Sombre et trash, "Peau d’âne" bouscule le Théâtre du peuple de Bussang


Vendredi 16 Juillet 2010 - 12:34
AFP


Bussang - Le théâtre du peuple de Bussang, bizarrerie culturelle perdue dans la montagne vosgienne, célèbre cet été ses 115 ans d’existence avec une nouvelle version de "Peau d’âne", sombre et provocante, alors que le succès du site ne se dément pas au fil des ans.


Sombre et trash, "Peau d’âne" bouscule le Théâtre du peuple de Bussang
"Je me suis dit que le conte, cela correspondait à la fois à l’aspect populaire et merveilleux propre au site de Bussang", explique Olivier Tchang-Tchong, auteur de l’adaptation et metteur en scène.

Parfois déroutante, la pièce dépeint un univers davantage anachronique qu’intemporel, lugubre et tragique, dont une scène dans les enfers mêlant musique rock et nudité sur scène bouscule les habitudes de la vieille bâtisse de bois vosgienne.

Un âne aux sabots d’or complète une galerie de personnages parfois fantasques, interprétés par 24 comédiens, dont une vingtaine d’amateurs, souvent de la région, l’une des spécificités du Théâtre du peuple.

"Perrault, c’est le merveilleux au secours de l’effroi, mais en 2010, je trouve ça obscène", justifie le metteur en scène, qui s’est voulu "réaliste" pour raconter l’histoire de l’inceste entre un père et sa jeune fille.

"Mais il y a l’habillage de l’histoire, les costumes, et surtout la langue, très poétique, très lyrique, qui répondent à la promesse du conte", insiste Olivier Tchang-Tchong.

L’auteur reconnaît toutefois s’être "totalement détaché" de précédentes adaptations, notamment de la célèbre comédie musicale de Jacques Demy avec Catherine Deneuve, même s’il lui adresse quelques clins d’oeil en faisant parfois chanter ses personnages sur scène.

Plusieurs tableaux de sa pièce lui permettent en outre d’exploiter le fond de scène qui, après ouverture de deux portes monumentales, laisse entrer la forêt dans le décor, l’une des traditions de Bussang que les spectateurs apprécient particulièrement.

Le spectacle, de 2h30, devra convaincre un public exigeant, qui se retrouve chaque année en masse sur les bancs du théâtre, à l’inconfort légendaire.

Fondé en 1895 par le poète Maurice Pottecher, un enfant du pays qui souhaitait rassembler dans son fief une société villageoise autour d'un projet de "théâtre et de partage", Bussang reste un lieu résolument populaire.

"Il faut retrouver ce qui a fondé ce lieu : écrire pour un endroit spécifique et un public spécifique", plaide Pierre Guillois, directeur du théâtre.

Pierre Guillois est également l’auteur de la deuxième pièce de la saison, "Le gros, la vache et le mainate", une "opérette barge", mise en scène par le comédien Bernard Menez et dont les représentations commenceront en août.

Jouée le soir, la comédie musicale promet "une brochette d’hurluberlus", avec "un homme qui tombe en cloque, deux tatas irascibles, un bébé qui dégoûte tout le monde et un oiseau de malheur", explique l’auteur, qui affirme sa "liberté de création" au sein du théâtre qu’il dirige depuis cinq ans.

La saison dernière, plus de 23.000 spectateurs s’y sont pressés, "la deuxième meilleure année après le record en 2008 (25.000 entrées)", souligne-t-il.

Environ 90% des spectateurs viennent en voisins, de Lorraine (50%), d'Alsace (30%) ou de Franche-Comté (10%), estime le directeur.

La plupart sont des habitués des lieux, qu'ils fréquentent assidûment. Car le virus de Bussang se transmet "de génération en génération", affirme-t-il.

(http://www.theatredupeuple.com - Week-ends de juillet et au mois d'août, du mercredi au dimanche)


           

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