Tunisie: Essebsi reçoit à Paris la promesse d'une "coopération exemplaire"


Mardi 7 Avril 2015 - 18:21
AFP


Trois semaines après l'attentat du musée du Bardo à Tunis, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a entamé mardi une visite d'Etat de deux jours en France, où François Hollande a promis une "coopération exemplaire", en matière sécuritaire, économique et culturelle.


Tunisie: Essebsi reçoit à Paris la promesse d'une "coopération exemplaire"
Cette visite intervient aussi une dizaine de jours après celle effectuée par le chef de l'Etat français à Tunis pour participer à une grande marche de protestation contre le terrorisme après l'attentat du 18 mars contre le musée du Bardo, qui a fait 22 morts, dont 21 touristes parmi lesquels quatre Français.

"Nos deux pays sont côte à côte pour faire face aux épreuves", a lancé M. Hollande, lors d'une conférence de presse commune à l'Elysée, promettant une "coopération exemplaire" de la France avec la Tunisie.

Sans entrer dans le détail, il a mentionné des "échanges de renseignements" et un renforcement de la coopération pour assurer la sécurité de la frontière tunisienne, voisine de la Libye en plein chaos.

De la même manière, les deux chefs d'Etat sont restés très évasifs, interrogés sur des négociations tripartites avec les Émirats arabes unis pour l'acquisition d'armes par Tunis, afin de renforcer le contrôle de ses frontières avec la Libye mais aussi l'Algérie.

"On ne peut pas parler de choses qui n'ont pas été réalisées", a déclaré le président tunisien a propos de ces négociations évoquées par le chef de la diplomatie tunisienne Taïeb Baccouche tandis que François Hollande a souligné qu'il appartenait à la Tunisie de "savoir comment elle veut être accompagnée et par qui".

Le président français a par ailleurs acté la conversion de dettes tunisiennes à hauteur de 60 millions d'euros en investissements, déjà évoquée lors de sa première visite présidentielle à Tunis en 2013, et a promis que la France serait "l'ambassadeur de la Tunisie en Europe" pour mobiliser le soutien de l'UE.

"Nous sommes au milieu du gué", a pour sa part reconnu M. Essebsi, rappelant que la Tunisie était un pays "en voie de démocratisation" et parlant d'une "oeuvre immense" à accomplir encore pour lutter contre la pauvreté dans son pays.

- Tourisme en berne -

Geste rare, réservé jusqu'à présent au seul président chinois Xi Jinping, François Hollande avait auparavant reçu en personne son homologue tunisien à l'Hôtel des Invalides, manière de souligner une nouvelle fois l'attachement de la France au processus démocratique en Tunisie, pays pionnier des printemps arabes.

Les deux hommes ont ensuite traversé la Seine à bord du même véhicule sur le Pont Alexandre III, escortés par les cavaliers et les motards de la Garde républicaine avant de rejoindre l'Elysée, quelques centaines de mètres plus loin.

Dans la soirée, un dîner d'Etat sera offert en l'honneur de Béji Caïd Essebsi au palais présidentiel français.

Premier président tunisien élu démocratiquement, il devait aussi s'exprimer mardi après-midi devant le Sénat avant d'être reçu mercredi à déjeuner par le Premier ministre, Manuel Valls.

La coopération promise par la France est cruciale aussi pour l'économie tunisienne alors que le secteur du tourisme, stratégique, a subi un rude coup après l'attentat du Bardo, avec des réservations en chute de 60% selon le Syndicat national (français) des agents de voyages (SNAV).

"Une fois encore, j'appelle tous mes compatriotes qui aiment la Tunisie à y venir", a lancé le chef de l'Etat français aux côtés de son homologue tunisien qui a achevé leur conférence de presse commune par un appel à ses concitoyens résidant en France: "Continuez à vivre dans ce pays qui vous accueille, respectez ses lois et restez de bons musulmans."

"La religion n'a rien à faire dans cette affaire", a-t-il souligné, appelant à bien "faire la différence entre musulmans et islamisme, un mouvement essentiellement politique qui instrumentalise la religion à des fins d'accès au pouvoir par la force".

L’islam, a-t-il insisté, "n'a rien à voir avec cela, c'est une religion d'ouverture, qui accepte de cohabiter avec d'autres religions".

La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie et son premier investisseur extérieur. Quelque 1.300 entreprises françaises employant plus de 125.000 personnes sont implantées en Tunisie. Elle est aussi le premier pays pourvoyeur de touristes et le premier bailleur de fonds bilatéral.


           

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