Syrie: le médiateur Brahimi met en garde contre un embrasement de la région


Mercredi 17 Octobre 2012 - 14:47
AFP


Damas - Le conflit en Syrie pourrait mettre la région "à feu et à sang" si un règlement n'est pas trouvé, a averti mercredi le médiateur international Lakhdar Brahimi de passage à Beyrouth.


Lakhdar Brahimi
Lakhdar Brahimi
L'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi a mis en garde mercredi depuis le Liban contre un embrasement de la région, au moment où les rebelles abattaient un hélicoptère militaire, infligeant un nouveau coup dur à l'armée dans le nord du pays.

Le conflit, entré dans son 20e mois, a fait plus de 33.000 morts selon une ONG et jeté plusieurs centaines de milliers de personnes sur les routes. Aucune issue à la crise n'est en vue en raison des profondes divisions de la communauté internationale.

"Cette crise ne peut rester confinée indéfiniment au territoire syrien. Soit elle est réglée, soit elle s'aggravera, débordera, et mettra (la région) à feu et à sang", a indiqué M. Brahimi qui effectue depuis une semaine une tournée régionale auprès des pays influents dans la crise syrienne.

Il a renouvelé son appel à la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu à l'occasion de l'Aïd al-Adha, une des fêtes musulmanes les plus sacrées, qui sera célébré du 26 au 28 octobre.

"Si le gouvernement syrien accède (à cette demande) --et d'après ce que j'ai entendu, il y a espoir-- et si l'opposition accepte cette proposition comme elle nous l'a dit, cela sera un (...) pas microscopique vers un cessez-le-feu plus global, le retrait de l'artillerie lourde, l'arrêt des flux d'armes de l'étranger puis vers une solution politique en Syrie", a poursuivi M. Brahimi.

Damas s'est dit prêt mardi à étudier la proposition de M. Brahimi qui devrait se rendre prochainement en Syrie.

Nous avons "hâte de parler avec M. Brahimi pour voir quelle est la position des autres pays influents" qu'il a visités lors de sa tournée, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdissi en allusion notamment à l'Arabie saoudite et la Turquie, principaux soutiens de la rébellion.

"Vont-ils faire pression sur les groupes armés qu'ils hébergent, financent et arment, de façon à ce qu'ils respectent le cessez-le-feu?", a-t-il dit.

Le chef du Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition en exil (CNS), Abdel Basset Sayda, a déclaré pour sa part que les rebelles ne font "que se défendre et il est normal qu'ils arrêtent les hostilités quand la machine de guerre du régime l'aura fait".

Un hélicoptère abattu par les rebelles

Sur le terrain, l'armée menait des raids aériens mercredi sur les alentours de Maaret al-Noomane, ville stratégique du nord-ouest du pays aux mains des insurgés, selon une ONG syrienne.

"Les forces aériennes syriennes ont mené pas moins de six raids, essentiellement sur les villages de Deir Charqi, Maarhtat et Bsida à l'est de Maaret al-Noomane", dans la province d'Idleb, indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En prenant Maaret al-Noomane le 9 octobre, les insurgés ont coupé l'important axe routier Damas-Alep et attaquent depuis systématiquement tous les renforts l'empruntant.

Des affrontements violents secouaient par ailleurs Maarhtat, après une attaque rebelle contre un convoi de l'armée en route pour prêter main forte aux soldats cantonnés dans la base de Wadi Deif, la plus importante d'Idleb, assiégés par les insurgés.

"Les rebelles sont parvenus à abattre un hélicoptère qui participait aux combats à Maarhtat (...) Les débris de l'appareil ont été vus dans le village de Bssida", a indiqué l'OSDH.

Il s'agit du deuxième appareil de l'armée à être abattu par les insurgés en moins d'une semaine.

Une base militaire attaquée aux roquettes

Dans la province d'Alep, la deuxième ville de Syrie en proie à une bataille acharnée depuis mi-juillet, au moins cinq personnes ont péri dans des bombardements des forces loyalistes et de violents affrontements dans plusieurs localités.

Les rebelles ont notamment attaqué aux roquettes une base militaire dans le quartier de Ramoussa, selon l'OSDH.

Plus au sud à Homs (centre), "capitale de la Révolution", les quartiers de Khalidiyé et Jouret al-Chiah étaient aussi bombardés tandis qu'à Douma, à 13 km au nord-est de la capitale, plusieurs roquettes sont tombées sur la ville rebelle.

A Paris, des administrateurs civils de zones libérées dans le nord de la Syrie ont mis l'accent sur l'urgence à protéger ces régions des attaques aériennes du régime, lors d'une réunion au Quai d'Orsay destinée à leur apporter davantage d'aide humanitaire.

"On espère des zones d'exclusion aérienne. Cela fait plus d'un an qu'on le demande. On peut affronter des forces terrestres mais on n'a pas d'armes anti-aériennes", a déclaré à la presse Osman Bilawi, président du "Conseil révolutionnaire civil" de Maaret al-Noomane.

Lors de cette réunion, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a dénoncé le recours par Damas aux bombes à sous-munitions.

"Le régime a franchi une nouvelle étape dans la violence en recourant aux (avions) MiG puis au largage de barils de TNT et plus récemment et plus terriblement encore aux bombes à sous-munitions", a-t-il dit.


           

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