Une motarde tunisienne fait tomber les barrières sexistes


Jeudi 5 Mars 2009 - 11:02
Magharebia.com/Jamel Arfaoui


Une Tunisienne défie les stéréotypes en s'adonnant à un sport traditionnellement réservé aux hommes, la moto. Mercredi 25 février, la championne tunisienne de moto Hamida Saklaoui a annoncé une grande première dans le monde arabe : la création de l'Association des Femmes Motardes.


Une motarde tunisienne fait tomber les barrières sexistes
"De nombreuses filles très enthousiastes à l'idée de conduire une moto m'ont appelée pour créer un club réservé aux femmes, afin de pouvoir s'entraîner et se préparer aux épreuves locales et internationales", a déclaré Saklaoui, l'une des rares femmes pilotes de moto du monde arabe.
Saklaoui a remporté plusieurs prix et médailles dans des courses motocyclistes. Elle a également commenté plusieurs compétitions. Elle se prépare aujourd'hui à participer une nouvelle fois à l'aventure, lors du "Rallye Olbia" de Tunisie, qui s'élancera en avril.
"C'est un rêve qui devient réalité", a déclaré Dorra Laouati, une passionnée de moto. "Les femmes tunisiennes sont entrées dans tous les domaines, et il est injuste de leur refuser le droit de participer à l'aventure moto."
Dans le passé, les Tunisiennes ont participé à des rallyes automobiles, dont certains de niveau international. Et bien qu'il existe de nombreux clubs motos en Tunisie, ils ont de tous temps été réservés aux hommes.
Saklaoui a expliqué que son association serait financée par les contributions de ses membres, avec le soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports, ainsi que par des entreprises privées par le biais de la publicité. Cette association proposera également un programme de formation de six mois pour les femmes souhaitant participer à de futurs rallyes.
"Nous allons placer la barre haut et obtenir des résultats qui en surprendront plus d'un", a-t-elle déclaré. Pour pouvoir participer à des rallyes, l'association exigera que les candidates soient âgées d'au moins 18 ans.
Ce programme de formation débutera en mai. L'association aidera les femmes intéressées et leur permettra d'obtenir le permis moto.
L'un des obstacles que rencontreront ces motardes sera le prix élevé des motos. Une moto peut en effet coûter jusqu'à 30 000 dinars tunisiens.
"Je ne pense pas qu'une fille d'un quartier défavorisé, même si elle adore ce sport et peut devenir une star, pourra se permettre d'avoir sa moto et de payer les frais liés à une course", a déclaré Najah ben Said. C'est la raison pour laquelle, explique-t-elle, elle n'est pas intéressée par ce sport. "C'est seulement un sport de riches."
Mais Saklaoui explique que son association a déjà pris en compte ce facteur, et fournira des motos à celles qui ne pourront en acheter une.
"Je ne pense pas que nous tournerons le dos à une catégorie de personnes capables de nous donner de grandes championnes", a-t-elle expliqué. "C'est pour cela que nous les aiderons à obtenir l'une des motos que le club réservera à ses membres ; nous leur demanderons seulement de participer à la formation d'une manière régulière."
L'association bénéficie déjà du soutien d'associations sportives de la région et du gouvernement, a expliqué Saklaoui. "Je bénéficie personnellement du soutien de ma mère, qui est une fan des courses, et d'amis hommes et femmes dans notre domaine et ailleurs. A cela viennent s'ajouter les encouragements d'instances sportives locales et [internationales]."
Cette association lancera une campagne visant à encourager les femmes motardes à bénéficier de ces services. Un site web a été créé pour promouvoir cette initiative et fournir des informations sur ce sport. Saklaoui explique qu'elle contactera des femmes férues de motocyclisme dans tout le Maghreb pour leur demander de monter des clubs locaux, d'échanger des expériences et d'organiser des courses.
"Attendons de voir si elles relèvent le défi", affirme Mounir ben Miled, un fan des courses de motos. "Ce sera vraiment intéressant de voir des courses mixtes. Et je suis certain que cela nous réservera quelques surprises. La femme tunisienne, pour autant que je le sache, est obstinée."


           

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