Syrie: forces du régime et rebelles convergent à Alep pour une "bataille décisive"


Mercredi 25 Juillet 2012 - 15:29
AFP


Damas - Armée syrienne et rebelles acheminaient mercredi des troupes vers Alep, deuxième ville de Syrie où se joue désormais une bataille décisive entre les opposants et le régime, qui tente parallèlement d'écraser l'une des dernière poches de résistance dans la capitale Damas.


Syrie: forces du régime et rebelles convergent à Alep pour une "bataille décisive"
La moitié des 300 observateurs de l'ONU ont quitté la Syrie, selon un responsable de l'ONU, leur présence ayant échoué à mettre un terme à la spirale de violences.

La répression et les combats ont fait au moins 45 morts, dont 33 civils, 4 rebelles et 8 membres des troupes gouvernementales, selon une ONG syrienne.

Alep, deuxième ville de Syrie et poumon économique du pays resté au départ à l'écart de la révolte qui secoue le pays depuis mars 2011, a sombré depuis vendredi dans un conflit ouvert entre le régime de Bachar al-Assad et l'Armée syrienne libre (ASL).

"Des centaines de rebelles venus de tout le nord de la Syrie arrivent à Alep" pour "la bataille décisive", indique le correspondant d'un journal syrien dans la ville, précisant qu'une "dizaine de quartiers périphériques" sont toujours aux mains des insurgés.

Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) indique de son côté que depuis 48 heures l'armée envoie des renforts "par la route internationale Damas-Alep", faisant état de deux attaques rebelles contre des convois militaires pour retarder leur arrivée.

Si Alep tombe, "le régime est fini et les deux adversaires le savent", estime M. Abdel Rahmane.

Des accrochages ont éclaté dans plusieurs quartiers de la ville, et des hélicoptères de l'armée ont mitraillé le secteur, selon l'OSDH.

Un quartier à Damas mitraillé par hélicoptère

A Damas, l'armée régulière, qui a repris lundi le contrôle de la plus grande partie de la capitale selon l'OSDH, bombardait Hajar el-Aswad, un des derniers bastions rebelles de la ville, faisant usage d'hélicoptères et de mitrailleuses lourdes, selon l'OSDH.

Amnesty International a appelé mercredi les forces régulières et les rebelles à cesser leurs "exécutions sommaires", faisant état "d'informations selon lesquelles les deux parties achèvent de façon délibérée et illégale" leurs prisonniers.

Deux ONG ont déposé plainte contre une société française, Qosmos, accusée d'avoir fourni au régime syrien du matériel informatique utilisé pour organiser la répression.

Face à la poursuite des violences, l'Union européenne a renforcé des contrôles de l'embargo sur les armes transportées par des navires et aéronefs. Moscou a condamné ces mesures, y voyant "un blocus".

Alors que les violences redoublent dans le pays, où plus de 19.000 personnes ont perdu la vie depuis mars 2011 selon l'OSDH, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a indiqué que la moitié des 300 observateurs avait quitté le pays.

M. Ladsous et le général Babacar Gaye, principal conseiller militaire de l'ONU et désormais à la tête des observateurs, sont arrivés à Damas alors que leur mission a été prolongée vendredi pour une "ultime période de 30 jours".

Nouvelle défection de diplomate

La chargée d'affaires syrienne à Chypre, Lamia Hariri, a fait défection, a indiqué une source syrienne, la deuxième du genre depuis mars 2011.

Le mari de Mme Hariri, ambassadeur syrien aux Emirats arabes unis, aurait également quitté son poste, selon Al-Jazeera, ce que la source syrienne n'a pas confirmé.

De son côté, le général Manaf Tlass, plus haut gradé à avoir déserté, a appelé les Syriens à "s'unir (...) pour construire une nouvelle Syrie", dans sa première déclaration publique depuis sa défection le 6 juillet.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a de son côté appelé à "travailler étroitement avec l'opposition parce qu'elle gagne de plus en plus de terrain".

Son homologue russe Sergueï Lavrov a dénoncé une "justification du terrorisme", accusant Washington de ne pas avoir pas condamné l'attentat, revendiqué par l'ASL, dans lequel quatre hauts responsables de l'appareil sécuritaire syrien ont été tués.

Mme Clinton a en outre exhorté les rebelles "à sécuriser les armes chimiques et bactériologiques" du régime.

Mardi, l'ASL a affirmé que le régime avait "transféré certaines de ses armes chimiques (...) vers des aéroports à la frontière".

Israël a répliqué mercredi qu'il agirait de façon "immédiate" et aussi "dure que possible" en cas de transfert d'armes chimiques au Hezbollah libanais.

Moscou a toutefois assuré que Damas lui avait donné des "garanties fermes" selon lesquelles ses armes chimiques se trouvaient en parfaite sécurité.

Près de 300 personnes de Syrie ont fui dans la nuit de mardi à mercredi vers la Turquie, a indiqué le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Ankara a assuré que, "pour des raisons humanitaires", la Turquie n'interromprait pas ses exportations d'électricité vers la Syrie, comme envisagé fin juin.


           

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