UE: vers une défaite en rase campagne pour Cameron


Jeudi 26 Juin 2014 - 12:23
AFP


Bruxelles - David Cameron s’apprête à subir une défaite en rase campagne lors du sommet des dirigeants européens jeudi et vendredi, après avoir été lâché par ses alliés dans son refus de Jean-Claude Juncker pour la présidence de la Commission.


David Cameron
David Cameron
Deux semaines après avoir organisé un mini-sommet des anti-Juncker avec le Premier ministre britannique, son homologue suédois Fredrik Reinfeldt a capitulé mercredi et annoncé être désormais favorable à la nomination de l'ancien Premier ministre luxembourgeois.

Autre conjuré, le Néerlandais Mark Rutte, s'est rallié peu après. Il ne reste donc plus que le Hongrois Viktor Orban, très controversé en Europe, pour mener un combat qui rappelle les grandes heures des vétos britanniques.

C'est Angela Merkel qui a sonné la retraite. Elle a prévenu mercredi qu'elle était tout à fait prête à aller au vote demandé par M. Cameron, signifiant ainsi aux ennemis de M. Juncker qu'ils avaient perdu la bataille. "Nous avons besoin d'une majorité qualifiée", a expliqué la chancelière allemande devant le Bundestag. "C'est exactement ce qui est prévu dans les traités" et "ce ne serait donc pas un drame".

Les dirigeants de gauche étaient venus en renfort du candidat chrétien-démocrate le weekend dernier, et sa victoire est donc acquise. Sa nomination sera entérinée vendredi. L'acte juridique que les dirigeants européens transmettront au Parlement, chargé de voter à la mi-juillet, est même déjà rédigé avec le nom de Jean-Claude Juncker, souligne une source européenne.

Le Premier ministre britannique a malgré tout promis de lutter "jusqu'au bout". "Je pense que le président de la Commission européenne devrait être choisi par les chefs d'Etat et de gouvernement élus. Il ne faut pas accepter cette prise de pouvoir par les partis et le Parlement européen", a-t-il encore plaidé mercredi.

Pour autant, les ponts ne sont pas rompus entre M. Cameron et ses homologues conservateurs. Selon Downing Street, Mme Merkel et de M. Rutte l'ont assuré de leur "soutien à l'appartenance de la Grande-Bretagne à une Union européenne réformée" et de leur "engagement à travailler" avec lui "au moment où il renégocie la relation" de son pays avec l'UE.

- Escarmouches -

Jeudi, les 28 chefs d’État et de gouvernement mettront de côté leurs querelles pendant quelques heures pour rendre hommage aux millions de morts de la Première guerre mondiale, près d'un siècle après l'attentat de Sarajevo qui avait précipité le continent dans ce conflit.

Ils se retrouveront dans l'après-midi dans la ville martyre d'Ypres, dans le nord-ouest de la Belgique.

Pour éviter toute dispute mal venue entre la Grande-Bretagne et les autres Européens au cours d'une journée conçue comme une célébration d'une Europe de paix, le président du Conseil européen, le Flamand Herman Van Rompuy, a décidé que leur dîner serait uniquement consacré aux priorités de l'UE, et donc au programme de travail de la Commission pour les cinq prochaines années.

Cette discussion ne sera pas exempte d'escarmouches. La gauche européenne, emmenée par le président français François Hollande et le populaire chef du gouvernement italien Matteo Renzi, réclame une plus grande souplesse dans l'application des règles budgétaire du Pacte de stabilité, pour soutenir l'investissement et la croissance.

Mais Angela Merkel campe sur ses positions. Elle a répété mercredi son refus de modifier le Pacte. "Il fixe des règles claires et offre une multitude de possibilités de flexibilité", a-t-elle affirmé.

Quant à M. Cameron, il pourrait manifester sa colère en refusant en bloc le programme mis au point par M. Van Rompuy. "Les Britanniques ne négocient rien, ne discutent sur rien", a déploré une source européenne.

Dans ces conditions, M. Van Rompuy a renoncé à son idée de régler la question de la présidence de la Commission dans le cadre d'un "paquet" comprenant les autres hautes fonctions des institutions européennes: président du Conseil, chef de la diplomatie, président de l’Eurogroupe, voire quelques postes clés au sein de la Commission. Cela n'empêchera pas les tractations en coulisse.

Un sommet extraordinaire pourrait être organisé dès la mi-juillet, selon plusieurs sources européennes. La date du 16 juillet est évoquée, dans la foulée de l'investiture du président de la Commission.


           

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