Stress et doutes: pour les convertis, le ramadan est une épreuve particulière


Samedi 6 Juillet 2013 - 14:00
AFP - Marion THIBAUT


Paris - "Je m'en souviendrai toute ma vie": pour les convertis, le premier ramadan est une épreuve fondamentale qui génère questions et stress, surtout quand les familles n'approuvent pas le choix religieux.


Stress et doutes: pour les convertis, le ramadan est une épreuve particulière
"Je suis converti depuis seulement quelques mois et je suis très angoissé car je ne sais pas si je vais réussir à faire le ramadan", confie, à quelques jours du début du mois de jeûne, Matthieu, dont le nom de converti est Aïssa.

Habitant avec sa famille dont personne ne connaît sa conversion, le jeune homme qui ne souhaite pas donner son patronyme, estime qu'il pourra faire ses cinq prières par jour mais pas respecter le ramadan sans que ses proches s'en aperçoivent. Il "redoute leur réaction".

Malgré ses discussions avec l'imam, il est inquiet d'être "impur".

Alexandre-Zyad Martin se souvient lui aussi d'avoir eu du mal à concilier sa foi avec sa vie de famille, pour son premier mois de ramadan il y a quelques années. Elevé dans une famille catholique, cet homme qui a aujourd'hui 32 ans, a été baptisé, a fait sa première et sa deuxième communions et effectué toute sa scolarité dans des établissements catholiques avant de se tourner vers l'islam.

"A l'époque, j'étais étudiant et je vivais encore en partie avec mes parents qui ne comprenaient pas les interdits de ma nouvelle religion", explique-t-il. "Clairement mes proches ne pouvaient pas comprendre que je ne mange plus de porc, que je ne puisse même pas boire pendant le ramadan alors qu'il faisait chaud."

"Au fil du temps, ils ont compris et ont arrêté de me questionner mais je sentais que cela les perturbait. D'autant plus que chez moi, traditionnellement, mon grand-père achète un cochon tous les ans et on le tue nous-même pour le partager en famille", raconte cet éducateur médico-sportif.

"Aucun repère"

Même si tous ne sont pas dans une situation si complexe, cette période est souvent l'occasion de beaucoup de doutes. "Pour le premier, l'an passé, j'étais très angoissée. Je n'étais pas sûre d'y arriver, j'avais mille questions pratiques sur les horaires pour la rupture du jeûne mais aussi sur la question du report des jours de jeûne que l'on ne fait pas quand on a nos règles", explique Anaïs, une étudiante d'Ile-de-France.

"Je craignais que mes questions paraissent bizarres mais je me sentais perdue car je n'avais aucun repère autour de moi. Je me sentais très isolée alors que pour les familles c'est une période de fêtes et de retrouvailles", ajoute-t-elle, précisant avoir posé des questions sur des forums sur internet et à des amis de la mosquée.

Manuel, ou Djalil, s'est de son côté surtout tourné vers l'imam de sa mosquée pour prendre conseil.

"Je me souviendrai toute ma vie de mon premier ramadan. Quand tu es tout seul, que tu n'as pas grandi dedans, c'est plus compliqué et tu as peur de te tromper. Je m'étais mis une pression énorme pour tout faire parfaitement".

Aujourd'hui, cet homme de 34 ans, originaire du Congo et qui a grandi dans une famille dont le père était témoin de Jéhovah, est plus serein à l'approche de ce mois de jeûne. Toutefois la période reste synonyme de discussions souvent pénibles avec ses proches.

"Beaucoup de gens de mon entourage ne comprennent pas. J'ai l'impression qu'au moment du ramadan les gens se souviennent que je suis musulman et donc me prennent la tête sur ma foi", confie-t-il.

"Ils posent beaucoup de questions et je dois passer mon temps à expliquer que je suis un converti tranquille que je n'ai rien à voir avec les fanatiques", explique cet homme.


           

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