Pour son dernier jour de visite à Damas, l'émissaire international Lakhdar Brahimi a rencontré jeudi une quinzaine de personnalités, au lendemain d'une brève entrevue avec le président Bachar al-Assad qui a répété son refus de toute ingérence étrangère dans les décisions sur l'avenir du pays.
A La Haye, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé que ses inspecteurs, arrivés en Syrie il y a un mois, avaient placé des scellés "impossibles à briser" sur l'ensemble du stock de 1.000 tonnes d'agents chimiques et 290 tonnes d'armes chimiques déclaré par Damas.
De plus, "la Syrie a achevé de rendre inutilisables ses installations de production et d'assemblage d'armes chimiques", a annoncé l'OIAC.
Les inspecteurs ont visité 21 des 23 sites déclarés par la Syrie, et 39 des 41 installations sur ces sites. Les deux sites restants ont été évités "pour des raisons de sécurité", mais Damas "a fait savoir que ces sites avaient été abandonnés" et les inspections ont été clôturées, a précisé l'OIAC.
La Syrie avait jusqu'à vendredi pour mener cette tâche à bien et doit désormais procéder à la "destruction systématique, intégrale, et vérifiée" de l'ensemble de son arsenal chimique, selon un programme qu'elle a remis le 24 octobre.
Le conseil exécutif de l'OIAC doit se réunir le 5 novembre pour examiner ce programme afin de fixer avant le 15 novembre les différentes dates butoir.
L'OIAC, prix Nobel de la paix début octobre, est chargée de superviser ce démantèlement --pour la première fois dans un pays plongé dans la guerre civile-- à la suite d'une résolution historique des Nations unies qui a éloigné la menace d'une frappe américaine après une attaque chimique meurtrière le 21 août près de Damas.
"Améliorations"
Dans la capitale syrienne, le président Assad a insisté mercredi auprès de M. Brahimi sur son refus de toute ingérence en faveur de l'opposition lors de la conférence de paix dite "Genève-2" destinée à trouver une solution au conflit qui ravage le pays.
"Le peuple syrien est la seule partie à avoir le droit de décider de l'avenir de son pays. Toute solution ou accord doit avoir l'aval des Syriens et refléter leur volonté, loin des ingérences extérieures", a dit M. Assad, cité par l'agence officielle Sana.
La visite de l'émissaire international a été saluée par la presse syrienne, qui avait traité M. Brahimi de "faux médiateur" et de "voyageur âgé" lors de sa dernière visite en décembre.
"Sa visite en Syrie commence de manière positive et c'est dû à des améliorations régionales, internationales et sur le terrain", explique Baas, le quotidien du parti éponyme qui dirige le pays depuis plus de 40 ans.
Arrivé lundi à Damas dans le cadre d'une tournée régionale qui doit le conduire vendredi au Liban, M. Brahimi a reçu jeudi une quinzaine d'opposants tolérés et de personnalités de la société civile syrienne.
Le diplomate algérien tente de rassembler autour d'une table des représentants du régime et de l'opposition pour trouver une solution politique après deux ans et demi d'un conflit qui a fait plus de 115.000 morts selon une ONG syrienne.
Les violences et les combats font encore des dizaines de morts chaque jour à travers le pays et selon l'ONU le nombre de réfugiés ayant fui le pays devrait atteindre les 3,5 millions à la fin de l'année.
Mardi, quelque 800 civils, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été évacués de Mouadamiyat al-Cham, où l'opposition et l'ONU avaient évoqué une "catastrophe humanitaire".
Le 12 octobre, 3.000 civils avaient déjà été évacués de cette banlieue tenue par les rebelles au sud-ouest de Damas, assiégée depuis un an par l'armée et qui avait été l'un des sites de l'attaque chimique du 21 août.
Alors que plus d'une quinzaine de journalistes étrangers sont actuellement portés disparus ou retenus par des preneurs d'otage en Syrie, le photographe polonais indépendant Marcin Suder, enlevé en juillet, a réussi à échapper à ses ravisseurs et à rentrer en Pologne, a annoncé le ministère polonais des Affaires étrangères.