Un remaniement à surprises et plus large qu'attendu


Mercredi 24 Juin 2009 - 09:52
Reuters


Nicolas Sarkozy a procédé mardi à une redistribution des postes beaucoup plus large qu'attendu au sein du gouvernement, afin de tenir compte des priorités qu'il a fixées lundi devant le Parlement réuni en Congrès.


Michèle Alliot-Marie
Michèle Alliot-Marie
La première tâche de ce gouvernement, qui se réunira pour la première fois mercredi, sera de définir dans les trois prochains mois les "priorités nationales" qui seront financées par le grand emprunt dont le chef de l'Etat a annoncé le lancement.

Sa durée de vie pourrait ne pas dépasser les neuf mois qui le sépare des élections régionales de 2010.

Il aura à gérer les conséquences d'une crise économique et financière dont Nicolas Sarkozy a admis qu'elle n'était pas finie et qui a creusé les déficits publics à un niveau sans précédent - au moins 7% du PIB.

Aussi le chef de l'Etat n'a-t-il pas touché au binôme de Bercy - la ministre de l'Economie Christine Lagarde et le ministre du Budget Eric Woerth.

Ce nouveau gouvernement Fillon n'en ménage pas moins des surprises de taille après avoir été présenté comme un simple aménagement après des élections européennes gagnées par l'UMP.

Nicolas Sarkozy a ainsi nommé un ministre de la Culture hautement symbolique en la personne de Frédéric Mitterrand, neveu du président socialiste défunt, dont le nom est toujours vénéré par une grande partie de la gauche.

Fort du succès de l'UMP aux européennes et de l'émiettement de l'opposition, il a également enfoncé le clou de l'ouverture vers le centre avec une autre "prise" importante mais attendue : le sénateur Michel Mercier, trésorier du Mouvement démocratique (MoDem) de François Bayrou, nommé ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire.

PROMOTIONS EXPRESS

Hormis Rachida Dati et Michel Barnier, qui quittent le gouvernement pour aller siéger au Parlement européen, le chef de l'Etat et le Premier ministre François Fillon ont gardé tous les poids lourds mais procédé à des promotions spectaculaires.

Michèle Alliot-Marie, qui remplace Rachida Dati au ministère de la Justice, devient ainsi le deuxième ministre d'Etat avec son collègue de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.

Luc Chatel, jusqu'ici secrétaire d'Etat à l'Industrie, hérite du portefeuille de l'Education nationale tout en restant porte-parole du gouvernement.

Autre promotion express : celle de l'ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, Bruno Le Maire, nommé il y a à peine plus de six mois secrétaire d'Etat aux Affaires européennes et désormais ministre de l'Agriculture et de la Pêche à la place de Michel Barnier.

Un portefeuille élargi à l'alimentation. Le périmètre des principaux autres ministères a également été élargi.

A six mois du sommet de Copenhague sur la lutte contre le réchauffement climatique, Jean-Louis Borloo est aussi chargé des négociations sur le climat et des technologies vertes, dont Nicolas Sarkozy espère un coup de pouce à la croissance.

Brice Hortefeux, nommé il y a seulement six mois au poste stratégique des Affaires sociales et du Travail, remplace Michèle Alliot-Marie à l'Intérieur, auquel est adjoint le portefeuille des collectivités territoriales.

"SIGNAUX INQUIÉTANTS", DIT LE PS

En nommant ce fidèle parmi les fidèles à ce poste, Nicolas Sarkozy se prive d'un négociateur avec les syndicats mais confirme, à destination de l'électorat de droite, la priorité qu'il entend toujours accorder à la sécurité intérieure.

Brice Hortefeux aura aussi la mission délicate de conduire avec Michel Mercier la réforme des collectivités territoriales, dont Nicolas Sarkozy attend notamment une réduction du nombre d'élus locaux et des économies substantielles.

C'est Xavier Darcos, un autre ministre de confiance de Nicolas Sarkozy, jusqu'ici chargé de l'Education nationale, qui hérite du portefeuille des Relations sociales et du Travail, élargi à la Famille et à la Solidarité.

Après avoir bataillé contre les syndicats enseignants et lycéens, il devra à la fois gérer les conséquences sociales de la crise et préparer une nouvelle réforme potentiellement explosive des retraites.

Au total, le départ de huit sortants est compensé par l'arrivée de huit nouveaux ministres et secrétaires d'Etat, dont le très atlantiste et pro-américain député UMP Pierre Lellouche (Affaires européennes) et un autre sarkozyste, le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi (Industrie).

Le Parti socialiste a accusé Nicolas Sarkozy dans un communiqué d'avoir "placé ses hommes" et donné des "signaux inquiétants de fermeture" plutôt que d'ouverture.


           

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