Thaïlande: attentat meurtrier à l'ambulance piégée dans le sud rebelle


Mercredi 24 Août 2016 - 13:14
AFP


Un attentat à l'ambulance piégée devant un hôtel de l'extrême sud de la Thaïlande a fait un mort et plus de 30 blessés, a annoncé la police mercredi, moins de deux semaines après des attentats dans des stations balnéaires.


La région se trouve cependant hors des circuits touristiques, étant secouée depuis des années par des affrontements avec des séparatistes musulmans.

Mardi soir, une première bombe, de faible intensité, a explosé devant un bar, semant la panique à Pattani, ville de 40.000 habitants, dans un quartier animé où se trouvent bars à karaoké, salons de massage et restaurants.

L'explosion de la deuxième bombe, de 90 kilos, placée dans une ambulance volée, a visé l'entrée d'un hôtel 45 minutes plus tard.

"Le véhicule a été garé devant le hall de l'hôtel quelques minutes après l'explosion de la première bombe. Les gens ne se sont pas méfiés car c'était une ambulance", a expliqué à l'AFP le colonel Pramote Prom-in, représentant de l'armée dans l'extrême sud.

Le bilan est d'un mort et de plus de 30 blessés, selon la police. D'après les hôpitaux, aucun étranger ne figure parmi les blessées.

La personne tuée est une civile thaïlandaise de 34 ans qui se trouvait à proximité de l'hôtel Southern View, visé par l'attentat.

L'établissement a été fortement endommagé par la déflagration, selon un photographe de l'AFP sur place.

La province de Pattani, l'une des trois où est active une rébellion musulmane locale, n'attire que très peu d'étrangers, même si les autorités essayent d'y promouvoir le tourisme local.

Les attaques à la bombe sont fréquentes dans l'extrême sud de la Thaïlande. Elles sont habituellement non revendiquées mais attribuées à la rébellion musulmane indépendantiste.

Les attentats à la voiture piégée sont en revanche moins fréquents.

Cet attentat est le plus important depuis ceux des 11 et 12 août dans des stations balnéaires, qui avaient fait quatre morts et des dizaines de blessés, dont des étrangers.

- Message à Bangkok -

Avec cet attentat à Pattani moins de deux semaines plus tard, les rebelles "essayent clairement d'envoyer le message qu'ils sont capables de frapper des zones urbaines majeures", analyse Zachary Abuza, expert des rébellions du Sud-Est asiatique interrogé par l'AFP.

D'autant plus que la police a pointé du doigt cette semaine la piste des rebelles musulmans de l'extrême sud du pays pour les attentats des 11 et 12 août.

Les enquêteurs ont d'ailleurs récemment perquisitionné une école islamique dans la province de Narathiwat, voisine de celle de Pattani, où certains des suspects auraient étudié.

Mais la junte militaire au pouvoir à Bangkok a encore insisté mercredi sur le fait que les attentats des stations balnéaires n'avaient rien à voir avec les rebelles de l'extrême sud.

La rébellion indépendantiste du sud reste habituellement active dans les trois provinces de l'extrême sud, notamment Pattani.

Embuscades contre des patrouilles de l'armée thaïlandaise et assassinats d'enseignants bouddhistes y sont le lot quotidien, après plus d'une décennie d'affrontements ayant fait des milliers de morts, notamment des civils.

Les musulmans locaux revendiquent plus d'autonomie pour cette région frontalière de la Malaisie, qui n'a été rattachée à la Thaïlande qu'au début du XXe siècle.

Aucun lien des groupes rebelles locaux avec le terrorisme islamiste international n'a été établi jusqu'ici.

Mais si la piste des rebelles musulmans se confirmait pour les attentats des 11 et 12 août dans des stations balnéaires, ce serait le signe d'un changement de stratégie sans précédent des séparatistes.

Cet élargissement de leur terrain d'action toucherait le point faible du régime militaire: le tourisme, qui représente 10% du PIB d'une économie atone.

Le général Prawit Wongsuwan, ministre de la Défense, a soumis la reprise des négociations entre Bangkok et les groupes rebelles à "l'arrêt des violences".

Ces négociations sont au point mort depuis l'arrivée au pouvoir des militaires à Bangkok par un coup d'Etat en mai 2014.


           

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