Yasser Hareb : La culture peut panser les blessures politiques


Mercredi 10 Décembre 2008 - 19:22
EMarrakech


Loay Mudhoon - Bonn – Selon Yasser Hareb, vice-président de la Fondation Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, dont l’objectif est d’améliorer le savoir et les ressources humaines dans le monde arabe et d’en former les futurs gestionnaires, le rôle des échanges culturels est primordial pour une meilleure compréhension sur le plan international et pour l’institutionnalisation d’un dialogue culturel fructueux entre l’Occident et le monde arabe.


Yasser Hareb : La culture peut panser les blessures politiques
Yasser Hareb Le rédacteur en chef de Qantara.de, Loay Mudhoon, s’est entretenu avec Yasser Hareb à propos de l’importance de la culture dans le cadre des relations internationales.

Cette année, au Salon du Livre de Francfort, la Fondation Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum a annoncé qu’elle avait mandaté la traduction en allemand d’une cinquantaine d’ouvrages classiques de la littérature arabe. Quel est le but de la Fondation à travers ce projet ambitieux de traduction ?

Yasser Hareb : Cette nouvelle initiative fait partie de toute une série de projets de traductions que notre fondation gère et finance actuellement. Notre but est de familiariser l’Occident avec la culture et la pensée arabes.

Nous nous focalisons en particulier sur le monde germanophone parce que, jusqu’à présent, pratiquement aucun livre de langue arabe n’a été traduit en allemand. Nous aimerions montrer aux Allemands ainsi qu’aux autres Européens la richesse et la diversité de la culture arabe.

Quelle a été la réaction de vos partenaires allemands face à vos activités sur le plan des échanges culturels ?

Nous avons commencé à travailler en Allemagne, avec nos partenaires, au mois d’avril de l’année dernière et nous avons été très impressionnés par le professionnalisme dont font preuve nos confrères allemands en ce qui concerne les initiatives culturelles ; nous étions particulièrement impressionnés par leur gestion du domaine de la culture.

Le 13 mars 2008, notre fondation a signé un accord avec l’association culturelle germano-arabe West-östlicher Diwan (divan ou conseil occidental-oriental)- fondée et dirigée par le célèbre poète irakien Amal al-Jubouri.

Ensemble, avec l’association West-östlicher Diwan, nous aimerions contribuer à promouvoir la coopération entre l’Allemagne et le monde arabe pour le développement de la culture et du savoir.

Avez-vous pu présenter au public des résultats de cette coopération lors du Salon du Livre de Francfort ?

Cette année, le salon nous a donné la possibilité fantastique de présenter des traductions arabes d’ouvrages allemands – parues tout récemment. Nous avons aussi pu présenter les premiers fruits de notre collaboration avec l’association West-östlicher Diwan, comme par exemple, la traduction du roman de Martin Walser Ein Liebender Mann (Un homme aimant) ainsi que Alexandria Fata Morgana de Joachim Sartorius.

Est-ce que la culture peut corriger les erreurs de la politique ? Quelle importance accordez-vous à la culture ?

Je suis convaincu que les échanges culturels peuvent effacer un grand nombre de malentendus et même, à long terme, rectifier des erreurs politiques.

La culture est l’expression de ce que les gens ont réalisé au cours de leur vie, c’est l’esthétique de leur vie ; elle réunit les gens car elle met en lumière les points communs et aide à dissoudre les préjugés tenaces et à démasquer les images erronées. La culture peut panser les blessures politiques.

Pouvez-vous nous donner un exemple, surtout par rapport aux relations entre l’Europe et le monde arabe ?

Parce qu’ils peuvent franchir les barrières, les échanges culturels peuvent devenir le moteur d’une meilleure compréhension sur le plan international et de l’institutionnalisation d’un dialogue fructueux entre l’Occident et le monde arabe.

Par ailleurs, au sein de la Fondation Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, nous sommes convaincus que ces échanges fructueux peuvent aider à faire avancer le savoir et les ressources humaines dans le monde arabe.

A votre avis, à quoi peut aboutir un dialogue culturel fructueux ?

Pour moi, pour qu’un dialogue fructueux puisse avant tout exister, la chose la plus importante c’est de persuader les gens des choses qui les unissent - comme la nature humaine. Après tout, un dialogue réussi devrait mener à une plus grande compréhension de l’autre.

C’est ce à quoi la Fondation Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, va se consacrer dans une plus grande mesure à travers de nombreux programmes culturels.



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