Ukraine: Donetsk rêve d'un vrai cessez-le-feu sans trop y croire


Jeudi 12 Février 2015 - 16:56
AFP


"J'espère que ce sera enfin un vrai cessez-le-feu. Cela fait trois semaines que je ne suis pas sortie de chez moi tellement j'ai peur des obus", raconte Elena Ivachova à Donetsk, place forte des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.


Ukraine: Donetsk rêve d'un vrai cessez-le-feu sans trop y croire
Le quartier de Tekstylnyk où vit Elena, 30 ans, est régulièrement bombardé. Certaines façades d'immeubles n'ont plus une fenêtre intacte. Des trous béants dans les murs indiquent que des obus ont atterri directement dans des appartements.

"Je suis sortie après avoir vu sur internet qu'un accord a été signé à Minsk. Je vais faire quelques courses en vitesse. Mais je pense qu'il est trop tôt pour se relâcher. Il faut continuer à être vigilant", poursuit Elena, qui était comptable avant que son entreprise ne ferme en raison de la guerre.

Elena est accompagnée d'une amie, Valeria Martchenko, 30 ans, qui est également restée terrée chez elle ces dernières semaines, dormant dans un couloir considéré comme l'endroit le plus protégé, en raison des bombardements. "Je demandais à un ami qui n'avait pas peur d'aller nous chercher de la nourriture. Moi, je n'osais pas mettre le nez dehors", raconte-t-elle.

"On a peur que le cessez-le-feu ne dure pas plus longtemps que les autres, mais on a quand même vraiment envie d'y croire. Si le calme revient, on a une chance de retrouver du travail", relèvent les deux amies.

Un peu plus loin, le petit magasin d'alimentation qui se trouve dans une cour d'immeuble vient de fermer. "Vous avez entendu comme ça tire? Ce n'est que le début, je ne reste pas ici", dit la vendeuse en pressant le pas.

- Survivre jusqu'à samedi soir -

Une habitante du quartier, Vera Vassilievna, 64 ans, ne cache pas son mécontentement: "Vous voyez ça? A peine 13H00 et on ferme déjà le magasin. Il y en a bien un autre, mais trop loin, c'est dangereux d'y aller, il faut rester dehors pendant une quinzaine de minutes".

Vera Vassilievna ne sait pas trop quoi penser de l'accord signé à Minsk, mais ce qui l'intéresse avant tout, c'est le nouveau cessez-le-feu qui doit entrer en vigueur samedi à minuit heure locale.

"C'est vrai que cet accord a été signé par les plus hauts dirigeants, c'est rassurant, mais allez savoir... Ce qui serait bien, c'est qu'au moins l'artillerie ne soit plus aussi près de Donetsk et ne puisse plus nous tirer dessus", ajoute-t-elle, rêvant du moment où elle pourra sortir tranquillement dans la rue avec ses deux petits-enfants.

"Mon petit-fils de 9 ans pleure la nuit. Il a besoin d'être soigné tellement il est choqué. Et son petit frère qui a deux ans comprend déjà qu'il faut se cacher quand on entend des tirs", soupire la grand-mère.

Non loin de là, dans le quartier Petrovski, Lioubov Mikhailovna, 62 ans, semble avoir perdu tout espoir: "Je n'y crois pas du tout. A chaque fois qu'on a signé un accord, on a dit une chose et on en a fait autre chose. Je n'ai plus confiance en personne".

Un obus a touché de plein fouet sa cuisine la semaine dernière et son appartement n'est plus habitable. "Et puis, c'est bien joli cette annonce de cessez-le-feu, mais il faut d'abord qu'on survive jusqu'à samedi soir", soupire-t-elle.


           

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