Une femme acquittée pour l'assassinat de son compagnon, coupé en deux


Samedi 1 Mars 2014 - 10:43
AFP


Moulins - La cour d'assises de l'Allier a acquitté dans la nuit de vendredi à samedi Odile Varion, 46 ans, pour l'assassinat par empoisonnement de son compagnon, dont le corps avait été retrouvé découpé en deux dans le coffre de sa voiture en 2009.


Le tribunal de Moulins
Le tribunal de Moulins
L'avocate générale, Marie-Christine Jamain, avait requis 20 ans de réclusion criminelle.

A l'énoncé du verdict, les enfants et sœurs de l'accusée ont applaudi et pleuré et se sont jetés dans les bras d'Odile Varion debout à la barre. Elle comparaissait libre sous contrôle judiciaire après avoir effectué 11 mois de détention jusqu'à août 2010.

L'avocat d'Odile Varion, Me Jean-François Canis, qui avait vivement dénoncé des insuffisances dans l'enquête, a lui aussi pleuré d'émotion quelques secondes, avant que le président de la cour, Noël Picco ne lise à l'audience les motivations de l'arrêt d'acquittement.

"Je suis très heureux, infiniment soulagé, après un combat de cinq ans" a déclaré Me Canis. "C'est un soulagement, on va pouvoir reformer une famille et je vais retrouver mes enfants", a déclaré ensuite à la presse Odile Varion, d'une voix encore tremblante mais souriante.

Pour Me Dominique Lardans, avocat de la famille de la victime, "les proches de Didier Lacote ont l'espoir que l'enquête reprenne sérieusement pour que le coupable soit démasqué".

Odile Varion, a toujours nié cet assassinat. Tout au long des débats, elle était restée prostrée, le regard au sol. "Je n'ai pas commis ce crime odieux, je n'ai pas découpé Didier, je l'ai pas laissé dans sa voiture", a soutenu Odile Varion, allure masculine mais fragile, visage fin sous des cheveux courts grisonnants, dans une dernière déclaration.

"Ne vous fiez pas aux apparences!" avait prévenu l'avocate générale Marie-Christine Jamain, avant de requérir "au regard de l'atrocité" de ce crime, "20 ans de réclusion criminelle". Elle s'était dite "convaincue qu'Odile Varion a provoqué le décès de son conjoint en lui faisant ingérer de l'atropine", collyre destiné à soigner des problèmes aux yeux dont souffrait la victime Didier Lacote, 51 ans.

L'atropine, mortelle à haute dose, avait vraisemblablement été ingurgitée lors d'un repas. Son corps habillé avait été tranché à la scie circulaire et retrouvé dans le coffre de sa voiture. L'outil n'a jamais été retrouvé.

L'empoisonnement "est un crime précédé le plus souvent d'essais infructueux, et c'est souvent un crime venant d'un proche"", avait estimé l'avocate générale, rappelant que la victime avait été hospitalisée à plusieurs reprises (2003, 2007 et 2008), pour des signes d'agitation, hallucinations et de malaises, formellement liés à une surdose d'atropine.

- 'Amateurisme de l'enquête' pour la défense -

La défense, avait, elle, taxé l'enquête et des experts d'"amateurisme".

Par exemple, lorsque le corps de Didier Lacote avait été découvert dans le coffre de sa voiture, le médecin légiste avait effectué plusieurs prélèvements "jamais analysés", avait soulevé Me Jean-François Canis. "De l'ADN a été trouvé sur ses vêtements, des cheveux et des poils, dont un long cheveux blanc trouvé sur l'oreille" de la victime, alors qu'Odile Varion a toujours eu les cheveux très courts.

De même, la défense a reproché aux enquêteurs de ne pas avoir assez exploré le lien entre l'empoisonnement à l'atropine et le corps ensuite coupé en deux.

- Des parties civiles pro-accusée -

Lors de l'instruction, le comportement d'Odile Varion avait été jugé "étonnant", l'accusation relevant qu'elle avait tardé à signaler la disparition de son conjoint. Didier Lacote avait été vu pour la dernière fois le 12 février 2009, son corps putréfié et découpé découvert le 10 mars dans le coffre de sa Peugeot 306, soit presque un mois après.

Odile Varion le croyait en vacances, a-t-elle juré et répété à l'audience. Le couple ne s'entendait plus et faisait chambre à part. Il avait l'habitude de s'absenter.

Défendant la fille d'Odile Varion et de Didier Lacote, Me Valérie Pirello a aussi estimé que de nombreuses pistes n'avaient "pas été exploitées", regrettant l'absence d'analyses de mégots ou des cheveux dans et autour de la voiture ayant contenu le corps.

Le fils, Aurélien, mis en examen dans un premier temps pour assassinat comme sa mère, avait bénéficié d'un non-lieu, mais devra comparaître ultérieurement pour destruction de preuve devant la justice des mineurs.

Son avocate, Me Anne Barnoud, a dénoncé une audition filmée durant laquelle le jeune Aurélien, 15 ans à l'époque, avait fait un malaise, sans émouvoir les juges qui l'entendaient, ces derniers ayant appelé les secours au bout de 25 minutes seulement.

La victime, 51 ans, a été décrite comme violente par son ex-femme et par Odile Varion. Il était aussi obsédé sexuel notoire, s'exhibant facilement et cherchant des rencontres sur internet, selon de nombreuses femmes appelées à la barre.


           

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