Weyergans: fouler le tapis rouge de Cannes "en habit vert d'académicien"


Lundi 13 Juin 2011 - 12:48
AFP


Paris - Il y songeait depuis ses 14 ans: l'écrivain franco-belge François Weyergans sera reçu jeudi en grande pompe à l'Académie française et ce passionné de cinéma "rêve de monter un jour en habit vert d'académicien les marches du palais des festivals à Cannes".


François Weyergans
François Weyergans
"Etre académicien comme je l'entends, vous met au service de la littérature. Cela est un honneur et c'est à la fois émouvant et ludique", confie à l'AFP l'écrivain de 69 ans, enthousiaste à l'idée de siéger dans cette vénérable institution, chargée depuis le 17e siècle de veiller au respect de la langue française et de composer le dictionnaire.

"Mon rêve serait de monter un jour les marches du palais des festivals de Cannes en habit vert d'académicien", dit-il en souriant. "Cela lierait mes deux bicornes, d'écrivain et de cinéaste", plaisante ce romancier tendre et rare, auteur de douze romans en 40 ans, qui monte ses textes comme on monte un film.

"Cela rappellerait aussi que l'Académie française a eu des liens étroits avec Cannes. Plusieurs académiciens ont été présidents du jury ou jurés, comme Pagnol ou Cocteau", ajoute ce passionné du 7e art qui a suivi les cours de l'Institut des hautes études cinématographiques (Idhec, appelé aujourd'hui Fémis) dans les années 60 et réalisé des documentaires sur Maurice Béjart et Robert Bresson.

Dans son comité de l'épée, un comité de parrainage, figurent d'ailleurs plusieurs acteurs et cinéastes, dont l'Iranien Jafar Panahi, les Français Michel Piccoli et Isabelle Huppert et l'Autrichien Michael Haneke.

L'incontournable habit vert brodé lui a été offert par la styliste Agnès b., et s'inspire de gravures du 18e siècle.

Quant à l'épée, "c'est celle de Maurice Béjart, qui était membre de l'Académie des Beaux-Arts, et me l'a léguée. C'est un hommage à une amitié de plus de quarante ans", souligne-t-il.

L'épée comporte une compression de César avec des chaussons de danse et une médaille de Notre-Dame de la Garde, la basilique de Marseille. "J'y ai fait graver un alphabet par Arthus Bertrand, déjà créateur de

l'épée", précise l'auteur de "Trois jours chez ma mère", prix Goncourt 2005. "J'ai aussi fait graver sur la lame +Plus je pense, plus je pense+".

François Weyergans a peaufiné pendant deux mois son discours, éloge de son prédécesseur Maurice Rheims, dont le fauteuil 32 était vacant depuis sa mort en 2003, et d'Alain Robbe-Grillet, "lu ou relu leurs livres, le crayon à la main".

Le pape du Nouveau Roman aurait dû occuper ce fauteuil mais, élu en mars 2004, il mourra avant son intronisation, après avoir refusé de porter l'habit vert et de préparer un discours...

Blessée de voir l'éloge de son père repoussé depuis huit ans, Nathalie Rheims lui a consacré un livre satirique "Le fantô me du fauteuil 32" (éd. Léo Scheer). Dans le passé, ce siège avait déjà porté malheur à

d'autres, au point d'inspirer à Gaston Leroux un roman, "Le fauteuil hanté", publié voici cent ans...

Imperméable aux superstitions, le nouvel "immortel du 32" a passé jeudi son "grand oral" pendant lequel il a répété son discours de réception. François Weyergans ne voulait "pas un texte académique mais quelque chose de très écrit, aussi soigné qu'un chapitre de (ses) romans", dit-il. Le jour J, Erik Orsenna prononcera, lui, le discours de bienvenue, confie-t-il.

Selon la tradition, ses pairs lui "ont aussi dévoilé derrière un panneau de bois un tableau figurant Richelieu, créateur de l'Académie française, sur son lit de mort. On ne le montre que lorsque vous êtes admis", raconte l'écrivain.

"Tous les académiciens sont debout pour vous accueillir, poursuit-il. Ils ne le seront qu'une seule autre fois: lors de votre décès... Cela fait un peu froid dans le dos!"


           

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