Yulianna Avdeeva, graine de pianiste comme les aime La Roque d'Anthéron


Mercredi 17 Août 2011 - 13:00
AFP


La Roque d'Anthéron - La Russe Yulianna Avdeeva, qui a donné cet été un récital à La Roque d'Anthéron, auréolée de sa victoire au prestigieux concours Chopin, fait partie de ces jeunes pianistes virtuoses que le festival aime à faire découvrir.


Yulianna Avdeeva
Yulianna Avdeeva
"Le piano est fabuleux, le public très chaleureux, j'aimerais bien revenir l'an prochain!", lance, dans un entretien à l'AFP, la jeune femme brune de 26 ans qui faisait la semaine dernière ses premiers pas sur la scène du festival international de piano, nichée à l'ombre des majestueux platanes du parc du château de Florans.

Le directeur artistique René Martin ne la connaissait pas avant le XVIe concours international Frédéric Chopin de Varsovie qu'elle a remporté en octobre, "une des trois plus importantes compétitions dans le monde", relève-t-il.

"C'est vraiment quelqu'un qui a un tempérament, une pensée musicale très personnelle. L'interprétation qu'elle donne d'une oeuvre ne ressemble à aucune autre. C'est là qu'on voit la graine des très grands artistes: sans trahir la partition, ils donnent une vision d'eux-mêmes", commente M. Martin.

Une performance "techniquement bluffante, mais encore trop scolaire", nuance Luc Hernandez, rédacteur en chef d'Exit, mensuel culturel de la région lyonnaise.

Née le 3 juillet 1985 à Moscou, Yulianna Avdeeva a su très tôt qu'elle ferait du piano sa vie.

A l'âge de cinq ans, ses parents, "grands mélomanes", remarquant son talent, l'inscrivent à l'école Gnessin pour jeunes musiciens surdoués. "J'ai eu une chance extraordinaire, celle d'avoir pour professeur Elena Ivanova, qui m'a guidée jusqu'à l'âge de 18 ans... Elle a su éveiller en moi un sentiment spécial pour la musique".

Un an plus tard, la musicienne en herbe donne son premier concert. "J'étais tellement fascinée par le lien qui se créait avec les spectateurs. Puis vers 11 ans, j'ai compris qu'il n'y aurait pas d'autre voie possible. J'aime être sur scène, délivrer un message", décrit-elle.

Diplômée en 2008 de l'école Gnessin de Moscou et de l'université des arts de Zurich, l'artiste, qui vit aujourd'hui à Munich, se rend régulièrement à la prestigieuse académie du lac de Côme pour prendre conseil auprès de grands noms du piano. "C'est important, dit-elle, d'avoir une oreille extérieure qui apporte une nouvelle motivation".

Pianiste éclectique - elle se dit "trop curieuse pour se concentrer sur un seul compositeur" -, elle s'adonne, tout en sobriété, à un large répertoire allant de Bach à Beethoven, Liszt ou Chopin, du baroque au contemporain.

Dans un tout autre style, le festival a donné l'occasion cette année de découvrir le Bulgare Evgeni Bozhanov, 27 ans, beaucoup plus dans l'épanchement que la Moscovite, ou encore les Français Bertrand Chamayou, 31 ans, et Jean-Frédéric Neuburger, 24 ans. Jan Lisiecki, prodige canadien de 16 ans, a également marqué les esprits.

Aux côtés de ces jeunes talents prometteurs, étaient conviées des valeurs sûres, comme la Chinoise Yuja Wang au tempérament de feu, une habituée des lieux qui s'est déjà fait un nom à seulement 24 ans, le célèbre pianiste Nicholas Angelich qui a livré une superbe intégrale des Années de pèlerinage de Liszt ou le légendaire Aldo Ciccolini, tout pimpant du haut de ses 86 ans.

Temps fort de l'édition 2011, qui s'achèvera dimanche après un mois de concerts qui auront attiré 85.000 spectateurs, l'exceptionnelle prestation du Cubain Jorge Luis Prats, 55 ans, récemment révélé au public européen après avoir été longtemps retenu sur l'île où il dirigeait l'Orchestre national.


           

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