Un diplomate américain en Birmanie pour voir Suu Kyi et les militaires


Mardi 3 Novembre 2009 - 11:57
AFP


Rangoun - Un haut diplomate américain est arrivé mardi en Birmanie pour rencontrer l'opposante Aung San Suu Kyi et des responsables de la junte, dans l'espoir de renouer le dialogue avec un régime reclus et de le pousser à des réformes démocratiques avant des élections promises en 2010.


Kurt Campbell
Kurt Campbell
Le secrétaire adjoint pour l'Asie de l'Est et le Pacifique, Kurt Campbell, accompagné de son adjoint Scot Marciel, est le plus haut responsable américain à se rendre en Birmanie depuis la visite en 1995, sous l'administration Clinton, de Madeleine Albright, alors ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies.

Les deux hommes ont atterri à Naypyidaw, la ville bâtie par le régime militaire à quelque 400 kilomètres au nord de Rangoun et promue capitale en 2005. Ils se sont entretenus avec le ministre de l'Information, Kyaw Hsann, et des organisations proches du régime.

Sauf surprise, l'homme fort de la junte, le généralissime Than Shwe, devrait rester inaccessible. Mais un responsable birman a indiqué à l'AFP qu'une rencontre était prévue en tout début de matinée mercredi avec le Premier ministre Thein Sein.

Ils s'entretiendront ensuite avec Mme Suu Kyi et d'autres cadres de l'opposition, selon l'ambassade américaine à Rangoun.

Après une première reprise de contact bilatéral à New York en septembre, cette visite concrétise la nouvelle politique de l'administration Obama, qui a décidé d'adjoindre un dialogue politique aux sanctions économiques contre la junte.

"Nous n'attendons pas un grand changement de cette visite. Ce n'est qu'une première étape", a tempéré Nyan Win, avocat de Mme Suu Kyi et porte-parole de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Ce dialogue, dont Kurt Campbell a déjà averti qu'il serait difficile et incertain, vise en particulier à obtenir des réformes avant les élections promises par les militaires en 2010, les premières depuis 1990.

La LND avait à l'époque remporté une victoire écrasante sans jamais exercer le pouvoir. Depuis, la lauréate du prix Nobel de la paix a été privée de liberté pendant un total de 14 ans.

Mais la mission américaine intervient dans une période de réchauffement des relations entre les militaires et la "Dame de Rangoun".

Alors qu'a été confirmée sa condamnation à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence, Mme Suu Kyi a renoué le dialogue le mois dernier avec Aung Kyi, ministre du Travail et officier de liaison du régime. Elle a ensuite débattu des sanctions occidentales avec des diplomates étrangers.

Il y a dix jours, lors d'un sommet asiatique, le Premier ministre Thein Sein a indiqué à ses partenaires de la région être "optimiste" sur le rôle que Mme Suu Kyi pourrait jouer dans le pays à l'avenir.

Mais Washington veut plus et maintiendra ses sanctions "jusqu'à ce que des progrès concrets soient accomplis", a déclaré lundi à l'hebdomadaire semi-officiel Myanmar Times le plus haut représentant américain à Rangoun, le chargé d'affaires Larry Dinger.

Un diplomate étranger soulignait à ce titre l'imprévisibilité d'un régime qui a souvent donné des gages d'ouverture avant de faire machine arrière.

"Il sera important de voir comment (les Américains) seront traités pendant cette visite", a-t-il dit. "Il faut être très prudent. Tout le monde est conscient du risque de douche froide dans deux mois".

Mardi, le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong a indiqué que la situation de Mme Suu Kyi serait officiellement abordée lors d'un sommet dans la ville-Etat mi-novembre, entre les Etats-Unis et l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean), dont la Birmanie fait partie.


           

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