Un kamikaze s'est fait exploser mercredi en Tunisie sur une plage de Sousse, tandis qu'à Monastir une attaque visant le maulolée du premier président tunisien Habib Bourguiba a été déjouée, les violences touchant pour la première fois la côte-est touristique.
L'attentat suicide a eu lieu sur une plage de Sousse -une ville balnéaire à 140 km au sud de Tunis- déserte à ce moment là, et n'a pas fait de victime "en dehors du kamikaze", selon le ministère de l'Intérieur.
A Monastir, un autre kamikaze a pu être repéré à temps et arrêté alors qu'il s'apprêtait à commettre une attaque contre le mausolée du premier président de la Tunisie Habib Bourguiba, selon la même source.
Les deux actes sont le fait de "salafistes jihadistes", deux Tunisiens, dont l'un a la peau basanée et l'autre revenait d'un pays voisin, a indiqué le porte-parole de l'Intérieur, Mohamed Ali Laroui sur Mosaïque FM, sans préciser s'il s'agissait de l'Algérie ou de la Libye, limitrophes de la Tunisie.
Des témoins ont indiqué à AFP que l'attaque suicide s'était produite vers 09H30 locales (08H30 GMT) et visait l'hôtel Riadh Palm, dans le centre de Sousse. Le kamikaze qui cherchait à accéder à l'hôtel par une porte arrière été repéré par les gardes et pourchassé sur quelques dizaines de mètres jusqu'à la plage, où il s'est fait exploser.
Des unités antiterroriste procédaient au ratissage de la zone à la recherche d'un complice qui s'est enfui, selon le porte-parole.
Le ministère de l'Intérieur a indiqué dans un communiqué qu'une enquête était ouverte pour élucider les circonstances de l'attaque.
Une manifestation spontanée s'est déroulée dans le centre de Sousse pour "dénoncer le terrorisme", ont indiqué des témoins joints au téléphone par l'AFP.
Une demie heure plus tard, une deuxième attaque ciblant le mausolée de Habib Bourguiba, dans le centre de sa ville natale Monastir, a été évitée de justesse, lorsqu'un homme portant des explosifs a été repéré et arrêté, selon le porte-parole de l'Intérieur.
"Un jeune homme en possession d'explosifs a été arrêté", selon M. Laroui précisant que "l'homme âgé de 18 ans portait un sac contenant une bombe qu'il allait faire exploser".
Un photographe de Monastir a précisé à l'AFP que l'homme avait été repéré et dénoncé par des résidents en raison de son comportement suspect, alors qu'il se trouvait dans un cimetière proche du mausolée, un somptueux édifice dans le centre de Monastir, ouvert à la visite des touristes.
Il a été arrêté par la garde de sécurité présidentielle qui surveille les bâtiments, a rapporté Mosaïque FM, identifiant le jeune homme comme étant Aymen Sâadi Berchid, originaire de Zaghouan (nord) et objet de quatre mandats de recherche émis à son encontre.
L'attentat suicide et la tentative d'attaque contre le mausolée de Bourguiba, Père de l'indépendance et symbole de modernité, constituent les premiers actes du genre depuis la révolution qui a chassé le président Ben Ali en janvier 2011.
Ces opérations, qui n'ont pas été revendiquées, font monter d'un cran de la violence prêtée à des groupes armés jihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), selon les autorités, et contenue jusqu'ici dans les hauteurs ouest du pays, près de la frontière algérienne.
Ces groupes armés jihadistes ont multiplié les attaques contre la police et la gendarmerie ces trois dernières semaines, neuf agents ont été tués durant le seul mois d'octobre dans différents échanges de tirs avec ces groupes qualifiés de "terroristes" par les autorités.
La recrudescence des confrontations intervient alors que la classe politique s'emploie à sortir la Tunisie d'une profonde crise politique provoquée par l'assassinat en juillet du député opposant Mohamed Brahmi. Des négociations sont en cours pour la mise en place d'un gouvernement d'indépendants qui prendrait la succession du cabinet de l'islamiste Ali Larayedh.