "le taux d'encadrement des élèves par les professeurs sera exactement identique à ce qu'il était avant", assure l'entourage de M. Sarkozy. Sans attendre que ce processus soit accompli, des expérimentations pourront être conduites dans des lycées volontaires. Par ailleurs, le président n'exclut pas des mesures supplémentaires en faveur des enseignants, pour "accompagner" la mise en place des réformes.

Signe d'un malaise persistant entre le pouvoir et le monde enseignant, les syndicats de l'éducation boycottent ces vœux du président et leurs organisations départementales appellent à faire grève et à manifester.


           

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