Le régime chinois entretient le mutisme sur la répression de ce mouvement et se refuse à donner un bilan officiel des incidents du 4 juin 1989.
Avec la mère d'un autre jeune homme tué place Tiananmen, Ding Zilin, Zhang a créé les Mères de Tiananmen, un groupe qui essaie de dresser une liste des victimes de la répression.
Si l'économie chinoise est désormais la troisième au monde, une réussite inimaginable dans les années 1980, les réformes politiques n'avancent pas aussi vite, d'autant que le Parti communiste prend garde de faire taire les contestations.
"La Chine est sur la voie de la démocratie et de l'Etat de droit, mais nous ne savons pas combien de temps cela prendra (...) Avant, je pensais être là pour voir ça mais aujourd'hui, je n'en suis plus si sûre", explique Zhang dans une interview à Reuters.
"Aujourd'hui l'économie est plus développée. Beaucoup de gens cherchent seulement le confort économique et ne se soucient pas de politique", dit-elle, confortablement installée dans son séjour où s'accumulent livres et instruments de musique.
SURVEILLANCE POLICIERE
Le fils de Zhang, Wang Nan, était un avenant jeune homme de 19 ans lorsqu'il a laissé un mot disant qu'il rejoignait ses amis sur la place Tiananmen, la nuit du 3 juin 1989.
Il s'est écoulé dix jours avant que son corps ne soit exhumé et restitué à ses parents. Il portait encore ses lunettes.
Après cet incident, Zhang a donc créé les Mères de Tiananmen pour essayer d'établir une liste des victimes et obtenir le retrait du qualificatif de "complot contre-révolutionnaire" attribué au mouvement étudiant.
Les Mères ont récemment confirmé un nom supplémentaire, ce qui porte à 195 le nombre de victimes figurant sur leur liste. Pour Zhang, elles n'ont identifié qu'un dixième des morts.
"Notre plus grand espoir est de pouvoir dire ouvertement que l'armée a fauté en ouvrant le feu sur le peuple. La société civile devrait être autorisée à participer à une enquête", dit-elle.
Les travaux des Mères de Tiananmen font l'objet d'une étroite surveillance policière et pâtissent de la méfiance des familles de victimes et de la destruction de quartiers historiques de Pékin qui complique les recherches.
A l'approche du vingtième anniversaire de la répression, le groupe a réclamé dans un communiqué une enquête, des poursuites contre les responsables et des compensations.
ACTIVISME RENAISSANT
Vingt ans après les événements de Tiananmen, les réformateurs tels que Zhang reconnaissent que les Chinois sont davantage intéressés par la progression de leur niveau de vie que par leur passé ou la lutte pour leurs droits.
Mais des événements récents - mort de milliers d'enfants dans des écoles détruites par le séisme de mai 2008 dans le Sichuan ou affaire du lait pour nourrissons frelaté - ont vu émerger une nouvelle génération de parents militants.
A l'instar des Mères de Tiananmen, ces parents sont surveillés de près par les autorités, ce qui témoigne de la nervosité du Parti communiste face à toute agitation susceptible d'éroder son pouvoir.
Les événements du 4 juin 1989 sont un sujet tabou pour Pékin, au point que l'antenne chinoise de CNN a été coupée dimanche lorsqu'ils ont été mentionnés.
A six mois de cet anniversaire, un mouvement d'intellectuels a diffusé la "Charte 08", un texte appelant à davantage de liberté d'expression et à l'organisation d'élections multi-partites. Mais ces revendications, semblables à celles exprimées place Tiananmen, demeurent rares.
Les Mémoires posthumes de Zhao Ziyang, secrétaire général du parti à l'époque qui fut évincé pour avoir contesté la répression, se sont arrachés lorsqu'ils ont été publiés à Hong Kong. Il y niait l'idée d'un "complot contre-révolutionnaire" des étudiants.
"L'histoire s'est arrêtée là. La réforme a cessé", observe Bao Tong, assistant de Zhao et plus haut responsable arrêté lors de la répression, toujours en résidence surveillée.
Quoi qu'il en soit, Zhang n'entend pas abandonner son combat avec les Mères de Tiananmen.
"Après vingt ans, mon opinion n'a pas changé. Les étudiants manifestaient contre la corruption. Vingt ans, nous voyons qu'ils avaient raison."
Version française Grégory Blachier
Avec la mère d'un autre jeune homme tué place Tiananmen, Ding Zilin, Zhang a créé les Mères de Tiananmen, un groupe qui essaie de dresser une liste des victimes de la répression.
Si l'économie chinoise est désormais la troisième au monde, une réussite inimaginable dans les années 1980, les réformes politiques n'avancent pas aussi vite, d'autant que le Parti communiste prend garde de faire taire les contestations.
"La Chine est sur la voie de la démocratie et de l'Etat de droit, mais nous ne savons pas combien de temps cela prendra (...) Avant, je pensais être là pour voir ça mais aujourd'hui, je n'en suis plus si sûre", explique Zhang dans une interview à Reuters.
"Aujourd'hui l'économie est plus développée. Beaucoup de gens cherchent seulement le confort économique et ne se soucient pas de politique", dit-elle, confortablement installée dans son séjour où s'accumulent livres et instruments de musique.
SURVEILLANCE POLICIERE
Le fils de Zhang, Wang Nan, était un avenant jeune homme de 19 ans lorsqu'il a laissé un mot disant qu'il rejoignait ses amis sur la place Tiananmen, la nuit du 3 juin 1989.
Il s'est écoulé dix jours avant que son corps ne soit exhumé et restitué à ses parents. Il portait encore ses lunettes.
Après cet incident, Zhang a donc créé les Mères de Tiananmen pour essayer d'établir une liste des victimes et obtenir le retrait du qualificatif de "complot contre-révolutionnaire" attribué au mouvement étudiant.
Les Mères ont récemment confirmé un nom supplémentaire, ce qui porte à 195 le nombre de victimes figurant sur leur liste. Pour Zhang, elles n'ont identifié qu'un dixième des morts.
"Notre plus grand espoir est de pouvoir dire ouvertement que l'armée a fauté en ouvrant le feu sur le peuple. La société civile devrait être autorisée à participer à une enquête", dit-elle.
Les travaux des Mères de Tiananmen font l'objet d'une étroite surveillance policière et pâtissent de la méfiance des familles de victimes et de la destruction de quartiers historiques de Pékin qui complique les recherches.
A l'approche du vingtième anniversaire de la répression, le groupe a réclamé dans un communiqué une enquête, des poursuites contre les responsables et des compensations.
ACTIVISME RENAISSANT
Vingt ans après les événements de Tiananmen, les réformateurs tels que Zhang reconnaissent que les Chinois sont davantage intéressés par la progression de leur niveau de vie que par leur passé ou la lutte pour leurs droits.
Mais des événements récents - mort de milliers d'enfants dans des écoles détruites par le séisme de mai 2008 dans le Sichuan ou affaire du lait pour nourrissons frelaté - ont vu émerger une nouvelle génération de parents militants.
A l'instar des Mères de Tiananmen, ces parents sont surveillés de près par les autorités, ce qui témoigne de la nervosité du Parti communiste face à toute agitation susceptible d'éroder son pouvoir.
Les événements du 4 juin 1989 sont un sujet tabou pour Pékin, au point que l'antenne chinoise de CNN a été coupée dimanche lorsqu'ils ont été mentionnés.
A six mois de cet anniversaire, un mouvement d'intellectuels a diffusé la "Charte 08", un texte appelant à davantage de liberté d'expression et à l'organisation d'élections multi-partites. Mais ces revendications, semblables à celles exprimées place Tiananmen, demeurent rares.
Les Mémoires posthumes de Zhao Ziyang, secrétaire général du parti à l'époque qui fut évincé pour avoir contesté la répression, se sont arrachés lorsqu'ils ont été publiés à Hong Kong. Il y niait l'idée d'un "complot contre-révolutionnaire" des étudiants.
"L'histoire s'est arrêtée là. La réforme a cessé", observe Bao Tong, assistant de Zhao et plus haut responsable arrêté lors de la répression, toujours en résidence surveillée.
Quoi qu'il en soit, Zhang n'entend pas abandonner son combat avec les Mères de Tiananmen.
"Après vingt ans, mon opinion n'a pas changé. Les étudiants manifestaient contre la corruption. Vingt ans, nous voyons qu'ils avaient raison."
Version française Grégory Blachier