Toulouse, une mère et un ministre se replongent dans le souvenir des crimes de Merah


Lundi 11 Mars 2013 - 15:24
AFP


Toulouse - La mère bouleversée de la première victime de Mohamed Merah, le parachutiste Imad Ibn Ziaten, a ouvert lundi à Toulouse une semaine dédiée au souvenir des crimes du "tueur au scooter" en dévoilant une plaque à la mémoire de son fils sur les lieux où il a été assassiné un an plus tôt jour pour jour.


Toulouse, une mère et un ministre se replongent dans le souvenir des crimes de Merah
Toulouse s'est replongée lundi un an après dans le souvenir des crimes de Mohamed Merah, personnifié par le visage de sa première victime, le parachutiste Imad Ibn Ziaten, et le chagrin de sa mère Latifa.

L'Etat français et Toulouse ont ouvert une semaine de commémorations en honorant la mémoire du maréchal des logis-chef Imad Ibn Ziaten, assassiné par Merah le 11 mars 2012 à l'âge de 30 ans.

Sa mère bouleversée a surmonté un immense chagrin pour dévoiler avec l'aide du maire Pierre Cohen une plaque au nom de son enfant sur les lieux du crime dans les faubourgs toulousains; puis elle a reçu des mains du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian la Légion d'honneur décernée à titre posthume à son fils, au cours d'une seconde cérémonie sur la base aérienne de Francazal à laquelle il était affecté.

"Ici le 11 mars 2012 a été lâchement assassiné l'adjudant Imad Ibn Ziaten, mort pour le service de la nation", est-il inscrit désormais dans la pierre sur un socle sous un pin à l'entrée d'un complexe sportif, non loin du périphérique.

C'est là que Merah avait donné rendez-vous à sa première victime sous prétexte de lui acheter sa moto. C'est là aussi qu'Imad Ibn Ziaten, soldat au 1er régiment du train parachutiste (1er RTP), a refusé de se coucher devant son tueur et a préféré mourir debout.

Latifa Ibn Ziaten, appelée à prendre la parole malgré la douleur, n'a pu prononcer que quelques mots malgré le soutien de toute sa famille présente: "Chers amis, aujourd'hui c'est un grand honneur pour mon fils et sa mémoire". Puis sa voix s'est brisée.

"Aujourd'hui c'est le jour où a été tué mon fils, c'est un jour très dur", a-t-elle trouvé les ressources de dire un peu plus tard.

Cette petite dame très digne, la tête couverte depuis qu'elle porte le deuil de son fils, a aussi eu quelques mots pour tous ces jeunes des quartiers dont elle a fait son combat depuis le drame et qu'il ne faut pas laisser tomber selon elle.

Son fils est la première des sept victimes tombées en mars 2012 à Toulouse et Montauban sous les balles de Mohamed Merah, petit délinquant récidiviste des cités toulousaines devenu assassin au nom du jihad.

Merah a abattu avec le même sang-froid et filmé les assassinats de deux autres parachutistes, Abel Chennouf et Mohamed Legouade, le 15 mars à Montauban, puis de Jonathan Sandler, ses deux fils et une fillette de l'école juive Ozar Hatorah le 19 mars à Toulouse. Il a été tué par le Raid le 22 mars 2012.

Toulouse et Montauban vivront ces prochains jours dans le souvenir de cette semaine d'effroi. Abel Chennouf et Mohamed Legouade doivent être honorés à leur tour à Montauban vendredi. Une marche blanche est prévue dimanche à la mémoire des sept victimes. Le président François Hollande devrait participer à l'évènement.

Car, veulent faire entendre les autorités, ce ne sont pas des soldats ou des juifs qu'a attaqués Merah, mais la République.

"Ce qui s'est passé le 11 mars 2012 n'a pas seulement ébranlé la communauté militaire, c'est la communauté nationale qui a été touchée. Attaquer des militaires parce qu'ils sont militaires, c'est prendre l'armée pour cible, l'armée de la République, le coeur de la Nation", a déclaré M. Le Drian sur la vaste esplanade autour de laquelle se tenaient les compagnons d'armes d'Imad Ibn Ziaten.

Il a aussi évoqué la dimension plus personnelle des crimes de Merah. "La mort fait partie de l'horizon de nos soldats. Ils savent la regarder en face, elle donne du sens aussi à leur engagement. Mais cette mort que vos camarades ont trouvée, ils n'étaient pas préparés à sa lâcheté", a dit le ministre avant d'étreindre longuement Latifa Ibn Ziaten.

Latifa Ibn Ziaten, devenue l'un des visages et l'une des voix de la tragédie Merah, s'est dite à la fois "triste" et "fière".

"Mon fils me disait toujours qu'il avait une deuxième famille, et cette famille, elle est ici", a-t-elle dit en évoquant le 1er RTP. "C'était la famille de mon fils, c'est ma famille à moi aujourd'hui".


           

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