A Jérusalem, les fidèles musulmans refusent les détecteurs de métaux israéliens

AFP

Les fidèles musulmans ont refusé lundi, à l'appel des autorités religieuses palestiniennes, de se rendre sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem pour protester contre l'installation imposée par Israël de détecteurs de métaux aux entrées de ce lieu saint.

Israël a décidé d'installer les détecteurs après une attaque à l'arme à feu vendredi dans la vieille ville de Jérusalem au cours de laquelle deux policiers israéliens ont été tués par trois Arabes israéliens, abattus ensuite par les forces de sécurité. La police a affirmé que les assaillants étaient venus de l'esplanade.

L'esplanade, troisième lieu saint de l'islam qui abrite la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, était pratiquement vide lundi. Seuls quelques touristes et visiteurs juifs s'y sont rendus, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Comme dimanche, des centaines de musulmans ont prié à l'extérieur de deux des entrées du site pour protester contre l'installation des détecteurs de métaux.

"Pour toi mosquée Al-Aqsa, nous sacrifions notre âme et notre sang", ont scandé les fidèles en signe de protestation à la fin de la prière.

La police leur a ensuite demandé d'évacuer les lieux.

Après l'attaque anti-israélienne, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait pris la décision exceptionnelle d'interdire vendredi et samedi l'accès à l'esplanade.

Il a décidé de la rouvrir dimanche après avoir ordonné d'y renforcer les mesures de sécurité en installant caméras et détecteurs de métaux, sans consulter le Waqf, l'organisme palestinien chargé des biens musulmans.

- 'Solidarité' -

L'esplanade est également révérée par les juifs comme le Mont du Temple. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 et dont l'unique vestige, le mur des Lamentations, est situé en contrebas.

Au total, cinq portes équipées de détecteurs et menant au lieu saint ont été rouvertes. "Nous travaillons pour installer des détecteurs aux abords des portes restantes, comme l'ont décidé les responsables politiques au plus haut niveau", a indiqué la police israélienne.

Les responsables du Waqf ont persisté dans leur refus d'entrer sur l'esplanade en passant par ces détecteurs.

"Nous n'accepterons pas qu'Israël crée un précédent", a dit Nasser Najib, l'un des gardiens employé par le Waqf depuis 31 ans.

A l'une des portes ouvertes, seul un homme poussant le fauteuil roulant de sa mère passe par le détecteur pour entrer sur l’esplanade.

"Nous ne briserons pas la solidarité du peuple" palestinien, a ajouté Jamal Abdallah, un Palestinien installé en Arizona aux Etats-Unis qui a finalement renoncé à son projet d'aller prier sur l'esplanade.

Dimanche soir, des affrontements se sont produits entre policiers et palestiniens qui s'étaient rassemblés à l'extérieur d'une des portes du site. Selon le Croissant Rouge palestinien, 17 personnes ont été blessées.

L'attentat à l'arme à feu de vendredi était l'un des plus graves incidents des dernières années à Jérusalem.

- Tensions dans le nord d'Israël -

La tension provoquée par cette attaque s'est également fait sentir en Israël. Deux mosquées ont été la cible d'attaques lundi dans la localité de Mughar dans le nord d'Israël, où la police a indiqué avoir déployé des renforts.

L'un des deux policiers israéliens tués vendredi à Jérusalem vivait à Mughar, ont indiqué les médias. Il était de confession druze.

Depuis l'attentat de Jérusalem, les tensions sont fortes entre druzes et musulmans qui cohabitent à Mughar et la police s'inquiète d'une possible escalade.

Les deux mosquées ont été attaquées avant l'aube sans faire ni victime ni dégât: l'une a été la cible d'une grenade assourdissante et la seconde de tirs, a indiqué une porte-parole de la police.

La minorité druze, branche hétérodoxe de l'islam, est l'une des rares communautés arabes israéliennes à être obligée de servir dans l'armée israélienne et la police.


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