A Montpellier, les statues des "grands hommes" érigées par Frêche font débat

AFP

Montpellier - Cinq statues de "grands hommes du XXe siècle", dont une de Lénine, commandées par le président de l'agglomération de Montpellier Georges Frêche (DVG), ont été installées mercredi, dans un quartier de la ville, provoquant quelques grincements de dents.

Georges Frêche et François Cacheux
Georges Frêche et François Cacheux
Dans le nouveau quartier d'Odysseum, à l'est de la ville, Georges Frêche, également président de la région Languedoc-Roussillon, est venu assister à la pose sur leur stèle de ces impressionnantes figures de bronze d'une tonne et de 3,3 mètres de haut.

Arrivées mardi en fin d'après-midi, les statues ont été débâchées par les ouvriers à partir de 08H00 en vue de leur installation. Elles seront ensuite recouvertes jusqu'à leur inauguration officielle le 17 septembre.

Symboliquement, celle de Lénine a été dévoilée en la présence de M. Frêche, sous le regard curieux de passants et touristes, visiblement plus amusés qu'émus par cette initiative.

Sur une place entourée de colonnes, qui sera baptisée "place du XXe siècle", les statues de Charles de Gaulle, Roosevelt, Churchill, Lénine et Jaurès ont été agencées en un demi-arc de cercle.

Ravi du battage médiatique, Georges Frêche s'est réjoui d'une "polémique extraordinaire" qui "fera connaître la place dans toute la France".

"Erasme pensait que la politique était morale et Machiavel pensait autrement. C'est Machiavel qui avait raison. La politique n'est pas morale, la politique est politique", a-t-il dit, réagissant à ceux qui condamnent ses choix.

Selon lui, Lénine "a changé la face du monde au XXe siècle. Sans la Révolution d'octobre, il n'y aurait pas eu la décolonisation de l'Inde, de la Chine, du Moyen-Orient, du Maghreb, de l'Afrique noire".

"Ce n'est pas le nombre de morts, c'est le nombre de déclics créés dans l'Histoire qui compte, voilà pourquoi j'ai choisi Lénine", a encore affirmé l'orateur qui aime ponctuer ces discours de digressions historiques.

L'idée de ce projet est née lors d'un voyage de M. Frêche à Seattle (nord-ouest des Etats-Unis) début 2008, au cours duquel il a découvert une statue du père de la révolution bolchévique, conçue par l'artiste Emil Venkov.

Dix autres statues ont été commandées, dont cinq - celles de Mao, Mandela, Nasser, Gandhi et Golda Meir - devraient être livrées par le sculpteur François Cacheux, 87 ans, "fin 2011-début 2012", en attendant les statues de Léopold Sédar Senghor, probablement Pancho Villa, Deng Xiaoping, Lula et peut-être Staline.

"Je suis anti-stalinien, mais il se peut qu'un jour je le mette en tant que vainqueur de Stalingrad (...) J'ai toujours un peu d'avance sur l'Histoire", a commenté l'ancien maire de Montpellier, taxant d'"imbéciles" ses détracteurs.

En première ligne, les Verts ont menacé de déboulonner les statues. Georges Frêche "se sert de son pouvoir personnel pour imposer ses visions de l'Histoire", a jugé Emmanuel Reynaud, secrétaire régional des Verts, qui a créé un groupe sur le réseau social Facebook.

Si à droite, le député villepiniste Jean-Pierre Grand s'est dit "très content" de la présence d'une statue du général de Gaulle", estimant que Mao et lui "vont bien ensemble", l'opposition municipale a critiqué le coût de l'opération: 1,81 million d'euros pour les dix premières statues.

"La période ne s'y prête pas", s'insurge Jacques Domergue, député UMP et conseiller municipal de Montpellier.

"On aurait pu utiliser le vote des Montpelliérains pour désigner qui sont ces grands hommes. Or là c'est un diktat de plus de Frêche, c'est un signe ultime de mégalomanie d'un homme qui veut peut-être un jour avoir sa propre statue", a-t-il déclaré à l'AFP.


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