"Vendredi du départ" en Egypte, Moubarak dit craindre le chaos s'il part


Vendredi 4 Février 2011 - 11:08
AFP


Le Caire - Des milliers d'Egyptiens commençaient à se rassembler au Caire vendredi pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, qui refuse de démissionner et affirme craindre "le chaos" après des violences meurtrières entre opposants et partisans de son régime.


"Vendredi du départ" en Egypte, Moubarak dit craindre le chaos s'il part
Le mouvement de contestation lancé le 25 janvier a appelé à une mobilisation générale après la prière en début d'après-midi, pour ce qu'il a baptisé "le vendredi du départ", et espère réunir un million de personnes dans le pays, au 11ème jour d'une révolte populaire qui a fait au moins 300 morts et des milliers de blessés selon l'ONU.

Le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, a déclaré que le commandement de l'armée égyptienne lui avait "réaffirmé" qu'il n'ouvrirait pas le feu contre les manifestants.

Vendredi matin, des centaines de personnes affluaient vers le centre du Caire pour tenter de rejoindre les milliers de protestataires qui ayant passé la nuit place Tahrir, épicentre de la mobilisation dans la capitale.

Beaucoup faisaient la queue à un barrage militaire pour accéder à la place Tahrir, méticuleusement fouillés par les soldats.

D'après l'agence officielle Mena, le Premier ministre Ahmad Chafic, qui a présenté ses excuses pour les violences, a demandé au ministre de l'Intérieur de ne pas intervenir dans les manifestations pacifiques.

M. Moubarak a annoncé qu'il ne briguerait pas de sixième mandat à la prochaine élection présidentielle prévue en septembre, mais a refusé de s'effacer immédiatement.

Dans une interview non filmée à la chaîne de télévision américaine ABC, le chef de l'Etat a dit qu'il "en avait assez d'être président et qu'il aimerait abandonner le pouvoir maintenant, mais qu'il ne peut le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos", a rapporté la journaliste Christiane Amanpour.

Selon le New York Times, les Etats-Unis sont en train de discuter avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat de M. Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane.

"Si Moubarak remet tout dans les mains de Souleimane, alors j'arrêterai de manifester", a assuré vendredi matin Hathim, 29 ans, en faisant la queue pour rejoindre la place Tahrir.

Les Etats-Unis, sans aller jusqu'à l'ultimatum, insistent sur la nécessité pour le président Moubarak d'engager sans délai la transition du pouvoir, tout comme la majeure partie de la communauté internationale.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei a estimé que les révoltes en Tunisie et en Egypte constituaient un "signe du réveil islamique" dans le monde.

M. Souleimane a annoncé le lancement d'un dialogue avec les partis politiques et les "forces nationales", y compris avec des représentants des manifestants de la place Tahrir, et a même invité les Frères musulmans à y participer, mais l'opposition a aussitô t rejeté ces négociations, faisant du départ de M. Moubarak une condition préalable à toute discussion.

La confrérie islamiste des Frères musulmans, bête noire du pouvoir et force d'opposition la plus influente, a estimé que l'appel au dialogue n'aurait aucune influence "sur les rassemblements de masse prévus vendredi pour faire tomber le régime".

Jeudi soir, sept jeunes leaders du mouvement contestataire ont été arrêtés après une rencontre avec Mohamed ElBaradei, l'opposant le plus en vue.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des milliers de manifestants ont de nouveau bravé le couvre-feu nocturne place Tahrir, campant sous des tentes et se réchauffant autour de feux après une journée de heurts intermittents entre opposants et partisans de M. Moubarak.

Au moins huit personnes ont été tuées et plus de 800 blessées mercredi et jeudi matin dans les violences entre les deux camps, selon un bilan officiel. Mais le pouvoir a rejeté les accusations selon lesquelles il avait orchestré ces violences.

Jeudi, des centaines de partisans du régime armés de matraques, de couteaux et pour certains de pistolets, ont empêché pendant plusieurs heures l'entrée sur la place de renforts ou de ravitaillements aux opposants qui y sont retranchés.

L'armée, épine dorsale du régime, surveille mais n'intervient que rarement pour disperser les manifestants ou tenter de sauver des personnes agressées.

Des dizaines de journalistes étrangers ont été battus, interpellés ou intimidés ces deux derniers jours. Un étranger dont on ignore la nationalité a été battu à mort aux abords de la place, selon des témoins et les services de secours.


           

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