Syrie: vaste offensive du régime, un drone abattu par la Turquie


Samedi 17 Octobre 2015 - 14:48
AFP


Le régime syrien poursuit une vaste offensive près d'Alep (nord) pour reprendre une autoroute reliant les grandes villes du pays, la Turquie voisine annonçant avoir abattu un drone, russe selon Washington, ce que dément Moscou.


La Russie, alliée indéfectible du régime de Bachar al-Assad, a annoncé vendredi que son aviation avait effectué plus de 650 sorties et mené des raids contre plus de 450 cibles depuis le début le 30 septembre de son intervention en Syrie, où le conflit a fait depuis 2011 plus de 250.000 morts.

Moscou dit bombarder des groupes "terroristes", dont l'organisation Etat islamique (EI), mais dans le camp opposé Américains, Européens et Turcs accusent Moscou de cibler avant tout des groupes rebelles qu'ils qualifient de "modérés".

Cette intervention militaire russe a été critiquée vendredi par le président américain Barack Obama, qui a jugé que la Russie ne pourrait faire aboutir une solution pacifique en Syrie "à coup de bombes" et que soutenir le président Bachar al-Assad était voué à l'échec.

Il n'y a "aucun rapprochement de points de vue en termes de stratégie" entre Washington et Moscou sur la situation en Syrie, a insisté M. Obama.

Par ailleurs, la Turquie a annoncé que ses chasseurs avaient abattu "conformément (...) aux règles d'engagement", un drone dont la nationalité n'est pas précisée, qui avait violé son espace aérien près de la frontière syrienne.

Selon un responsable américain, "tout indique" que cet engin est russe, mais Moscou a aussitôt assuré que ses drones fonctionnaient "normalement".

Ankara avait convoqué mardi dernier les ambassadeurs des Etats-Unis et de la Russie pour les mettre en garde contre toute aide aux combattants kurdes syriens.

Mais un porte-parole militaire américain a affirmé vendredi que les Kurdes syriens n'avaient pas bénéficié des munitions parachutées dimanche en Syrie par l'armée américaine à destination de groupes combattant l'EI.

- 'Effort coordonné' -

Appuyée par l'aviation russe, l'armée syrienne a ouvert un "nouveau front" vendredi près d'Alep (nord) et s'est emparée de deux villages au sud de la ville, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis jeudi, des "dizaines" de frappes russes ont touché ce secteur contrôlé par une mosaïque de groupes rebelles, dont le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, et d'autres groupes islamistes, a-t-il ajouté.

"Près de 3.000 combattants pro-régime sont engagés dans les combats d'Alep, dont des centaines d'Iraniens et de miliciens libanais du Hezbollah, ainsi que des Irakiens", a indiqué à l'AFP une source militaire syrienne.

D'après un responsable américain, ce serait près de 2.000 Iraniens ou combattants soutenus par l'Iran, comme ceux du Hezbollah ou de groupes irakiens, qui participent à cette offensive près d'Alep, dans "un effort coordonné" entre l'Iran, la Russie et le régime syrien.

Selon ce responsable, pendant que les Iraniens et leurs groupes affiliés appuient les forces syriennes près d'Alep, les Russes sont en train d'aider l'armée du régime à mener deux offensives visant à "prendre en tenaille" les rebelles dans les provinces centrales de Homs et Hama.

A partir de ces trois axes, l'armée veut reprendre des tronçons d'une autoroute de 360 km allant de Damas à Alep, construite dans les années 1960 pour relier les principales villes du pays.

Pour le moment, le régime n'a pas enregistré de succès décisifs, même s'il s'est emparé de plusieurs villages.

- 250.124 morts -

Selon l'OSDH, un combattant saoudien, membre selon Washington du front Al-Nosra, a été tué dans la province d'Alep avec deux autres hauts responsables de l'organisation par une frappe aérienne, dont on ignore si elle provenait d'un avion de la coalition dirigée par les Etats-Unis ou d'un appareil russe.

Les frappes que mènent désormais la Russie en Syrie s'ajoutent à celles que la coalition internationale antijihadistes conduit depuis un an.

L'intensification des raids aériens qui en résulte a compliqué l'acheminement - déjà difficile - de l'aide humanitaire aux millions de personnes qui en ont besoin dans ce pays, a déclaré vendredi à l'AFP le chef des opérations humanitaires de l'ONU. "Nous n'avons pas pu envoyer autant de convois" qu'il aurait été nécessaire "pour acheminer des aides aux personnes qui en ont besoin", a-t-il souligné.

Selon un dernier bilan de l'OSDH, au moins 250.124 personnes ont péri depuis le début de la guerre, dont 74.426 civils y compris 12.517 enfants. L'OSDH dénombre aussi 43.752 morts parmi les rebelles et 37.010 parmi les combattants étrangers. Du côté des forces prorégime, il y a eu 91.678 morts.


           

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