Ce "One planet summit", co-organisé par la Banque mondiale, l'Onu et la France, réunit sur l'île Seguin des acteurs publics et non étatiques (entreprises, fonds, ONG, banque de développement, start-ups), deux ans jour pour jour après l'adoption de l'accord de Paris.
Annoncé en juillet par Emmanuel Macron, le "sommet d'étape" de ce mardi devrait déboucher en fin de journée sur une courte déclaration - sans cadre juridique - répertoriant une douzaine d'engagements pris par différents participants.
"Maintenant, tout de suite, on doit agir pour changer profondément les choses – et en même temps, il faut agir pour celles et ceux qui viendront et qui eux n'ont pas le choix, qui hériteront d’une planète qui est peut-être déjà condamnée", a déclaré lundi le président français lors d'un discours.
"Je pense que c'est profondément la responsabilité pas simplement des gouvernants - des financeurs, des entrepreneurs, des universités, de toutes celles et ceux qui ont une part de l’action collective, d'agir", a-t-il ajouté.
En l'espace de deux ans, l'enthousiasme qui avait entouré la conclusion de l'accord de Paris s'est émoussé et l'inquiétude a grandi quant au respect des engagements visant à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C d'ici à 2100.
"Pour faire plus, il faut mobiliser des ressources plus importantes", a déclaré la semaine dernière un responsable de la Banque mondiale. "Ce sommet vise à mettre en avant des innovations financières qui, avec l'appui de nouveaux partenaires du secteur privé et de cadres réglementaires plus adaptés, doivent permettre d'orienter des capitaux privés vers des investissements compatibles" avec le climat.
Selon Laurent Fabius, haut référent d'Onu environnement, qui s'est exprimé lundi sur France Inter, les chiffres connus à ce stade sont "catastrophiques".
"Les 2 degrés, ce n'est pas foutu, mais le juge de paix c’est entre aujourd'hui et 2020", a déclaré l'ex-chef de la diplomatie française. ESSOUFFLEMENT
Le sommet en tant que tel a été précédé par une série d'annonces de groupes français, parmi les plus grands, qui se sont engagés lundi à participer à la lutte contre le dérèglement du climat.
Des banquiers et des assureurs, comme BNP Paribas et Crédit agricole, ont par ailleurs pris des engagements vis-à-vis des pouvoir publics en faveur des investissements dans les énergies renouvelables et la transition énergétique.
Principale cause de l'essoufflement observé depuis deux ans, la décision de Donald Trump le 1er juin de sortir les Etats-Unis - l'un des plus gros pollueurs de la planète - de l'accord de Paris ainsi que sa volonté de baisser la contribution financière américaine.
Passé l'effet de choc, la France a pris la tête d'une contre-offensive climatique qui s'est traduite notamment par une vidéo virale mettant en scène Emmanuel Macron sous le slogan "Make our planet great again" et la promesse de garantir le financement du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Plusieurs acteurs américains (régions, entreprises, maires, fondations) ont également fait entendre leurs voix, sans parvenir à rassurer les pays du Sud, les plus vulnérables face aux bouleversements climatiques.
Lors de la COP 23 à Bonn, en novembre, les dirigeants africains n'ont pas caché leur amertume, due selon eux à un manque de solidarité des pays développés malgré les engagements financiers pris par les pays du Nord.
"Certains pays en voie de développement, notamment en Afrique, attendent d'être convaincus à 100% que l'engagement des pays développés à verser 100 milliards d'euros aux pays en voie de développement d'ici 2020 est sur la bonne voie", reconnaît Nick Nuttall, porte-parole du secrétariat de la Convention climat des Nations unies (CCNUCC).