Val-d'Isère est prête in extremis pour accueillir ses Mondiaux de ski


Samedi 20 Décembre 2008 - 16:13
Le Monde/Pierre Jaxel-Truer


Jean-Luc Fabre est soulagé. Ce solide quinquagénaire, râblé et flegmatique, n'en menait pourtant pas large, il y a seulement une poignée de mois. La tête rentrée dans les épaules, il traversait une curieuse tempête, sans neige et sans vent, qui menaçait d'emporter sur son passage les championnats du monde de ski, prévus à Val d'Isère du 2 au 15 février 2009.


Val-d'Isère est prête in extremis pour accueillir ses Mondiaux de ski
Ancien sous-préfet de Maine-et-Loire, il venait d'être nommé, en septembre 2007, à la tête du comité d'organisation de cette compétition, à la suite d'une invraisemblable cascade de démissions. Car la très chic station savoyarde, choisie en 2004 pour accueillir le plus grand événement sportif hivernal organisé en France depuis les Jeux olympiques d'Albertville, en 1992, en avait usé plus d'un. "C'est le contexte avalin", expliquent pudiquement certains, qui renvoient aux particularismes de ce village de paysans et de bergers devenus nababs en moins d'un siècle grâce à l'or blanc. "Cela relève de la psychiatrie alpine", tranchent d'autres, plus directs, sous couvert d'anonymat.

Que s'était-il passé ? Des querelles d'intérêts, mêlant business, politique et vieilles rancoeurs familiales, ont paralysé les préparatifs. Cette affaire clochemerlesque a éclaté au grand jour le 30 juin 2007, lorsque Jean-Claude Killy, le triple champion olympique de Grenoble et le maître d'oeuvre des Jeux d'Albertville, alors à la tête du projet, a décidé de claquer la porte. Lui, l'enfant du pays, qui avait porté la candidature de sa station, n'en pouvait plus : "C'est impossible de les faire travailler ensemble", constatait-il.

A moins de deux ans de l'échéance, voilà qui faisait désordre. Du côté de la Fédération internationale de ski (FIS), la pilule est mal passée. Il se disait alors que l'organisation des Mondiaux pourrait être confiée à une autre station.

Aujourd'hui, tout cela paraît oublié. Jean-Luc Fabre peut recevoir ses invités dans le nouveau centre de presse, le bâtiment sur lequel s'étaient exacerbées les discordes, et qui faillit ne jamais sortir de terre à temps. Cinquante jours avant le début des épreuves, l'intérieur n'est pas encore aménagé, "mais ça ne posera pas de problèmes", assure-t-il.

OPÉRATION SÉDUCTION

Gianfranco Kasper, le président suisse de la FIS, abonde dans ce sens : "Je ne croyais pas que Val d'Isère pouvait se refaire de cette manière. Ils ont fait un travail extraordinaire. Je suis plus qu'optimiste." Pour Sophie Dion, la conseillère de l'Elysée pour les questions sportives, "Val d'Isère a su créer une union sacrée". Les querelles picrocholines, qui ont angoissé jusqu'à la présidence de la République, n'ont finalement pas viré à l'affaire d'Etat.

De vendredi 12 à dimanche 14 décembre, Val d'Isère a réussi son ultime examen de passage, à l'occasion du Critérium de la première neige. Trois épreuves masculines de la Coupe du monde étaient organisées sur la Face de Bellevarde, la piste qui servira aux hommes durant les Mondiaux : un super combiné, un slalom géant et un slalom.

La station savoyarde a pu se montrer sous son meilleur jour, avec ses paisibles et douillets chalets aux toits de lauze, recouverts par la neige fraîche. Même si, après deux journées ensoleillées, le slalom a dû être annulé dimanche pour cause de tempête. "C'est une bonne répétition, on n'aura probablement pas deux semaines de beau temps en février", sourit Jean-Luc Fabre. "On a un vrai hiver, comme il y a vingt ans !", se réjouit, matois, Gianfranco Kasper.

A cinquante jours des Mondiaux, l'opération séduction a d'autant mieux fonctionné que les Français se sont montrés à leur avantage sur les pentes avalines. Le meilleur tricolore, Jean-Baptiste Grange, a réussi à prendre la deuxième place du Super-combiné et l'étonnant Gauthier de Tessières a fini à la troisième place du slalom géant, la meilleure performance de sa carrière, à 27 ans. Pour transformer le fiasco annoncé en grand succès, finalement, il ne faudra peut-être pas grand-chose. "Beaucoup dépendra de la performance des Français, et, pour l'instant, c'est bien parti", constate Jean-Luc Fabre. Place au sport.


           

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